Gendarmerie. Des «guerriers» à l’école

Pour les charrier, le commandant de l’école les appelle « les guerriers ». La lieutenante Meresse vient du GIGN et le major Kérivel de la mobile. Ils commandent chacun un peloton de la 4e compagnie. Et ce n’est pas parce qu’on est militaire qu’il faut forcément prendre un air martial.
Quinze nouveaux cadres sont arrivés récemment à l’école de gendarmerie de Châteaulin. Parmi eux, deux militaires aux parcours atypiques : une des deux premières femmes du GIGN et un major qui a fait sa carrière dans la « mobile ». Autant d’expériences, profitables aux élèves gendarmes. La lieutenante Delphine Meresse vient de « prendre les épaulettes ». À 42 ans, c’est une des plus jeunes officiers du « rang ». C’est-à-dire qu’elle a dû bûcher pour passer tous les grades de sous-officier. Et cela en dépit d’une fonction difficile et très sensible qu’elle occupait jusqu’à son arrivée, il y a quelques semaines, à l’école de gendarmerie. Après trois années en brigade territoriale, à Cesson-Sévigné (35), cette Costarmoricaine a passé haut la main l’intraitable sélection pour intégrer le Groupe de sécurité et d’intervention de la gendarmerie nationale (GSIGN). C’était en 1998, neuf ans avant que l’unité emblématique ne prenne le nom de GIGN. Elle y est restée 15 ans. Au plus haut niveau de l’État « Avant l’été, j’assurais encore la protection rapprochée des plus hautes personnalités de l’État ». Ne comptez pas sur elle pour « balancer ». Elle ne vous dira même pas qui elle protégeait. Tant pis pour le croustillant. Mais le secret défense, ou tout simplement le respect, prime avant tout. La lieutenante concède néanmoins quelques éléments de sa vie d’avant. « Nous partagions notre temps entre la préparation des missions et l’accompagnement de l’autorité. En plus des déplacements programmés, il fallait se rendre disponible pour des événements nationaux ou internationaux imprévus, tel que le décès d’un chef d’État. Cela de jour comme de nuit ». À part l’Amérique du sud, il n’y a guère d’endroits sur la planète où elle ne soit pas intervenue. Pro du camouflage urbain La protection devant être discrète, cette grande femme blonde et souriante était devenue « la pro du camouflage urbain ». Bien malin qui aurait pu dire si c’était une énarque du staff ou une militaire hyperentraînée. « Je n’étais pas la seule. Une autre femme est arrivée en même temps que moi. Mais elle n’y est restée qu’un an. C’est un métier exaltant mais aussi très prenant. Surtout pour une femme. Il ne faut pas compter avoir des enfants… à moins d’avoir un mari bureaucrate ». Aujourd’hui, la lieutenante est adjointe au commandant de la 4e compagnie d’instruction. Elle commande aussi le 1er peloton, fort de 40 élèves gendarmes. Dans chacune des sept compagnies de 120 élèves, il y a trois pelotons. « Mon rôle consiste à leur apporter une culture militaire, à leur donner le goût de l’engagement, de l’effort et du sens collectif ». Une mission qu’elle partage avec le major Franck Kérivel, commandant du 2e peloton de la même « 4e ». L’expérience du terrain Douarneniste d’origine, le major a un parcours très différent. À 50 ans, ce militaire à la carrure de baroudeur cumule 27 années de service dans la gendarmerie mobile. Ses différentes affectations l’ont conduit à servir au sein de plusieurs escadrons, de La Martinique en Mayenne où, tout récemment, il était encore commandant de peloton. Le major Kérivel est aussi passé par le Finistère, l’Ille-et-Vilaine ou encore l’Indre-et-Loire. Pour la petite histoire, entre 2005 et 2009, celui qui était alors adjudant, a servi en école, au Mans, sous les ordres d’un certain capitaine Polaillon, devenu le colonel commandant de l’école. « Dans le métier d’instructeur, c’est essentiel de retourner régulièrement sur le terrain afin de ne pas se couper des réalités. Car la formation de gendarme est professionnalisante », insiste le major Kérivel. Dans la mobile, on bouge « La gendarmerie mobile a deux missions principales : le maintien de l’ordre et le soutien à la gendarmerie départementale ». La flambée des banlieues, les manifestations étudiantes contre le CIP, Notre-Dame-des-Landes, etc., le major y était. Comme son nom l’indique, dans la mobile, on bouge. Tous les quinze mois, les gendarmes passent, entre autres, trois mois dans les territoires et départements d’Outre-mer. « L’année dernière par exemple, j’ai passé six semaines en Corse, trois mois à Mayotte, un mois en Mauritanie pour former des gendarmes locaux, plus des missions annexes en France métropolitaine ». Une expérience qui, ajoutée au goût de la transmission, ne manquera pas d’être bénéfique aux futurs sous-officiers.
