EN IMAGES – Manifestation de policiers à Paris : « Je suis au bout du rouleau »

REVENDICATIONS – Plusieurs milliers de policiers ont défilé ce jeudi dans les rues de Paris pour demander de la reconnaissance et une augmentation de la prime de risque alors que le pays a été la cible d’attentats et qu’il se trouve en état d’urgence. Pour beaucoup de fonctionnaires, la surcharge de travail et les heures supplémentaires non payées ne sont plus supportables.

« Policiers en colère ! Policiers en colère ! » Ils ont scandé le même slogan tout le long du parcours, le rythmant parfois par des percussions ou des hurlements de sirènes. Ce jeudi, quelque 10.000 fonctionnaires, selon les organisateurs (la préfecture de Police n’a pas souhaité donner de chiffres) ont défilé à Paris, de la place Clemenceau à la rue de Varenne (7e), tentant de rejoindre l’hôtel Matignon avant d’en être empêchés par des collègues en poste.

Après les lycéens, les étudiants, les chômeurs et les salariés qui sont descendus plusieurs fois dans la rue ces dernières semaines pour protester contre le projet de loi El Khomri, ce sont cette fois les policiers qui, à l’appel d’ Unité-police SGP-FO, second syndicat de gardiens de la paix, ont foulé le pavé pour réclamer l’augmentation de la « prime de risque » sur fond d’attentat et d’état d’urgence qui « use » les troupes.

« Ras le bol des salades, les policiers veulent du blé »

Munis de banderoles et pancartes sur lesquelles on pouvait lire notamment « Toujours en première ligne… La police attend une juste reconnaissance », « Ras le bol des salades, les policiers veulent du blé » ou encore : « Votre sécurité a un prix, nous attendons protection et reconnaissance », les manifestants ont attiré l’œil des passants. « C’est quoi ça, c’est contre la loi Travail ? » demande une mamie au service d’ordre. « C’est la police Madame. Ne vous inquiétez pas », lui répond-on.

L’ambiance, c’est certain, n’était pas la même que mardi, à l’occasion de la manifestation des lycéens entre la place de la Nation et la Bastille. « On est des flics, surveillés par des flics. Ici, il n’y aura ni pavé, ni balles de peinture, ni œufs. On crie pour se faire entendre, on tape sur des tambours pour faire du bruit. Et même si nous sommes très en colère contre le gouvernement et ses promesses non tenues, chez nous, il n’y a pas aura pas de casse », nous lance Thomas, 20 ans de métier. Marc, un étudiant de 21 ans qui prend la conversation en cours et qui a participé à plusieurs manifs contre la loi Travail, s’étonne : « Là, on ne se pose pas la question de savoir si c’est autorisé. Les fumigènes et le reste, pour vous pas de problème », raille-t-il.

« Le compte n’y est pas »

Il y a quatre mois, les policiers étaient déjà descendus dans la rue pour formuler leurs revendications. François Hollande avait alors reçu les représentants des policiers et des gendarmes annonçant la mise en place d’un plan global et promettant des moyens, des améliorations de carrière et de travail, selon un plan triennal.

« Le compte n’y est pas » a lancé au micro Yves Lefebvre, secrétaire général FO bloqué comme ses collègues à quelques dizaines de mètres de l’hôtel Matignon. « Monsieur le Président, il y a de l’argent, alors donnez-le aux bleus qui assurent votre sécurité et celle des Français » a-t-il dit.

« Un truc qui cloche »

« J’ai 25 ans d’ancienneté, deux enfants à charge. Ça fait six ans qu’on a pas été augmentés. Pourtant, la charge de boulot n’a cessé de croître et 10 000 postes ont été supprimés. Il n’y a pas un truc qui cloche selon vous ? », questionne Caroline. Sophie, divorcée, dit elle aussi qu’elle ne sait plus comment faire : « Mes horaires sont à rallonge. Comment je fais avec mes deux petits à récupérer à l’école ? Et bien, je me débrouille et je casse ma tirelire pour la baby-sitter! Il y a eu des attentats, il y a l’état d’urgence. Mais pour bien faire notre métier, il nous faut du repos, et, en cas de surcharge de travail, le billet qui va avec. Je vais vous dire, moi, là, je suis au bout du rouleau. »

Cette semaine, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a proposé aux représentants des forces de l’ordre une augmentation de deux points sur quatre années de l’indemnité dite de sujétions spéciales (ISSP) (prime de risque) ainsi que des améliorations de carrière. Un protocole doit être signé lundi prochain à Beauvau et une nouvelle rencontre le président de la République François Hollande devrait être organisée mardi.

Source et Photos : MetroNews

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *