Gendarmerie Trois questions à … trois gendarmes réservistes dans le Cantal
réservistes gendarmerie d’aurillac journée sécurité © christian stavel
Nicolas est en civil, il vient de terminer sa journée de travail quand il se présente, tenue bien pliée dans le sac. Ce soir, pas de mission au sens strict du terme, si ce n’est celle de parler de son rôle de réserviste dans la gendarmerie du Cantal. À ses côtés, Sandra, 25 ans, professeur, et Yoann, 29 ans, fonctionnaire à la Caba.
Rencontres de la sécurité. Samedi 13 octobre, toute la journée à Aurillac, le matin place de l’Hôtel-de-Ville, l’après-midi au Square. Démonstration du Peloton de gendarmerie de montagne à 10 h 30, stands d’information. À l’occasion de cette journée, l’accent sera mis sur le volontariat – Sandra sera présente pour la réserve opérationnelle de la gendarmerie.
L’occasion de parler d’une facette de la gendarmerie, quand les citoyens viennent prêter main-forte aux militaires de carrière. L’occasion d’évoquer, aussi, des missions méconnues des militaires dans le département, des missions loin du travail de police route ou du judiciaire, pour lesquels ils sont plus connus.
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Nicolas, 41 ans, 15 ans de réserve
Pourquoi la réserve ?
« Après mon service militaire comme gendarme auxiliaire, je suis devenue gendarme adjoint volontaire. Je ne voulais pas faire carrière, pour rester dans le Cantal, donc je suis parti dans le civil et je suis devenu réserviste. »
Votre souvenir le plus fort ?
« Nous étions en patrouille autonome du côté de Saint-Etienne-Cantalès avec un autre réserviste, quand nous avons été appelés pour la disparition d’une dame qui souhaitait mettre fin à ses jours. Quand nous avons retrouvé son véhicule, on a vu à l’intérieur qu’elle respirait, que sa poitrine bougeait. On a cassé la vitre, on l’a sortie de la voiture, puis on l’a placée en position latérale de sécurité, avant que les pompiers n’arrivent. On a eu des nouvelles de cette dame, après, par la brigade, elle allait mieux. C’est la satisfaction du devoir accompli… »
Une qualité requise ?
« La rigueur. Il faut être à 8 heures, impeccable, à la brigade, et jusqu’à la fin du service, il faut être à fond. On peut avoir des hauts et des bas, mais il ne faut pas le faire voir. Avant, on n’était pas forcément bien vu par les autres gendarmes, ils disaient « Vous êtes là pour faire le nombre ». Ce n’est plus le cas. »
« Avec l’uniforme, on apprend que chaque action a des conséquences, que chaque individu a ses particularités. Cela permet de faire des rencontres intéressantes, des rencontres authentiques. Ce n’est pas de la répression, c’est loin de l’image habituelle du gendarme. Sur une fête, il y avait des gens qui nous remerciaient… mais il faut des choses graves (les attentats de 2015, ndlr) pour que les gens s’en rendent compte. C’est difficile de faire changer cela… »
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Sandra, 25 ans, 5 ans de réserve
Pourquoi la réserve ?
« Cela a commencé à la Journée d’appel et de préparation à la défense (JAPD), à 17 ans. À l’époque, j’avais pris les papiers, et gardé l’idée dans un coin de ma tête. En deuxième année de licence, à Clermont-Ferrand, j’ai sauté le pas, j’ai raté une semaine de fac pour faire la formation, à Montluçon (Allier). J’ai beaucoup été touché par les accidents de la route, et je me suis dit que c’était un métier qui pouvait aider contre cela. »
Professeur et gendarme ?
« Mes proches trouvent que c’est bien que je sois dans la réserve, même s’ils considèrent aussi que, politiquement, c’est à l’opposé… Mais je ne vois pas l’un sans l’autre ! La gendarmerie, ce n’est pas que de la répression, il y a des éléments qui se recoupent, comme la pédagogie, la prévention […] Quand les élèves me croisent en uniforme, ils sont impressionnés, surtout qu’ils pensent qu’un prof, cela vit et dort dans sa salle de classe… Mais en cours, cela ne change rien. Cela m’a juste appris à rester diplomate, tout en étant ferme. »
Votre souvenir le plus fort ?