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La lieutenante Delphine Meresse vient de « prendre les épaulettes ». À 42 ans, c’est une des plus jeunes officiers du « rang ». C’est-à-dire qu’elle a dû bûcher pour passer tous les grades de sous-officier. Et cela en dépit d’une fonction difficile et très sensible qu’elle occupait jusqu’à son arrivée, il y a quelques semaines, à l’école de gendarmerie. Après trois années en brigade territoriale, à Cesson-Sévigné (35), cette Costarmoricaine a passé haut la main l’intraitable sélection pour intégrer le Groupe de sécurité et d’intervention de la gendarmerie nationale (GSIGN). C’était en 1998, neuf ans avant que l’unité emblématique ne prenne le nom de GIGN. Elle y est restée 15 ans. Au plus haut niveau de l’État « Avant l’été, j’assurais encore la protection rapprochée des plus hautes personnalités de l’État ». Ne comptez pas sur elle pour « balancer ». Elle ne vous dira même pas qui elle protégeait. Tant pis pour le croustillant. Mais le secret défense, ou tout simplement le respect, prime avant tout. La lieutenante concède néanmoins quelques éléments de sa vie d’avant. « Nous partagions notre temps entre la préparation des missions et l’accompagnement de l’autorité. En plus des déplacements programmés, il fallait se rendre disponible pour des événements nationaux ou internationaux imprévus, tel que le décès d’un chef d’État. Cela de jour comme de nuit ». À part l’Amérique du sud, il n’y a guère d’endroits sur la planète où elle ne soit pas intervenue. Pro du camouflage urbain La protection devant être discrète, cette grande femme blonde et souriante était devenue « la pro du camouflage urbain ». Bien malin qui aurait pu dire si c’était une énarque du staff ou une militaire hyperentraînée. « Je n’étais pas la seule. Une autre femme est arrivée en même temps que moi. Mais elle n’y est restée qu’un an. C’est un métier exaltant mais aussi très prenant. Surtout pour une femme. Il ne faut pas compter avoir des enfants… à moins d’avoir un mari bureaucrate ». Aujourd’hui, la lieutenante est adjointe au commandant de la 4e compagnie d’instruction. Elle commande aussi le 1er peloton, fort de 40 élèves gendarmes. Dans chacune des sept compagnies de 120 élèves, il y a trois pelotons. « Mon rôle consiste à leur apporter une culture militaire, à leur donner le goût de l’engagement, de l’effort et du sens collectif ». Une mission qu’elle partage avec le major Franck Kérivel, commandant du 2e peloton de la même « 4e ». L’expérience du terrain Douarneniste d’origine, le major a un parcours très différent. À 50 ans, ce militaire à la carrure de baroudeur cumule 27 années de service dans la gendarmerie mobile. Ses différentes affectations l’ont conduit à servir au sein de plusieurs escadrons, de La Martinique en Mayenne où, tout récemment, il était encore commandant de peloton. Le major Kérivel est aussi passé par le Finistère, l’Ille-et-Vilaine ou encore l’Indre-et-Loire. Pour la petite histoire, entre 2005 et 2009, celui qui était alors adjudant, a servi en école, au Mans, sous les ordres d’un certain capitaine Polaillon, devenu le colonel commandant de l’école. « Dans le métier d’instructeur, c’est essentiel de retourner régulièrement sur le terrain afin de ne pas se couper des réalités. Car la formation de gendarme est professionnalisante », insiste le major Kérivel. Dans la mobile, on bouge « La gendarmerie mobile a deux missions principales : le maintien de