Fusion police-gendarmerie : en Corse, l’intersyndicale des policiers en appelle publiquement à l’arbitrage du ministre de l’Intérieur
A Ajaccio et Bastia ce mardi 15 avril, l’intersyndicale des policiers a fait entendre ce qu’elle pense du projet ULCOC présenté en janvier dernier par Manuel Valls . Les policiers sont unanimes: le rejet est « total et global ». Ils se sont rassemblés devant les préfecture à Ajaccio et Bastia.
A la préfecture d’Ajaccio et à celle de Bastia, au même moment, à 12 h 30 ce mardi 15 avril, les délégations de l’intersyndicale des policiers de Corse, rassemblant dix syndicats unanimes, ont remis un rapport de travail d’une trentaine de page, fortement documenté et chiffré, à l’attention du successeur de Manuel Valls, place Beauvau, le nouveau ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve.
Les policiers avaient choisi cette heure particulière, entre 12 et 13 heures, afin de ne pas perturber le travail au quotidien qu’exigent leurs missions.
Fait rare, à souligner, toutes les catégories de policiers étaient représentées. Les dix syndicats de l’intersyndicale sont unanimes.
Un manifeste pour un projet global plus efficient
Les personnels de tous les corps de la Police Judiciaire en Corse, d’Ajaccio à Bastia, ne peuvent se satisfaire du dialogue de sourd qui perdure, face à une administration qui refuse de remettre son projet actuel inopérant sur le métier, et d’annoncer un calendrier de négociation rallongé.
Pourtant l’Intersyndicale Corse est prête à accompagner un nouveau projet de manière constructive, lors « d’une remise à plat ». Et les professionnels de terrain de tous grades et fonctions se sont déjà concertés sur un projet global plus efficient, soucieux des coûts humains et logistiques inhérents à la réforme.
Le manifeste adressé ce 15 avril au ministre de l’Intérieur reprend la demande d’arbitrage faite à Bernard Cazeneuve, comme elle avait été exprimée le 26 mars dernier à l’intention de Manuel Valls.
Les annexes contenues dans ce manifeste rassemblent toutes les démarches effectuées par l’intersyndicale de Police Corse du Sud/Haute Corse auprès des autorités depuis deux mois.
Un projet de « task force » qui fait l’unanimité contre lui depuis janvier dernier
L’Intérieur veut créer une Unité de lutte commune contre la criminalité organisée (ULCOC) en Corse et aux Antilles-Guyane.
La première sera dirigée par le directeur régional de la police judiciaire (PJ) secondé par le commandant de la section de recherches de gendarmerie.
Ce sera l’inverse, sur le même schéma, aux Antilles-Guyane.
C’est une première, de ce type, en France. Cela va au delà, selon Beauvau, d’une simple mutualisation de moyens des deux forces de l’ordre placées sous sa responsabilité depuis 2009.
Les policiers veulent un projet alternatif élaboré en concertation
Le 26 mars dernier, l’intersyndicale des policiers expliquait avoir « renouvelé l’expression unanime de son rejet total et global du projet de réforme » consistant à créer une « structure commune de coordination » police/gendarmerie afin de lutter « contre les réalités criminelles spécifiques » dans ces départements.
« Aucune réforme, tant en Corse qu’aux Antilles et en Guyane -expliquent l’intersyndicale- n’est acceptable si elle ne repose sur un diagnostic partagé de la délinquance sur les régions concernées, un respect de la compétence et de l’engagement des personnels des services et une concertation réelle », ajoute-t-elle. « En conséquence, toujours dans l’attente d’un éventuel nouveau projet alternatif élaboré en concertation, (elle) se voit dans l’obligation de s’opposer fermement à celui qui nous a encore été présenté sans changement aujourd’hui », disent les syndicats qui dénonçaient, le 23 mars, un « dialogue de sourd ».
Les policiers judiciaires seront-ils entendus ce 15 avril par leur ancien ministre devenu depuis chef du gouvernement ? Ce 15 avril, aux grilles des préfectures de l’île, durant leur pause repas, les policiers de Corse n’ont pas cesser leur travail: simplement, ils en appellent publiquement à l’arbitrage du ministre de l’Intérieur.
Un « front du refus » et une unanimité rare chez les policiers
Dix organisations sont rassemblées dans l’intersyndicale qui désormais interpelle le gouvernement et présente un véritable « front du refus » réclamant un véritable projet en concertation.
Elle comprend les deux syndicats de commissaires (SCPN et SICP), deux syndicats d’officiers, le Syndicat des Cadres de la Sécurité Intérieure (SCSI), Synergie Officiers, les syndicats de gardiens de la paix, Alliance, l’UNSA Police, Unité SGP Police – FO, ainsi que par les syndicats des personnels administratifs, techniques et scientifiques, le SNPPS-FAMI, Alliance – SNAPATSI et le SNIPAT.
Source et video : FR3 Corse
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