Fronde des gilets jaunes. Un dispositif de sécurité hors normes
Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, est venu, ce vendredi à Versailles, observer les blindés de la gendarmerie, qui seront déployés dans la capitale, samedi. Il a confirmé un dispositif sécuritaire « de grande envergure ». (Photo AFP)
Près de 90 000 membres des forces de l’ordre mobilisés sur le territoire, des blindés à Paris… C’est un dispositif hors normes, jamais déployé en France, qui est prévu pour tenter d’encadrer, ce samedi, les manifestations des gilets jaunes.
Policiers et gendarmes seront plus nombreux, plus mobiles et plus offensifs. Même si le ministre de l’Intérieur n’a pas souhaité dévoiler le dispositif policier exact qui sera mis en place, ce samedi, ces trois informations sont censées dissuader manifestants et activistes de venir aujourd’hui à Paris. Jeudi, l’Élysée avait fait savoir que les autorités avaient « des raisons de redouter une très grande violence ».
Blindés, drones et hélicoptères
En tout, 89 000 policiers et gendarmes seront mobilisés sur l’ensemble du territoire, dont 8 000 à Paris. Pour la première fois, des blindés de la gendarmerie nationale, une douzaine, seront prépositionnés dans la capitale, prêts à intervenir, sur ordre du Premier ministre. Plusieurs, munis de lames, sont capables de dégager très rapidement des barricades, sous des tirs de cocktails molotov ou d’armes à feu, et d’y répliquer, à l’abri et avec une grande précision, par arme à feu ou par gaz lacrymogènes. Jusqu’à présent, ces moyens spéciaux étaient intervenus dans les Dom-Tom et à Notre-Dame-des-Landes. « Nous les utilisons très rarement en métropole », confirme une source à la direction de la gendarmerie, qui évoque également le déploiement de dispositifs de retenue autonome du public (DRAP, des grilles), des drones qui survoleront points chauds et quartiers à risques de la capitale, des hélicoptères et la cellule OEIL (moyens d’observation). Avec les camions lanceurs d’eau de la police : des « moyens exceptionnels, réservés aux situations les plus dégradées ».
Pas depuis mai 1968
Côté gendarmerie, la mobilisation sera « hors normes », avec 106 des 109 escadrons de gendarmerie mobile (les trois escadrons non engagés « rentrent de théâtres d’opérations éprouvants »). Toutes les forces, y compris en gendarmerie départementale et les réservistes, seront engagées. Permissions et congés ont été suspendus. « De mémoire, pareil dispositif n’a pas été mis en place depuis mai 1968 », commente la même source. Cette mobilisation intervient alors que les syndicats policiers et l’association Gendarmes et citoyens alertent sur « l’usure et la fatigue » des forces de l’ordre. Le 1er décembre, policiers et gendarmes avaient dû faire face à un déferlement de violences, notamment à Paris (133 blessés, dont 23 parmi les forces de l’ordre, 249 incendies, dont 112 véhicules, et six bâtiments). En une journée, la police avait tiré plus de grenades de désencerclement que pour toute l’année 2017 (1 040 contre 796). Les heurts avaient également donné lieu à des dérapages policiers.
L’ultra gauche en force
« Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il n’y a eu aucun mort et aucun blessé grave », note Bertrand Cavalier, général de division à la retraite de la gendarmerie, spécialiste reconnu du maintien de l’ordre, qui déplore « une baisse des moyens affectés à cette composante essentielle et ultime de la sécurité publique ».
Ce chaos inédit par son ampleur avait suscité de vives critiques. Cette fois-ci, la stratégie des forces de l’ordre sera différente. « Sur les 26 compagnies de CRS présentes samedi dernier, 21 étaient bloquées pour assurer la protection de la présidence de la République, l’Assemblée nationale et Matignon, détaille un policier. Ordre avait été donné à ces unités de ne pas aller au contact. » En matière de maintien de l’ordre, la règle est de maintenir à distance. « Les lacrymogènes ne font pas effet, observe un policier. En face, ceux qui veulent en découdre sont équipés. » Cette fois-ci, le dispositif sera mobile, et offensif si nécessaire. Avec tous les risques que comportent les « corps-à-corps »…
Selon une source policière parisienne, sur les quelque 3 500 manifestants violents estimés à Paris, près d’une centaine appartenaient à l’ultra droite et plus d’un millier à l’ultra gauche, avec des gilets jaunes radicalisés et, en fin d’après-midi, « des jeunes venus de cités pour piller ». Ce samedi, les autorités attendent moins de manifestants (ils étaient 10 000 à Paris, 137 000 dans tout le pays), mais « au moins autant d’éléments radicalisés ».
Source : Le Télégramme
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