Six bouquets de roses trônent sur la table du hall d’entrée de la compagnie de gendarmerie de Méru (Oise). Elles sont arrivées samedi 24 décembre au matin. « Celles-là, c’est un anonyme qui les a laissées. Trois roses pour chacun des gendarmes morts », montre un officier avant de tourner les talons.
La veille au soir, le peloton de surveillance et d’intervention (PSIG) de Méru a perdu trois hommes dans un accident de la circulation près de Beauvais : le sous-officier Florian Gustave, 25 ans, les gendarmes adjoints volontaires Yassaad Boumssimrat, 26 ans, et Théo Delpierre, 18 ans. « Ils étaient affectés là depuis peu. Des garçons très discrets, sérieux. On est sous le choc », lâche un militaire.
Plongée dans le noir
Dans les bâtiments modulaires qui servent de bureaux et de vestiaires, la partie réservée aux effectifs du PSIG est plongée dans le noir. Pas de trace de vie. « Vu les circonstances, on les a mis au repos », explique un officier. Avec l’accident, le PSIG de Méru est passé d’un effectif de 19 hommes à 16. « Dans l’action, sur les lieux de l’accident, on fait ce qu’on a à faire : sécuriser les lieux, porter secours, enquêter. On est formatés pour ça », raconte un gendarme. Et après coup ? Silence de sa part. Ses yeux rougissent. « C’étaient des gamins », finit-il par dire.
Originaire d’Ezanville (Val-d’Oise), Florian Gustave avait terminé son école de sous-officiers à Montluçon (Allier) en 2015. Il avait intégré aussitôt une brigade territoriale dans l’Oise avant de rejoindre le PSIG de Méru en septembre. Yassaad Boumssimrat avait, lui, intégré le 29 octobre cette unité tant convoitée tout juste après avoir fini son cursus de gendarme auxiliaire à Tulle (Corrèze). Il était domicilié chez sa mère à Margny-lès-Compiègne (Oise). Théo Delpierre était le dernier venu au sein de la compagnie. Originaire du Pas-de-Calais, il avait rejoint le PSIG le 10 novembre, là encore, tout juste après avoir achevé son école à Beynes (Yvelines). Sur le terrain, « il avait été victime d’une rébellion, se souvient un gradé. Je l’avais reçu pour le rassurer. Mais, entre les stages, les permanences, on les a très peu vus. »
Il n’empêche, leur disparition va peser au sein de la compagnie. Et même au-delà. « On est tous effondrés », confirme le lieutenant-colonel Robert Clèche, n o 2 du groupement de l’Oise. « On a le moral dans les chaussettes, raconte un gendarme du département. D’habitude, le matin au café, on rigole. Hier matin, ce n’était pas ça. Trois d’un coup… Quand j’ai appris la nouvelle par téléphone, j’ai regardé ma femme, et j’ai pleuré comme un gamin sous le coup de l’émotion. » Avec les fêtes de fin d’année, la résonance est encore plus forte : « Perdre la vie la veille de Noël, je ne sais pas comment dire… C’est de l’émotion », poursuit-il.
Une cérémonie en hommage aux trois gendarmes devrait être organisée la semaine prochaine.
Une perte de contrôle à l’origine du drame
Trois morts et trois blessés graves. C’est le bilan de l’accident qui s’est produit vendredi 23 décembre à 17 h 50 à Berneuil-en-Bray, à 10 km de Beauvais (Oise). Aucune consommation d’alcool ou de stupéfiants dans tous les cas.« Le véhicule des gendarmes a perdu le contrôle de sa direction et s’est mis de travers sur la voie de circulation », a confirmé le lendemain le procureur adjoint de Beauvais, Luc Pèlerin.
Une information judiciaire ouverte
Une camionnette a percuté les gendarmes. Le choc fut tel qu’il ne leur a laissé aucune chance de survie. Les trois occupants du véhicule utilitaire, âgés de 15 à 31 ans, ont été grièvement blessés. Leur état est « stationnaire », selon le magistrat qui a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire mardi pour homicide involontaire et blessures involontaires.
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