ENQUETE. Brice Louge : l’étrange affaire du disparu du Comminges
Depuis quatre mois, un ouvrier agricole sans histoire de Labarthe-Rivière, dans le Comminges, n’a plus donné signe de vie. Éconduit après avoir été surpris en pleine relation adultère avec sa patronne, Brice Louge, 30 ans, s’est volatilisé au volant de sa Clio, dans la nuit du 20 février 2022. Une enquête « particulière », confie le procureur de Saint-Gaudens.
Quatre mois écoulés et aucune trace de Brice Louge. Cet ouvrier agricole de 30 ans, sans histoire, s’est volatilisé dans la nuit du 19 au 20 février 2022, à Labarthe-Rivière, dans le Comminges.
Depuis cette soirée d’hiver, ses parents et ses amis, domiciliés dans cette petite localité de 1 300 habitants, vivent avec l’infime espoir de le retrouver. Mais chaque jour qui passe devient un fardeau supplémentaire. « Brice n’avait aucun penchant suicidaire et était en parfaite santé. Sa disparition nous laisse sans voix, c’est incompréhensible », rapportent quelques-uns de ses proches que nous avons rencontrés (lire ci-contre), à Labarthe-Rivière, ce paisible village plongé brutalement dans la sidération.
Un moment de vive tension lorsque les deux amants se font surprendre
Dans la soirée du 19 février 2020, alors qu’il revient d’un repas avec ses amis chasseurs, Brice se rend au domicile de sa patronne, Nadine, à moins d’un kilomètre de sa maison où il vit avec ses parents, à Labarthe. Là, il est surpris en pleine intimité avec cette femme par le fils de cette dernière qui ignorait tout de cette relation adultère et clandestine. Éconduit, Brice quitte alors les lieux dans la précipitation et le fracas, au volant de sa voiture, une Clio Campus.
Dans ce moment de vive tension, le fils de son employeuse donne un violent coup de poing contre le mur de la chambre, où les deux amants ont été démasqués, pour faire éclater sa colère. Des traces de sang retrouvées par les gendarmes témoignent d’ailleurs de cet accès de rage. Il était venu à la demande de son père, parti à la chasse ce week-end et inquiet d’être sans nouvelle de sa compagne qui ne répondait pas à ses appels.
Depuis cette soirée digne d’un mauvais vaudeville, plus aucune nouvelle de Brice. Son téléphone portable éteint n’a jamais permis de localiser le disparu. Et son véhicule, qui est un ancien modèle, n’est pas équipé d’instrument de géolocalisation.
D’importants moyens de recherche déployés par les gendarmes
Dès le lendemain, l’inquiétude monte auprès de ses proches et notamment de ses parents, un couple de retraités aujourd’hui sous le choc. Des battues sont organisées durant plusieurs jours par des amis de Brice dans un rayon de plus de 30 kilomètres autour de Labarthe-Rivière. Certains s’arrêtent même de travailler le temps des recherches pour se donner toutes les chances de retrouver la trace de Brice. Son visage souriant, derrière ses lunettes anthracite est affiché dans les rues du village, devant des édifices publics.
Dans le même temps, les gendarmes de la brigade de recherches de Saint-Gaudens, sous l’autorité du parquet, puis d’un juge d’instruction, entendent tous les protagonistes de cette affaire. Aucun ne fait l’objet d’une garde à vue. Les employeurs de Brice Louge, ses amis, ses parents, répondent à toutes les questions des gendarmes afin d’orienter les investigations.
Hélicoptère, drones et plongeurs sont déployés par les gendarmes. Mais toujours rien. Le trentenaire travaille depuis une dizaine d’années dans les domaines agricoles de ses employeurs et exploitants, à Labarthe et à Martres-Rivière. Un ouvrier qui donne entière satisfaction dans son travail, alternant une semaine dans l’exploitation de sa patronne, également conseillère municipale de Labarthe et la seconde semaine chez le conjoint de celle-ci, à Martres-de-Rivière.
Brice devait retrouver ses amis chasseurs
Brice a trois passions, la chasse, l’agriculture et une attirance pour Nadine, sa patronne dont il était amoureux. Pour le procureur de la République de Saint-Gaudens, Christophe Amunzateguy, « il s’agit bien d’une affaire particulière et compliquée car en plus de la disparition de cet homme, nous n’arrivons pas à retrouver son véhicule ». Les ravins, les étendues d’eau, les lacs ont été sondés. Les sous-bois ratissés. En vain. L’enquête est toujours ouverte pour « disparition inquiétante ». « Aucune piste n’est écartée. Mais à ce stade, nous n’avons pas de confirmation d’un scénario macabre. La piste de l’homicide n’est pas complètement fermée ».
Brice Louge devait retrouver ses amis chasseurs durant la journée du 20 février. « Aucun élément n’a mis en évidence une quelconque fragilité psychologique ou des tendances suicidaires », assure le chef du parquet de Saint-Gaudens. Un constat partagé par les proches du disparu confrontés à une véritable énigme. Brice Louge aurait-il décidé de prendre le large après la découverte de cette relation cachée, trop difficile à assumer ? Mais cette thèse d’une fuite volontaire et d’un exil forcé, semble peu compatible avec le profil de cet homme, attaché à ses proches et à son cadre de vie. Ses parents, ses amis tentent d’obtenir des réponses dans ce vaste puzzle où de nombreuses pièces font encore cruellement défaut.
Frédéric Abéla
Source : La Dépêche
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