En Nouvelle-Calédonie, le long chemin du pardon
Plusieurs cérémonies ont permis de cicatriser les plaies de l’année 1988 au cours de laquelle 19 militants indépendantistes sont morts lors de l’assaut de la grotte de Gossanah.
Affiche des 19 militants indépendantistes tués lors de l’assaut par l’armée et la gendarmerie de la grotte de Gossanah, en 1988. THEO ROUBY / AFP
C’était il y a trente ans. Les commémorations des « événements » de 1988 ont commencé à Ouvéa. Un office œcuménique s’est déroulé dimanche 22 avril à l’intérieur et à l’extérieur de l’église Saint-Michel, trop petite pour accueillir une foule compacte dans laquelle se mêlaient habitants d’Iaaï (le nom kanak d’Ouvéa), élus et chefs coutumiers, représentants de l’Etat et des institutions, gendarmes et militaires. Beaucoup de femmes en robes missionnaires et de jeunes arborant des t-shirts sur lesquels était inscrit « Il y a trente ans déjà ».
Le 22 avril 1988, un groupe d’une quarantaine de militants indépendantistes, conduit par Alphonse Dianou, attaque la brigade de gendarmerie de Fayaoué, sur l’île d’Ouvéa, alors que le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) a décidé de boycotter les élections régionales qui doivent se tenir le 24 avril, en même temps que le premier tour de l’élection présidentielle. Ce scrutin est censé entériner le « statut Pons », nettement défavorable aux indépendantistes. L’attaque dégénère : quatre gendarmes sont tués, vingt-sept pris en otages, et trois indépendantistes sont blessés.
Les otages sont divisés en deux groupes. Le premier, dirigé par Chanel Kapoeri, part vers le sud de l’île, à Mouly. Il relâchera ses otages trois jours plus tard. Alphonse Dianou emmène le second groupe de seize otages dans le nord de l’île, à Gossanah, et les retient dans la « grotte sacrée » de Wateto. Coupée du monde, l’île est déclarée « zone militaire interdite ». D’importants renforts militaires et de gendarmerie sont dépêchés, dont le 11e régiment parachutiste de choc (RPC) et le groupe d’intervention de la gendarmerie nationale.
« Mission de dialogue »
Le 5 mai, trois jours avant le second tour de la présidentielle, l’opération « Victor » est déclenchée. Dix-neuf militants indépendantistes et deux militaires y trouveront la mort. Les arbres et les roches portent encore les stigmates de…
Lire la suite : Le Monde
Laisser un commentaire