« Nous avons été appelés pour un homme en arrêt cardiaque, dans la forêt. On est partis rapidement, avec juste la description de l’endroit : c’est là où c’est utile de connaître le secteur, c’est moi qui ait guidé les collègues, en courant dans la forêt, vers un raccourci, c’était un coin que je connaissais, et on est arrivé en même temps que les pompiers et le Samu. »
« Quand son décès a été constaté, il a fallu être en contact avec tout le monde, le maire, la famille, faire les premières constatations avec le médecin. C’était très intense, cela m’a permis d’apprendre à faire plein de choses que je ne connaissais pas. »
« C’était la première fois que j’étais confronté à la mort d’une personne. Tout le long du chemin, j’ai appréhendé, je me demandais si je le connaissais. Quand j’ai su qui c’était, j’ai fait comme si je n’étais pas touchée. À la fin, notre adjudant-chef est venu nous voir, avec un autre collègue réserviste, il nous a demandé d’en parler, pour dédramatiser. »
Une qualité requise ?
« L’engagement. D’autant qu’on fait cette activité en plus de notre métier. »
Yoann, 29 ans, 3 ans de réserve
Pourquoi la réserve ?
« C’était une passion avec mon meilleur ami, qui est d’ailleurs entré dans la gendarmerie. Ce qui m’a empêché de le suivre, c’est ma situation familiale : j’ai une fille, j’ai acheté une maison… Quand j’ai trouvé un travail stable, j’ai rempli le dossier et je suis parti faire la formation de deux semaines à Montluçon. »
Votre souvenir le plus fort ?
« Quand je travaillais à la déchetterie, il y avait un professionnel qui venait, et qui avait tendance à me prendre de haut… Un week-end, sur une mission, à Murat, je l’ai contrôlé alors qu’il circulait en voiture. Le lundi suivant, il était beaucoup plus respectueux… »
Une qualité requise ?
« L’envie. Il faut être prêt à voir des situations que l’on est pas censé vivre en tant que civil. »
Anthony, gendarme adjoint volontaire
Uniforme noir du Peloton de surveillance et d’intervention sur le dos, son profil est différent. Réunionnais, le jeune homme a intégré la gendarmerie comme gendarme adjoint volontaire, il y a un an, avec un tout autre objectif : faire carrière, un rêve de gosse qui l’a mené en métropole en juin 2017, pour un été de formation à l’école de Montluçon. Il n’est, depuis, pas rentré sur l’île, où il devrait retourner après l’école de sous-officier.
Depuis, Anthony a intégré le Psig, avec un souvenir plus marquant que les autres : l’interpellation de deux hommes en fuite, récemment, à Laveissière, après quatre heures de recherches : « C’est comme la chasse, on voulait notre proie ! », sourit-il. Alors que le dispositif se relâche, il est sur le parking de la gare avec trois collègues, quand il aperçoit deux hommes, au milieu d’un groupe venu assister au brâme du cerf. « On voyait tout de suite qu’ils n’étaient pas là pour ça. Il y en avait un qui avait un t-shirt déchiré, l’autre était torse-nu. Ils avaient un petit sourire, mais quand ils ont tourné la tête et qu’ils nous ont vu, le sourire a disparu… » Le tout sous le regard des badauds, « on a gardé le public à l’écart, mais on a été applaudis, sourit-il. On était un peu les stars… »
À savoir
Réserve
Pour entrer dans la réserve opérationnelle de la gendarmerie, il suffit d’avoir plus de 17 ans, être Français, être en forme physiquement et apte psychologiquement et moralement. Enfin, il faut passer une formation, pour obtenir le Diplôme de gendarme adjoint de réserve.
Ensuite, le réserviste inscrit ses disponibilités sur un site Internet, et est convoqué pour des « missions » d’une journée, rémunérées (entre 55 € pour Yoann, le moins gradé des trois, et 85 € pour Nicolas, adjudant-chef), dans n’importe quelle brigade du Cantal. L’avancement est calqué sur celui des militaires de carrière, et il est possible de passer le concours de sous-officier, sans être titulaire du baccalauréat (comme les gendarmes adjoint volontaires).
Il y a 125 gendarmes dans la réserve opérationnelle du Cantal. Le recrutement est toujours actif, le groupement espère faire monter ce chiffre à 188 en 2019.
Source : La Montagne
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