Escroquerie: un faux agent secret et un ex-vrai gendarme en procès
Pour gagner la confiance, il se faisait passer pour un agent secret, bluffant jusqu’à ses complices présumés, parmi lesquels un gendarme: un quadragénaire est jugé à partir de lundi pour escroquerie, abus de confiance et blanchiment en bande organisée.
L’homme doit également répondre jusqu’à jeudi devant le tribunal correctionnel de Versailles des chefs d’abus de biens sociaux, d’extorsion ou encore de falsification de chèque. Dix personnes, physiques et morales, se sont portées parties civiles.
En l’espace d’une dizaine d’années, le prévenu, arrivé du Liban dans les années 1990, est soupçonné d’avoir soutiré plus de 5 millions d’euros à des personnes dont il avait gagné la confiance. Ces fonds auraient été dépensés en frais personnels ou transférés vers son pays d’origine par mandats cash pour y être blanchis, via des sociétés écran.
L’homme de 42 ans, au casier judiciaire jusque-là vierge, a été mis en examen et écroué en mars 2015.
Egalement sur le banc des accusés, mais comparaissant libres sous contrôle judiciaire, cinq hommes, âgés de 42 à 61 ans. Parmi ces «hommes de main» présumés, des gérants de société, un expert-comptable et même un gendarme, à l’époque affecté à la Musique de la gendarmerie mobile, qui lui servait de chauffeur.
Pour tromper son monde, la «tête de réseau» présumée soignait son jeu, exhibant uniformes de la gendarmerie, objets siglés «DGSE», armes, holsters, gyrophare, photos de personnalités politiques de premier plan. Il se disait «colonel de gendarmerie», ayant ses entrées au sein des services secrets français, de l’Elysée, du Quai d’Orsay.
S’il est accusé d’avoir notamment abusé la confiance de deux de ses ex-compagnes, sa principale victime présumée est un restaurateur égyptien, installé à Rambouillet (Yvelines) qu’il a «complètement ruiné» en lui extorquant «2,2 millions d’euros», affirme Me Benoît Monin, avocat de ce dernier.
«J’ai des relations partout, je peux vous rendre des services. Ca vous coûtera 5.000 euros par mois», aurait-il promis au restaurateur qui se trouvait alors sous le coup d’un contrôle fiscal. Le commerçant obtempère, le considérant comme un ami, avant d’être menacé de représailles sur sa famille s’il cessait de payer, relate l’avocat.
Le prévenu aurait également abusé le propriétaire du logement qu’il louait près de Rambouillet: entre les loyers impayés et les sommes en chèques ou espèces remises à l’intéressé, le retraité estime son préjudice à 1,5 million d’euros.
Tout au long de l’instruction, le faux agent secret a nié avoir tiré les ficelles, estimant au contraire être l’objet d’un complot fomenté notamment par l’une de ses ex-compagnes, avec qui il a eu un fils et dont il s’est séparé en 2014.
Source : Libération
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