Guerre économique contre la Russie : première guerre mondiale menée au nom de la culture de l’annulation (« Cancel culture »)
Bonjour à tous,
Les bonnes explications des événements que nous connaissons, par leurs composantes géopolitiques et en prenant de la hauteur, se font rares dans le concert hystérique de la propagande de guerre occidentale qui joue délibérément sur l’émotion et la peur de l’opinion publique, sans jamais faire appel à la raison.
Pierre-Emmanuel Thomann, docteur en géopolitique, enseignant et expert sur les questions européennes et globales, s’efforce avec pédagogie, de nous faire comprendre, dans une série de 4 articles courts, agrémentés de cartes, riches en information, les véritables enjeux de la crise ukrainienne et les nouveaux équilibres géopolitiques mondiaux qui pourraient en découler.
Ces textes « raisonnables » qui m’ont été communiqués par leur auteur devraient être connus, non seulement de tous ceux qui s’intéressent à la géopolitiquemais aussi de tous ceux qui aimeraient comprendre les événements et ce qui pourrait advenir après. Ils peuvent évidemment être rediffusés.
Bonnes lectures
Texte 1
17 mars 2022 0 Par Pierre-Emmanuel Thomann
La guerre économique contre la Russie est la première guerre mondiale menée au nom de la culture de l’annulation (« Cancel culture »). C’est aussi une guerre de civilisation.
En effet, dans le contexte géopolitique global, une autre dimension émerge du brouillard de la guerre en Ukraine, c’est la guerre de l’Amérique mondialiste contre la Russie. Le but de guerre de cette Amérique de la « cancel culture » et du « woke » est tout simplement l’effacement ou l’annulation de la Russie, c’est à dire anéantir par des sanctions qui équivalent à une arme nucléaire économique, l’économie, l’industrie, la culture russe, son existence même dans la mondialisation libérale de conception américaine. Les règles de la communauté chez Facebook et Instagram ont même autorisé les appels à la violence contre les Russes.
L’éditorialiste américain Thomas Friedman du New York Times l’a exprimé explicitement dans son article du 6 mars. intitulé « The Cancellation of Mother Russia Is Underway » (La suppression de la Russie est en cours), https://www.nytimes.com/2022/03/06/opinion/putin-ukraine-china.html
La question de savoir qui va gagner ou perdre ce nouveau type de guerre, dépendra grandement de la Chine. En effet, les Etats-Unis demandent à la Chine de faire pression sur la Russie afin qu’elle échoue à imposer une négociation sur le statut de l’Ukraine qui soit défavorable à la vision atlantiste et mondialiste expansionniste.
Pour cette Amérique de la « cancel culture », le rêve est de former un condominium américano-chinois sur le monde pour préserver sa suprématie géopolitique tout en diminuant le poids de la Russie. En favorisant d’abord l’émergence d’une nouvelle configuration bipolaire, divisant le monde en deux zones d’influences, elle pourra ensuite un jour supprimer (« cancel ») aussi la Chine selon la même principe qui est appliqué à la Russie au moyen du concept de Nouvelle Guerre froide.
L’Union européenne vassalisée aux Etats-Unis et à l’OTAN s’associe aujourd’hui aux sanctions massives, car l’Union européenne actuelle n’est plus aujourd’hui l’émanation de l’Europe civilisationnelle, mais l’ultime stade de l’Europe américanisée.
Il est fort probable que cette Amérique de la « cancel culture » ne parviendra pas à son objectif car la Chine ne semble pas vouloir de laisser piéger par l’Amérique. En effet, la Chine serait la prochaine victime sur la liste des Etats à supprimer. Certains Etats membre de l’Union européenne résistent aussi déjà à ce processus de rupture totale avec la Russie qui ne pourra qu’aggraver la crise, notamment sur les questions énergétiques
Pour que l’Europe garde l’espoir de survivre en tant que civilisation, cette Union européenne en voie d’être engloutie par le nouveau totalitarisme de la « cancel culture » et culture « woke » devra être réformée dans ses fondements, voire marginalisée par des nouvelles alliances entre Etats-nations souverains.
Dans l’immédiat, une neutralisation de Ukraine (ni OTAN, ni UE), seule solution pour une sortie de crise, devrait être accepté le plus vite possible par le régime jusqu’au-boutiste de Kiev poussé en avant par les faucons atlantistes, non seulement pour réduire le nombre de victimes, mais aussi pour ne pas atteindre un point de non retour qui hypothèquerait gravement l’avenir de l’Europe. En effet, pour réussir une sortie de crise durable, il sera nécessaire de négocier une nouvelle architecture géopolitique européenne incluant la Russie et l’Ukraine, pour stopper toute évolution vers un condominium américano chinois, et de ne pas pousser la Russie trop loin vers la Chine.
Contrairement à l’escalade actuelle mortifère poursuivie par l’Union européenne inféodée aux intérêts de l’OTAN et des Etats-Unis, il serait préférable que cette guerre mondiale menée au nom de la culture de l’annulation ( « Cancel culture ») contre la Russie mais aussi l’Europe dans sa totalité échoue.
L’Europe européenne de l’Atlantique à l’Oural anticipée par le Général de Gaulle ne pourra voir le jour que dans un monde multipolaire basé sur l’équilibre des puissances. C’est uniquement dans ce cadre que les nations enracinées pourront s’épanouir sur un territoire délimité en fonction de leur héritage historique et culturel, et non plus ouvertes à tous les vents de la globalisation sous le signe de la « cancel culture » américaine et ses avatars, l’unipolarité, l’euro-atlantisme exclusif, l’ultra-libéralisme.
Source : Eurocontinent
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