Génocide rwandais : trois ONG demandent à la justice d’interroger Paul Barril
Paul Barril est suspecté par la justice de «complicité de crime contre l’humanité» lors du génocide perpétré au Rwanda contre les Tutsis. | LP/OLIVIER LEJEUNE
Elles veulent que l’enquête s’accélère. Après avoir déposé plainte en juin 2013 contre le capitaine Paul Barril, qu’elles accusent de complicité de génocide au Rwanda, trois ONG réclament la mise en examen de l’ex-officier français de gendarmerie pour qu’il puisse s’expliquer.
L’instruction en cours porte sur un contrat d’assistance militaire conclu par l’ex-officier de gendarmerie avec le gouvernement intérimaire rwandais (GIR) pendant les tueries de 1994, alors qu’un embargo international avait été imposé par l’ONU.
A l’été 2012, une série de perquisitions menées chez Barril à la demande du juge Marc Trévidic et auprès de son entourage avait permis de mettre la main sur des documents accablants.
Survie, la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et la Ligue des droits de l’Homme (LDH), les trois ONG plaignantes, ont adressé le 28 février au juge du pôle «crimes contre l’Humanité» de Paris une demande d’acte. «Les trois associations ont estimé qu’il existait aujourd’hui des indices graves ou concordants de la participation de Paul Barril à ces faits et donc en conséquence, ont demandé au juge d’instruction de permettre à M. Barril de se défendre, c’est à dire qu’il soit mis en examen à raison de sa complicité de génocide», a déclaré mercredi un des avocats de Survie, Me Eric Plouvier, lors d’une conférence de presse de cette association.
Un contrat de 3,13 millions de dollars
La demande d’acte s’appuie notamment sur une enquête du Nouvel Observateur, qui avait accusé en février Paul Barril d’avoir «apporté un concours actif aux extrémistes hutus responsables de l’assassinat de 800 000 Tutsis». Les associations demandent les auditions de plusieurs Rwandais susceptibles d’expliquer les raisons de la présence au Rwanda de Paul Barril en 1994, ainsi que de plusieurs personnes qui l’y auraient accompagné, et que Le Nouvel Observateur présentait comme des «barbouzes».
Le contrat d’assistance militaire, d’une valeur de 3,13 millions de dollars, avait été signé le 28 mai 1994 entre Paul Barril et l’ancien Premier ministre du GIR, Jean Kambanda, qui sera quelques années plus tard condamné pour sa participation au génocide à la réclusion criminelle à perpétuité par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Ce contrat portait notamment sur la livraison de quantités très importantes de munitions, obus, mortiers et de grenades, selon la plainte des ONG. Selon les plaignants, il ne sera que partiellement exécuté, du fait du déclenchement de l’opération militaire française Turquoise, mais M. Barril sera payé à hauteur de 1,2 million de dollars.
De l’affaire des écoutes de l’Elysée à celle des Irlandais de Vincennes, Paul Barril, ancien numéro 2 du groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), s’est retrouvé mêlé aux plus retentissants scandales des années Mitterrand.
Fort de ses contacts, de ses protections et des réseaux qu’il a tissés au sein de la Françafrique, il s’est reconverti dans les années 80 dans la sécurité privée avec sa société Secrets, mêlée à des affaires de ventes d’armes ou d’espionnage.
Source : Le Parisien
Laisser un commentaire