Guénange : la gendarmerie mobile déployée face aux dealers

Ces trois derniers mois, 8 kg de drogue ont été saisis à Guénange. Photo Philippe NEU

Ces trois derniers mois, 8 kg de drogue ont été saisis à Guénange. Photo Philippe NEU

Les trafiquants ont des armes automatiques à Guénange. En réponse, la gendarmerie a déployé l’escadron mobile de Thionville. C’est une première. La lutte contre les trafics s’intensifie à 5 km de Fameck-Uckange.

Six cents grammes d’herbe de cannabis conditionnés en cornets… et des armes de poing. Un pistolet automatique et un revolver, plus des munitions. La découverte faite par les gendarmes lors d’une perquisition effectuée dans un appartement de Guénange ne surprend pas outre mesure. Personne n’ignore que les trafiquants de drogue sont particulièrement actifs dans la commune depuis quelques années, ravitaillés depuis les Pays-Bas ou le Maghreb via l’Espagne. Le fait qu’ils sont armés n’est pas non plus une franche découverte, la Belgique proche est une plaque tournante du marché clandestin d’armes de tous calibres. Mais la multiplication des procédures démontre une fois de plus que les forces de l’ordre sont confrontées à des réseaux très structurés dotés de moyens significatifs, tant au niveau du matériel utilisé pour leur commerce de produits stupéfiants que pour assurer leur sécurité et défendre leurs intérêts.

Le climat de crainte repose sur une réalité souterraine

« Ce genre de saisie montre que l’on atteint une certaine hiérarchie dans les réseaux et qu’ils sont bien structurés », confie un officier de gendarmerie. C’est à la fois rassurant et inquiétant. Rassurant, car le travail de sape des gendarmes et la surveillance continue de certaines zones urbaines permet d’intervenir au cœur des trafics et d’interpeller des individus qui jouent un rôle important au niveau local. Inquiétant, car c’est la démonstration que le climat de crainte qui s’est installé dans la partie basse de Guénange repose sur une réalité forte de deal et d’économie souterraine. En surface, pourtant, les autorités constatent finalement très peu de délinquance de voie publique. Peu de violences, de vols, de dégradations. Pas de feux de poubelle. Hormis des attroupements près des commerces, autour de la place de la République, les faits restent tenus et le nombre de dépôts de plainte ne tranche pas avec n’importe quel autre quartier résidentiel du Nord mosellan. C’est pourtant un signe également que des réseaux structurés sont bien installés et imposent une certaine discipline, tout comme le directeur d’un supermarché attend de ses employés qu’ils fassent régner l’ordre à l’intérieur du magasin… Les troubles, ce n’est pas bon pour le « business » et ça ramène trop souvent les forces de l’ordre.

Un détachement de l’escadron engagé tous les jours

Les gendarmes sont pourtant dans la place, et plus que jamais. Depuis deux semaines, en effet, le détachement à résidence de l’escadron de gendarmerie mobile de Thionville est déployé quotidiennement dans Guénange. Ce renfort ressemble à ce qu’il se passe à 5 km de là, puisque la zone de sécurité prioritaire (ZSP) de Fameck-Uckange bénéficie d’un détachement de sécurité et d’intervention (DSI) de gendarmerie mobile depuis déjà trois ans. Concrètement, cela permet d’avoir sur le terrain une à deux patrouilles qui s’ajoutent aux effectifs de gendarmerie départementale de la compagnie de Thionville. C’est une première. Jusqu’à présent, l’escadron mobile logé à Thionville, au quartier Chevert, restait très peu concerné par l’activité locale. Tout a changé, à la demande conjointe des deux commandants d’unités, le capitaine Dutais (mobile) et le commandant Bardy (compagnie de Thionville).

La lutte s’intensifie clairement. « Ces trois derniers mois, nous avons saisi 8 kg de drogue uniquement à Guénange », calcule d’ailleurs le commandant Bardy. Plusieurs centaines de grammes d’herbe de cannabis ont encore été trouvées en début de semaine dans une voiture en stationnement à Volstroff. Les investigations sont en cours mais il s’agissait vraisemblablement de marchandise en transit, déposée aux alentours de Guénange pour plus de discrétion. D’où, aussi, la nécessité que la population se sente concernée, dans n’importe quelle commune. « Nous avons besoin que les gens fassent preuve de citoyenneté et nous communiquent tout fait, tout individu ou tout véhicule suspect », insiste le commandant Bardy. À Volstroff, les habitants ont réagi parce que la voiture était mal garée. Il y avait de la drogue dans le coffre.

La mobilisation des forces de l’ordre en images, c’est ici

Source : Le Républicain Lorrain

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *