Etat d’urgence en Charente : « Je n’ai pas compris ce qu’il se passait »

Perquisitionnées jeudi à 6 heures du matin dans le cadre de l’état d’urgence, deux personnes ont accepté de témoigner

Etat d'urgence en Charente : « Je n’ai pas compris ce qu’il se passait »
En Charente, les 10 perquisitions ont donné lieu à une seule interpellation, suivie d’une garde à vue. ©
illustration archives P. taris/« SO »
La Charente n’a pas échappé au phénomène national : sur les 1 616 perquisitions administratives déclenchées depuis le 14 novembre, 10 ont été recensées sur le département (lire par ailleurs). Des actions souvent menées au petit jour, par la police ou la gendarmerie, et qui laissent sans voix les personnes surprises en plein sommeil. « On a frappé violemment à ma porte à 6 heures en disant “Police, ouvrez”. Je n’ai pas compris ce qu’il se passait. » Ce témoignage est celui d’un habitant d’une résidente du quartier de Crouin, à Cognac. Cet Algérien arrivé en France il y a quinze ans a reçu la visite de la police jeudi matin. « Je ne trouve pas de raison, confie-t-il. J’ai pleuré après les attentats à Paris, comme tout le monde. J’ai surtout eu peur pour la santé de ma mère, très âgée. Ça lui a fait un choc au cœur. » Les policiers sont repartis sans expliquer le motif de leur venue.

Éviter les rumeurs

Même heure, même mode opératoire à Bréville au nord de Cognac, jeudi. Une vingtaine de gendarmes ont pénétré chez une famille encore endormie. « J’accepte de vous parler car de toute façon, avec ma peau bronzée, tout le monde va savoir que c’est moi. » Cette mère de famille d’origine maghrébine sait bien que dans ce petit village, les rumeurs vont vite. Elle préfère donc jouer la transparence, tout en gardant l’anonymat. « Nous sommes arrivés ici il y a un mois. Visiblement, les gendarmes sont venus car mon compagnon connaît quelqu’un qui était sous surveillance. »

Vêtements modernes, maquillage soigné, cette quadragénaire ne veut pas polémiquer. « Les gendarmes font ce qu’ils ont à faire. Vu le contexte, je n’ai rien à leur reprocher, ils se sont même excusés. Je n’ai juste pas été très contente de voir 20 gars dans mon salon, avec les chiens qui montent sur les meubles et les canapés. »

Deux opérations simultanées

L’opération a semble-t-il mobilisé une trentaine d’hommes lourdement armés, alertant tout le voisinage. « Les gendarmes ont même voulu ouvrir une pièce scellée, raconte l’habitante de Bréville. Ils ont donc appelé le propriétaire pour demander à ouvrir. Maintenant, on peut dire que tout le monde est vraiment au courant. Ce n’est pas très agréable. » D’autant que les gendarmes auraient perquisitionné leur ancien domicile. Mais, venus vérifier la présence éventuelle d’armes, ils seraient repartis les mains vides. Depuis deux jours, cette famille tente de reprendre le cours normal de sa vie, en croisant les doigts pour ne pas être victime des préjugés.

La préfecture, elle, souligne que « ces perquisitions administratives, [sont] réalisées dans le respect des procédures tant administratives que judiciaires […] et se sont déroulées sans aucun incident ». Elle ajoute poursuivre « sans faille son travail afin de lutter contre toute menace à l’ordre et la sécurité publics ».

Source : Sud Ouest

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