Handicap. La gendarmerie du bout des doigts
Les gendarmes ont permis aux jeunes déficients visuels de mieux appréhender leurs missions.
Tout sourire, trois enfants de l’école Yves-Le Manchec ont découvert la compagnie de gendarmerie, hier matin. Après les pompiers, les Qub ou la justice, ces jeunes déficients visuels appréhendent la ville grâce à l’aide de ses principaux acteurs. Enfiler un gilet pare-balles ou un casque, enfourcher une moto bleue et faire retentir la sirène. La plupart des enfants en rêvent. Les élèves de la section d’éducation et d’enseignement spécialisés sont entrés dans la peau des gendarmes, hier. Une matinée exceptionnelle pour ces trois enfants âgés de 7 à 10 ans, originaires de toute la Cornouaille ; de Pont-l’Abbé à Quimperlé, en passant par Quimper. « L’objectif est qu’ils acquièrent une représentation mentale de leur environnement et qu’ils deviennent des citoyens avertis », explique Fabienne Scaerou, chef de service de l’association Initiatives pour l’inclusion des déficients visuels. En dépit de l’aisance avec laquelle ils ont abordé les ateliers concoctés par les gendarmes, les trois enfants accueillis hier par les militaires doivent faire face à de lourdes déficiences visuelles. Une situation qui leur permet de bénéficier d’un accompagnement de l’IPIDV depuis le début de leur scolarité. « Pour eux, l’objectif c’est l’autonomie », poursuit Fabienne Scaerou dont l’association accompagne, à l’échelle du département, 91 enfants dans le cadre de ses différentes missions médico-sociales. Pompiers, justice, bus… L’initiative portée, il y a une trentaine d’années, par des parents « ne voulant plus expédier leurs enfants à Nantes ou Paris », se poursuit. Hier, trois des quatre enfants accueillis chaque matin à l’école Yves-Le Manchec, étaient accompagnés de deux éducatrices spécialisées, instructrices en locomotion, et de leur enseignante. Depuis quelques semaines, ils bénéficient d’activités adaptées mises en place dans le cadre de la réforme des temps scolaires. Des « mercredis sans cartable » baptisés « découverte du milieu urbain et citoyenneté », organisés pour leur permettre de mieux appréhender leur environnement. Équipés pour certains de leur canne blanche, les enfants ont ainsi été accueillis à la médiathèque, à la piscine ou à la gare SNCF. Chez les pompiers également, au palais de justice ou encore dans les locaux des Qub, avant de découvrir l’univers de la gendarmerie, hier matin. « Tous ont joué le jeu en mettant en place des ateliers tactiles ou olfactifs », se félicite la chef de service de l’association. Un diplôme en braille Une mobilisation à laquelle les gendarmes se sont largement associés. Sous la conduite du capitaine Bruno Le Pape, les enfants ont pu découvrir, tour à tour, les spécialités de la gendarmerie : peloton de surveillance et d’intervention, brigade motorisée et brigade de recherches. Au-delà des ateliers ludiques de prise d’empreintes ou de découverte du matériel, le rendez-vous était aussi, pour l’officier, l’occasion de sensibiliser les enfants aux missions de la gendarmerie. Aux dangers auxquels ils sont doublement exposés également, du fait de leur handicap. Les enfants ont ainsi pu apprivoiser le « klaxon piéton » de la voiture électrique des gendarmes, un grillon. Une matinée conclue par une remise de diplômes, traduits en braille pour l’occasion. Louis, Marie et Warren ne sont pas près de l’oublier. Cet après-midi, il est fort à parier qu’ils en parleront à leurs copains d’école. Tout au long de l’année, ils bénéficient d’un dispositif de scolarité partagée entre la section d’éducation et d’enseignement spécialisés, le matin, et leur école de quartier, l’après-midi. La mesure vise à favoriser l’apprentissage en braille et une meilleure intégration en attendant la poursuite de la scolarité dans un collège totalement « classique ». Une priorité pour l’IPIDV. L’accompagnement semble porter ses fruits.
Source : Le Télégramme
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