Est-il encore raisonnable de ne pas espérer une révolution dans la France de 2020 ?
Existe-t-il des gens raisonnables dans la France de 2020 qui ne souhaitent pas une révolution pour tordre le cou à la Vè République, à ses lourdeurs, à ses blocages, à sa technostructure qui l’accapare, la domine, lui mange la laine sur le dos et l’entraîne dans un déclin qui ressemble de plus en plus à une décadence ? Oui, bien sûr, une révolution est souhaitable, désirable, utile, indispensable dans ce gloubi-boulga institutionnel qu’aucune réformette n’est parvenue à améliorer. Il faut que ce pays se relève, et pour se relever, il doit commencer à balayer l’escalier par le haut.
L’urgence ou non d’une révolution fait partie des tabous français actuels. D’un côté, tout le monde sent bien que le système politique actuel est au bout de quelque chose. La Vè République est exsangue. D’un autre côté, la Révolution fait peur, et d’autant plus peur qu’elle se rapproche. Un nombre grandissant de Français vit en se demandant non si elle éclatera ou pas, mais quand elle éclatera. Toute la question est de savoir si elle est souhaitable et si elle se traduira par des violences et des épisodes sanguinaires effrayants… Voici quelques éléments de réponse à l’adresse des gens rationnels.
Révolution et ras-le-bol de la Vè République
La révolution commencera-t-elle par un défaut sur les retraites ?
Pour en savoir plus, ne manquez pas le papier que j’ai consacré aux 70 milliards€ du déficit des retraites prévisible sur les 5 années à venir. L’implosion de notre système de retraites est une opportunité pour la France.
L’urgence commence à se faire sentir
Pendant ce temps, la situation du pays ne cesse de se dégrader. Emmanuel Macron s’est montré incapable d’inverser l’expansion constante de la dépense publique et de l’intervention étatique dans l’économie et dans la vie privée des Français. Il se montre tout aussi incapable de réformer l’Etat et de le rendre efficace : la police se fait désormais ouvertement marcher sur les pieds par les voyous, voire pire. Les résultats du système éducatif plongent. Partout, la justice prend l’eau.
Au fond, notre système institutionnel est fatigué, épuisé par la technostructure qui l’encadre et le crible d’injonctions contradictoires sans cohérence et sans vision. Et pendant ce temps, les élus discutent, se chamaillent, s’occupent de leur carrière et se montrent incapables de redresser un pays à la dérive.
Le naufrage de la gestion de crise du coronavirus donne un exemple pour ainsi dire caricatural de ce laissez-aller où nous dérivons. Il est temps de réagir.
La révolution a peut-être commencé et nous ne le savons pas
Malgré ces constants accablants, la France tremble, et en son sein, les classes dirigeantes continuent à préférer absurdement, déraisonnablement, une survie sous tente à oxygène d’une Constitution en bout de course. On sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce qu’on gagne !
À tous ceux-là, il faut d’abord redire que la Révolution de 1789, qu’ils érigent souvent en repoussoir, n’a rien à voir avec l’épisode de 7 années de gouvernement par la rue souvent représenté dans les écoles. L’idéologie marxiste a volontiers travesti la Révolution en un épisode de terreur ininterrompue maintenue par un peuple en armes dans les rues. Cette vision très idéologique n’a rien à voir avec ce que décrit un témoin des faits comme Tocqueville, pour qui la France était entrée en Révolution sans vraiment le savoir ni s’en rendre compte, et qui en est sortie dans la même opacité.
D’ailleurs, peut-être la Révolution a-t-elle déjà commencé sans que nous ne l’ayons vue survenir. La prise de l’Arc-de-Triomphe le 3 décembre 2018 apparaîtra peut-être dans dix ans comme la première journée d’une révolution qui fera florès dans les années à venir. Personne ne peut le savoir.
La Révolution est aujourd’hui le choix le plus raisonnable que nous puissions faire
Dans la pratique, la rationalité commande aujourd’hui d’en finir avec cette République qui a parfaitement fait son office en 1958 lorsqu’il s’est agi de rétablir l’ordre face aux troubles en Algérie. Mais, depuis quelques décennies, les avantages de cette constitution très autoritaire sont chaque jour surpassés par ses inconvénients : faible représentativité de l’Assemblée Nationale, immobilisme des élites protégées de l’intervention citoyenne par une multitude de barrières qui les déconnecte de la réalité, arbitrages politiques sans débat avec la Nation, déliquescence de l’Etat.
Face à ces nombreux vices, rien n’y fait. Ni Sarkozy, ni Hollande, ni Macron ne sont parvenus à changer la donne. Quand un système ne se réforme pas, quand un système est bloqué, quand les gens qui en tirent parti se montrent incapables de le faire fonctionner dans l’intérêt général, ne faut-il pas changer le système et les gens qui le font ?
Ce choix de bon sens s’impose aujourd’hui, et n’est guère contrarié que par une peur irrationnelle du changement.
L’immobilisme de la Vè République n’évitera pas la violence
La croyance naïve des élites consiste à penser que le choix se situe entre une révolution violente et un immobilisme pacifique. Posée ainsi, l’alternative porte forcément à préférer la paix à la guerre. Sauf qu’il reste à prouver que l’immobilisme à tout prix dans la Vè République nous évitera la violence.
Il suffit d’examiner la situation dans les banlieues pour comprendre que ce pari est tout à fait audacieux. Tout porte à croire que la violence viendra beaucoup plus vite par le maintien dans la Vè République que par un changement de régime. Les policiers brutalisés dans les banlieues, les tensions dans la société française, les appels de plus en plus nombreux à une forme d’insurrection montrent que le statu quo institutionnel et constitutionnel ne nous empêchera pas de connaître des troubles extrêmement désagréables.
Rationnellement, là encore, il n’est pas inintéressant de se demander si un changement de régime accepté et maîtrisé n’est pas beaucoup plus raisonnable qu’un maintien coûte-que-coûte dans un cadre obsolète.
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