Etampes : un gendarme jugé pour avoir fait sauter des PV

Tribunal d’Evry. Une peine de 18 mois de prison avec sursis et 6 000 € d’amende a été requise contre l’ex-gendarme. (LP/Arnaud Journois.)

 

Il a gravi les échelons un par un, jusqu’au grade de capitaine. Une carrière longue de 33 ans dans la gendarmerie qui s’est achevée dans la disgrâce en 2009. Le gendarme de 57 ans a été dénoncé par ses subordonnés pour avoir fait sauter des PV et s’être laissé corrompre. Ce mardi, cet ex-officier, rayé des cadres mais qui a conservé le bénéfice de sa retraite, a comparu devant le tribunal correctionnel d’Evry.

Au cœur des débats, le système dit des « indulgences », « qui renforce le sentiment que la justice est à deux vitesses, qu’il y a deux lois », a dénoncé la substitut du procureur, qui a requis 18 mois de prison avec sursis et 6 000 € d’amende. L’affaire a été mise en délibéré au 21 juillet prochain.

L’officier était arrivé à la brigade motorisée d’Etampes en 2001. En 2009, le commandant du groupement change. « Les choses semblent avoir basculé à ce moment-là, fait remarquer le président du tribunal. Des gendarmes ont commencé à rapporter des choses qui ne leur semblaient pas normales ». « Surtout par esprit de vengeance, riposte le prévenu. Tous des hypocrites. Quand lors de l’enquête vous avez deux officiers supérieurs sur le dos… »

L’ex-gendarme reconnaît avoir fait sauter des PV, entre 150 et 200 sur la période 2006-2009. Et de produire une note de sa direction de 2001 encadrant cette pratique censée ne pas exister. Il y est mentionné que seules les « infractions mineures », ne mettant pas en danger la vie d’autrui, peuvent en bénéficier et que pour les excès de vitesse, « la tolérance est de 40 km/h ».

« J’ai l’impression de vivre un procès en sorcellerie », s’emporte son avocat, citant un rapport de la cour des comptes de 2010 pointant le fait que 525 000 amendes ont sauté cette année-là en dehors du cadre légal, soit 8,4% du total des verbalisations enregistrées en France. « Et aujourd’hui, ça continue les indulgences, poursuit l’avocat. C’est au parquet d’enquêter. Ne condamnez pas un lampiste. »Mais le militaire est aussi accusé de corruption, ce qu’il nie farouchement. En 2008, il avait fait sauter un PV à un entrepreneur dans le bâtiment, dont la sœur est gendarme, pour une histoire de camion trop chargé. Un an plus tard, ce dernier était venu poser 8 m² de carrelage chez le gendarme. Une autre fois, il avait été invité au restaurant par une connaissance lui demandant une indulgence pour un ami qui allait perdre 6 points. Le contrevenant avait réglé le restaurant et lui avait offert une bouteille de champagne. Le bouchon avait sauté, le PV aussi.

Source :  le Parisien

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