l’ordre et le soutien à la gendarmerie départementale ». La flambée des banlieues, les manifestations étudiantes contre le CIP, Notre-Dame-des-Landes, etc., le major y était. Comme son nom l’indique, dans la mobile, on bouge. Tous les quinze mois, les gendarmes passent, entre autres, trois mois dans les territoires et départements d’Outre-mer. « L’année dernière par exemple, j’ai passé six semaines en Corse, trois mois à Mayotte, un mois en Mauritanie pour former des gendarmes locaux, plus des missions annexes en France métropolitaine ». Une expérience qui, ajoutée au goût de la transmission, ne manquera pas d’être bénéfique aux futurs sous-officiers. En complément Civils et militaires travaillent de concert Sur les 200 personnels de l’école de gendarmerie, 62 sont des civils. On les retrouve dans les services administratifs, à la logistique, la restauration, l’entretien… Ainsi, le Brestois Yohan Quénécant vient de prendre la responsabilité du Bureau des ressources humaines. Après avoir déjà exercé au ministère de la Défense, à Paris, et à la préfecture maritime, à Brest, il a suivi les cours de l’Institut régional d’administration afin de passer dans la catégorie A des fonctionnaires. Il est secondé par le Lesnevien Pascal Kérouman, lequel a oeuvré précédemment à la préfecture d’Ille-et-Vilaine, au budget comme à l’action sociale. Ces civils, et d’autres, travaillent de concert avec les militaires. Comme, par exemple, le lieutenant Jacques-Alexandre Roux, lui aussi nouvellement arrivé. Il est le chef du Bureau budget et soutien. Les finances et la logistique, c’est le rayon de cet Alsacien. Après avoir fait Sciences Po, il a intégré l’École des officiers de la gendarmerie nationale, à Melun. « C’est mon premier poste. Avant j’ai fait un stage d’un an à l’ambassade de France à Rome, auprès de l’attaché de sécurité ». Il faut savoir manier le pistolet et la calculette. Abattu il y a 30 ans. Le général Delfosse à l’honneur Le bâtiment de commandement de l’école de gendarmerie a récemment été baptisé du nom du général Delfosse. Lorsqu’il était colonel, il commanda le centre d’instruction des gendarmes auxiliaires d’Auxerre. En 1999, quand le centre ferma, c’est la caserne de Ty Vougeret qui reprit le flambeau. Une bonne partie des cadres vinrent y travailler et même le mobilier y fut transféré. « Nous sommes l’héritière d’Auxerre et le général Delfosse était un grand homme », salue le colonel Polaillon, commandant de l’école. Les plus jeunes ne s’en souviennent peut-être pas mais le 27 mars 1984, le général Delfosse fut abattu à Lyon lors du braquage d’une agence de la BNP. Le tireur, Max Frérot, faisait partie de l’Affiche rouge, la branche lyonnaise d’Action Directe. Il sera arrêté trois ans plus tard et sortira de prison en 2010. À l’époque, le général de Division Guy Delfosse commandait la 5e Légion de gendarmerie. Il se trouvait en uniforme dans la banque lorsque Max Frérot fit irruption avec André Olivier (condamné aussi à perpétuité). Il tenta de les raisonner mais fut froidement abattu. Il avait 58 ans et, derrière lui, une carrière d’officier d’infanterie parachutiste (Tonkin, Vietnam…) et de commandant de gendarmerie mobile (Algérie, Maroc…). Une citation à l’ordre de la Nation lui attribua, à titre posthume, la Médaille de la gendarmerie. Il fut également élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d’honneur.

Source : Le Télégramme

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