Gonnehem : ce que l’on sait sur la mort d’Antoine, 15 ans, et les aveux de son beau-père
Le beau-père d’Antoine Dupont, un adolescent de 15 ans dont le corps a été retrouvé mercredi, soit un an après sa disparition, dans le canal de Beuvry
a été mis en examen pour « assassinat » et écroué. 5 questions pour faire le point sur cette affaire.
© Emmanuel Quinart/ MAXPPP/ F3 Les enquêteurs au travail près du canal d’Aire, ce jeudi 3 mars 2016. En médaillon, Antoine, 15 ans et son beau-père.
Que sait-on sur la disparition d’Antoine, 15 ans, en janvier 2015 ?
Le 28 janvier 2015, Antoine, 15 ans, disparaît de son domicile de Gonnehem près de Béthune. L’adolescent a quitté le domicile familial vers 13 h, et n’a pas donné de nouvelles depuis. C’est sa mère qui donne l’alerte vers 19h. Rapidement, la gendarmerie de Béthune lance un avis de recherche et déploie d’importants moyens pour le retrouver. Fugue, suicide ou crime ? Toutes les hypothèses sont alors évoquées. « L’environnement familial est sain, disait tout de même en janvier 2016 dans La Voix du Nord le chef d’escadron Pascal Cressin, chargé de l’enquête. Ses copains aussi. On ne comprendrait pas. »
Marc Demeulemeester, le beau-père d’Antoine est le dernier à avoir vu Antoine. « Je l’ai vu dans la cuisine se faire chauffer des fricadelles qu’il a mangées dans le bureau devant son ordinateur. Il était 12 h, 12 h 15 », avait-il déclaré. Le signal du portable de l’adolescent s’arrête ce même jour près de la maison.
Les nombreux cours d’eau, étangs, bassins du secteur ont été sondés par des plongeurs équipés d’un sonar durant quatre jours. Des battues sont organisées et un hélicoptère survole plusieurs fois le secteur.
Malgré la désignation de six enquêteurs à temps plein (une centaine d’auditions environ), les gendarmes reconnaissent qu’ils ont peu d’indices. En avril 2015, une battue est organisée par la famille, soutenue par la famille. En vain.
Sarah, la soeur du garçon, lance un vibrant appel : « Antoine, si tu nous vois, ce qu’on veut c’est que tu rentres nous voir, qu’on puisse avoir de tes nouvelles et ça le plus vite possible, parce qu’on est très très inquiets et on pense tout le temps à toi« .
Comment l’enquête a-t-elle abouti ?
L’enquête sur la disparition d’Antoine, était au point mort jusqu’à ce que le parquet élargisse à « assassinat » les termes de l’enquête, permettant de la reprendre à zéro et d’effectuer des garde à vue de longue durée.
« Nous avons alors commencé avec la personne qui l’avait vu pour la dernière fois en vie, son beau-père. Tard dans la soirée de mardi, il a effectué des aveux complets, en présence de son avocat, avec des détails très précis sur la façon dont il avait tué le jeune« , a expliqué à l’AFP le procureur de Béthune, Philippe Peyroux. Des longues heures d’audition avant des aveux circonstanciés et précis. « Sur les indications » du meurtrier présumé, la bâche avec laquelle le corps a été transporté jusqu’au fleuve a été retrouvée, de même que « du fil de fer servant à attacher les parpaings« .
Les enquêteurs avaient-ils eu des soupçons avant ? « On avait quelques soupçons mais on n’arrivait pas à les concrétiser« , a précisé le procureur. Le père d’Antoine, joint au téléphone ce jeudi matin, est formel : il a indiqué rapidement aux gendarmes qu’il avait des soupçons sur Marc Demeulemeester. « Quelques jours après la disparition d’Antoine, Marc m’a dit : « Antoine a dû être assommé, mis dans une voiture, jeté quelque part. » Ça m’a semblé bizarre qu’il évoque ce scénario. Je l’ai dit aux gendarmes mais j’ai l’impresssion qu’ils ne m’ont pas cru. »
Comment Antoine est-il mort ?
Lors de sa garde à vue, le beau-père a expliqué aux gendarmes qu’il avait attendu que sa compagne parte au travail pour étrangler l’enfant dans son sommeil avec du fil de fer. Il aurait ensuite recouvert le corps d’une bâche et l’aurait lesté avec des parpaings pour empêcher que le corps remonte à la surface. Régulièrement, depuis il se rendait dans un magasin de bricolage Bric-dépôt pour aller acheter des parpaings, qu’ils jetaient discrètement à l’eau. Par peur de voir le corps remonter.
Une quarantaine de parpaings ont été retrouvés ce jeudi par les plongeurs comme le montre le reportage ci-dessous de Jean-Louis Manand et Emmanuel Quinart.
Gonnehem : le point sur l’enquête
Que sait-on sur Marc Demeleumeester, le beau-père qui a avoué avoir tué Antoine ?
Sans emploi, âgé de 45 ans, Marc Demeleumeester vivait avec la mère d’Antoine. Dès l’annonce de la disparition de son beau-fils, il s’est montré actif dans les recherches. Il organisait les battues, répondait aux médias… En avril 2015, Il dirigeait précisément la grande battue avec de nombreux anonymes à Gonnehem. On sait maintenant qu’il orientait les personnes loin du secteur où le corps d’Antoine a été retrouvé. Ce jour-là, il avait également donné une interview à France 3. Il s’était montré ému et déterminé : « J’ai nommé des chefs d’équipe, suivant les bois, les rivières, les cours d’eau. Il faut que ce soit efficace. Le but c’est d’essayer de trouver un indice, de s’orienter vers une piste ou une autre. »
Selon le procureur de Béthune, il a même envoyé un courrier au président de la République dénonçant le manque de moyens supposé des gendarmes-enquêteurs.
Désormais placé sous mandat de dépôt, le beau-père, qui a tout avoué lors de sa garde à vue en début de semaine, encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Que sait-on sur les raisons du geste du beau-père ?
Sur ce point, les enquêteurs et la justice restent très discrets. Marc Demeleumeester a beaucoup parlé en garde à vue mais comme les enquêteurs savent qu’il a menti depuis un an, ils se méfient de ses déclarations et veulent désormais les vérifier une à une en prenant leur temps. Le crime, a encore déclaré le procureur, pourrait s’expliquer par le fait que les relations entre le beau-père et l’adolescent « n’étaient pas au beau fixe« .
Une page Facebook « En ta mémoire Antoine » rend hommage à l’adolescent.
Une cagnotte participative a également été lancée pour aider ses parents. « Si nous pouvions leur montrer notre soutien en leur enlevant le poids de considérations matérielles et financières en ces douloureux instants, je pense que nous leur serions d’une grande aide, d’un grand réconfort et pourrions leur montrer combien nous sommes présents à leurs côtés« , écrit une voisine de la famille.
Source : FR3 Nord Pas de Calais
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