Guerre en Ukraine. Assassinat de Daria Douguina : l’Ukraine pointée du doigt par les États-Unis
Les hypothèses les plus variées circulaient depuis l’assassinat, en août dernier, de la fille d’un idéologue pro-Kremlin dans les environs de Moscou. Mercredi 5 octobre, des sources au sein du renseignement américain ont attribué l’attentat aux autorités ukrainiennes.
C’est le New York Times qui a eu la primeur des indiscrétions du renseignement américain. Selon des sources officielles, s’exprimant sous couvert d’anonymat, l’assassinat à la voiture piégée qui a coûté la vie à la journaliste et politologue Daria Douguina le 20 août dernier aurait été commandité par “une partie du gouvernement ukrainien”.
“Les États-Unis n’ont pas participé à l’attentat, que ce soit par la fourniture de renseignements ou à travers toute autre forme d’assistance”, ont insisté les sources auprès du quotidien new-yorkais, ajoutant qu’elles “n’avaient pas été informées de l’opération en amont, et que si elles avaient été consultées, elles s’y seraient opposées”.
Les autorités américaines auraient même “réprimandé” les responsables ukrainiens après l’opération, considérant qu’un tel attentat, “purement symbolique”, n’avait que “peu d’impact sur le champ de bataille et pourrait pousser Moscou à mener ses propres opérations contre de hauts responsables ukrainiens”, écrit le New York Times.
Le magazine Forbes souligne que l’on “ignore quels membres du gouvernement ukrainien seraient impliqués, et si le président Volodymyr Zelensky était au courant de l’opération”.
Accusations russes
Pour de nombreux observateurs, la cible de l’attentat était en réalité le père de la victime, Alexandre Douguine, qui aurait dû se trouver dans la voiture avec sa fille. L’idéologue et philosophe, ardent défenseur de l’annexion de l’Ukraine, est connu pour ses positions ultranationalistes – des positions que partageait sa fille.
Fin août, le renseignement russe “avait accusé les services secrets ukrainiens” d’avoir commandité l’opération, confiée selon lui à deux ressortissants ukrainiens, Natalia Vovk et Bogdan Petrovich Tsyganenko, rappelle The Hill. Les autorités ukrainiennes avaient alors nié, une nouvelle fois, leur implication dans l’assassinat.
Ces dernières campaient mercredi sur la même position, malgré les accusations américaines. “Une fois encore, je tiens à souligner que tout meurtre en temps de guerre, dans un pays ou un autre, doit avoir une forme de justification”, a déclaré au New York Times Mykhailo Podolyak, conseiller du président Zelensky. “Il doit remplir un but spécifique, qu’il soit tactique ou stratégique. Or quelqu’un comme Douguina n’est pas une cible tactique ni stratégique pour l’Ukraine.”
Frustration de Washington
Pour CNN, si les informations sur “l’implication de l’Ukraine sont exactes, ce serait le signe d’une montée en puissance significative des opérations secrètes ukrainiennes”.
“Jusqu’alors, les frappes ukrainiennes sur le sol russe étaient limitées à des attaques contre des dépôts de carburant et des bases militaires, dans des villes situées à la frontière entre la Russie et l’Ukraine, comme Belgorod. Mais les États-Unis n’ont pas de réelle visibilité sur les attaques planifiées par l’Ukraine”, précise la chaîne américaine.
C’est d’ailleurs une source de frustration pour Washington, qui déplore “le manque de transparence de l’Ukraine sur ses opérations militaires et secrètes, particulièrement sur le territoire russe”, en dépit de l’aide militaire substantielle fournie par les États-Unis, note le New York Times.
Insider s’interroge pour sa part sur les motivations du renseignement américain. “Pour les États-Unis, le besoin de se distancier d’une telle attaque sur le sol russe – ou de décourager de futurs assassinats – pourrait expliquer le timing de ces fuites, qui surviennent au moment d’une contre-offensive victorieuse” des forces ukrainiennes “rendue possible en grande partie par l’armement américain et le partage de renseignements”, écrit le site.
Source : Courrier international
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