Gendarme tué : la réclusion à perpétuité requise contre son meurtrier présumé

Des gendarmes à La Grave-de-Peille (Alpes-Maritimes), où leur collègue a trouvé la mort le 17 octobre.

Des gendarmes à La Grave-de-Peille (Alpes-Maritimes), où leur collègue a trouvé la mort le 17 octobre. AFP/JEAN-CHRISTOPHE MAGNENET

La mort du gendarme Daniel Brière en octobre 2012 avait suscité un émoi national. Son meurtrier présumé, petit délinquant local déscolarisé qui sortait tout juste de prison, affirme avoir essayé d’éviter le gendarme alors qu’il roulait à vive allure en sortant d’un virage. La cour d’assises des Alpes-Maritimes a finalement condamné, vendredi 6 février, Alexandre Baudry, âgé de 23 ans, à trente ans de réclusion criminelle pour le meurtre du gendarme Daniel Brière, percuté arme à la main par le voleur de voitures en 2012.

Les jurés ont estimé à l’unanimité qu’il s’agissait bien d’un « homicide volontaire » et que l’accusé savait qu’il avait devant lui un gendarme ; une circonstance aggravante. La cour a assorti la peine d’une période de sûreté des deux tiers. « La famille est satisfaite que la cour ait reconnu qu’un gendarme a été tué dans l’exercice de ses fonctions », a commenté son conseil Me Lionel Escoffier.

LA THÈSE DE L’ACCIDENT « RIDICULE »

Dans la salle des pas perdus, la petite amie du condamné, enceinte, a crié sa douleur. « Vous avez un cœur sec », « vous êtes un lâche », avait assené, cinglant, l’avocat général Norbert Dornier vendredi matin, durant un exposé de trois heures entièrement à charge contre le jeune délinquant déscolarisé, resté impassible dans le box durant une semaine de procès. Il avait requis à son encontre la réclusion criminelle à perpétuité, pour son « exécution réfléchie » du major Daniel Brière, en jugeant « la thèse de l’accident ridicule ».

Le 17 octobre 2012, le major Brière dirigeait sur une route sinueuse de l’arrière-pays niçois une opération pour intercepter Alexandre Baudry, alors âgé de 21 ans, sans permis au volant d’une voiture volée, cinq jours après sa sortie de prison préventive. En tenue civile mais porteur d’un brassard de gendarmerie, le militaire avait sorti son arme et s’était placé face au véhicule volé (arrivant à 73 km/h). Percuté de plein fouet et projeté à 20 mètres, il était mort de ses blessures le jour même.

« Baudry a vu l’arme du gendarme, il a donc riposté avec la sienne, qui était la voiture », décrit l’avocat général. Alexandre Baudry avait abandonné le véhicule en tentant de l’incendier, et était allé le même soir au cinéma avec des amis, avant d’être interpellé le lendemain.

« JE SAIS MALHEUREUSEMENT QUE J’AI BRISÉ UNE FAMILLE »

M. Dornier a rendu hommage à Daniel Brière, père de deux enfants « submergés par la peine », « un gendarme exceptionnel » spécialisé dans les enquêtes économiques, aux états de service impeccables, qui avait servi notamment en Côte d’Ivoire. Manuel Valls, alors ministre de l’intérieur, avait rendu un hommage de la nation au major Brière, élevé au rang de capitaine à titre posthume en 2012, dans l’ancienne caserne du gendarme, chargée d’émotion.

Les deux avocats de la défense avaient pour leur part jugé dans l’après-midi les réquisitions totalement disproportionnées, établissant des comparaisons troublantes avec d’autres procès. « Oui, c’est un petit con, un voleur de voitures, mais c’est pas un meurtrier ! », a lancé Me Frédéric Lévy, pour qui l’homicide était involontaire. « C’est un gamin », a-t-il ajouté, décrivant l’horreur de l’univers carcéral.

« Je sais malheureusement que j’ai brisé une famille, c’est un accident, je vais regretter toute ma vie », a déclaré vendredi Alexandre Baudry, en demandant pardon à la veuve du gendarme et à ses deux enfants quelques heures avant le verdict. L’ancien coéquipier du gendarme, seul témoin direct du drame, a estimé qu’Alexandre Baudry n’avait pas la volonté de s’arrêter, malgré « un coup de frein réflexe ».
Source : Le Monde

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