Emmanuel Macron. Un jeune homme si parfait, d’Anne Fulda.
Plon, 2017 ; J’ai lu 2018, 192 p., 6 €
De qui diable Emmanuel Macron est-il la « prostituée » ?
lundi 24 mars 2025, par Lionel Labosse
Ce petit livre m’est tombé par hasard entre les mains dans une boîte à livres. Je suis innocent, je ne l’ai pas acheté ! Je me suis dit qu’il serait intéressant de le lire rétrospectivement, maintenant qu’une enquête de fond a radiographié le storytelling initial de notre couple de tourtereaux, si ce n’est de tourteaux, voire de crabes, ou plutôt de bernard-l’hermite, ce crustacé qui squatte l’identité d’un mort… Une de nos Merruques jaunes célèbre le bernard-l’hermite (ci-dessous).
Il est un fait que cette hagiographie est tissue de fil blanc. La journaliste Anne Fulda fait partie de la caste arrosée de subventions et de prébendes ; elle ne peut donc pas dire la vérité, tout au plus relever quelques mensonges. En l’appliquant à rebours, la devise d’Albert Londres : « Porter la plume dans la plaie » devient « Caresser l’anus de sa plume » ! D’ailleurs Wikipédia nous apprend que « En 2005 elle a une liaison avec le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, qui dure de l’automne 2005 au printemps 2006, lorsque Cécilia Sarkozy, l’épouse du ministre et futur président de la République, a de son côté une aventure avec le publicitaire Richard Attias à New York ». Voilà, on sait à qui on a affaire. Elle a raté sa chance de devenir « première dame » ; à mon avis elle n’a aucune chance avec son nouveau sujet ; mais d’après cet article, sa brève expérience avec un futur président devrait lui permettre d’avoir un regard critique sur la femme d’un autre.
Il faut voir cela avec empathie, et considérer Anne Fulda, à l’instar d’Emmanuelle Anizon, comme des otages de terroristes forcés à s’exprimer devant une caméra, un fusil sur la tempe. Dans ces conditions de liberté d’expression, il faut user de ruse pour faire passer un message !
Tout sonne faux dans le moindre détail dans cette légende dorée d’une « prostituée » (selon les propres mots du futur chef de l’Étron (le champion du monde de l’empathie selon ce livre, qui à force d’empathie, voulut « emmerder les non vaxinés »), mais on relèvera entre les lignes au fil des pages, des aveux et des contradictions par rapport aux versions subséquentes du récit publicitaire sur le produit macron. L’air de rien, l’auteure impose quand même en filigrane l’image d’une prostituée, et les nombreuses invocations de Balzac nous mettent sur la piste d’une suite de son chef-d’œuvre, que j’intitulerai : Splendeurs et misères des courtisans.

Ce livre sans prétention signé d’un « grand reporter » contient 10 brefs chapitres, précédés et suivis d’un prologue, épilogue et postface inédite ajoutée à l’édition de poche. Un reportage de France 3 reprend des passages de ce livre.
1. « Le fils de dieu »
Les deux parents sont interrogés séparément, tous les entretiens étant antérieurs à l’élection de 2017 (datés en bas de page de janvier / février 2017). On commence par la fameuse « rumeur » créée de toutes pièces : « Quand elle a entendu les rumeurs sur la présumée homosexualité, elle a dit à son fils : « Mais tu vas démentir ! » Il lui a rétorqué : « Mais non, maman, répondre ne ferait qu’alimenter cette rumeur infondée et sans intérêt. » (p. 25). Il y aurait donc des rumeurs « infondées » qui auraient de l’intérêt ? En tout cas, l’attitude de Choupinet a bien changé sur ce sujet depuis qu’il est devenu Notre Führoncle !

Jean-Michel Macron se défend : « Nous étions des parents dans la moyenne qui s’occupaient de leurs enfants. Une vie banale. On ne l’a pas mis dehors. » Il dit ça calmement. Oui, il trouve cette interprétation « désagréable et tellement caricaturale », et a accepté de s’exprimer uniquement parce qu’on l’y a encouragé, pour ne pas donner l’impression qu’il y a quelque chose à cacher. Tout comme sa femme. À cause de la loi non écrite de la nécessaire transparence ou pseudo-transparence qu’exige une vie publique » (p. 27). « Pour ne pas donner l’impression qu’il y a quelque chose à cacher » : Ah bon ! Le foutage de gueule commence tôt ! Quant aux parents « dans la moyenne », le papa a quand même de quoi s’occuper : « Et travailler à Paris, à la « Salpé » (Salpêtrière) notamment. « Ma passion pour le cerveau a continué », résume-t-il de son côté, aujourd’hui spécialisé dans l’épilepsie et les troubles du sommeil, et chef de service en neurobiologie » (p. 29). Ce n’est pas clair : chef de service, à Paris, ou à Amiens ? Wikipédia répond en Picardie.
Un passage a retenu mon attention, à confronter à d’autres informations : « Pendant deux-trois ans, Jean-Michel a fait du grec avec Emmanuel (le grec n’était pas enseigné à La Providence, le collège de jésuites où il était depuis le collège) –, comme plus tard avec sa fille. Il a aussi travaillé un peu la « philo » avec lui. » Alors premièrement, un « collège » (qui est aussi un lycée en fait), qui plus est catholique, avec sa taille critique en nombre d’élèves, qui recrute dans la bourgeoisie, me semble devoir avoir dans son corps enseignant au moins un, sinon deux professeurs de lettres classiques, c’est-à-dire enseignant le latin et le grec. Admettons, au pire, qu’il n’y ait pas eu suffisamment d’élèves demandeurs pour ouvrir une section de grec, il me semble qu’avec deux parents médecins, il aurait été possible de payer un enseignant pour assurer cet enseignement à la maison. Je vois mal un médecin, qui plus est chef de service, consacrant ses week-ends à enseigner le grec à l’un de ses enfants alors qu’il a les moyens de payer un spécialiste, voire de payer des cours du CNED ! Tout cela sonne faux. Avec un tel métier, on aurait plutôt envie de faire du vélo, ou de profiter de la nature, surtout avec trois enfants d’âge assez proche, pour se changer les idées.
Le parcours professionnel de la mère est retracé pp. 27-28. Il est question de « pédiatrie », mais elle arrête à la naissance de ses enfants, puis « elle passe le concours de la Sécu et y devient, à partir de 1981, médecin vacataire puis médecin conseil détaché au contrôle des hôpitaux » (p. 27) « En 1999, médecin chef divorcée, elle quitte Amiens (elle avait demandé Paris, Toulouse, Montpellier) et se retrouve à Paris. Elle devient à nouveau médecin conseil de base, a des consultations à la Goutte d’Or – « rien de passionnant ». En 2001, elle est reçue à la Caisse nationale d’assurance maladie. Elle écrit des articles scientifiques sur la dialyse, puis est nommée chef de projet sur le PRADO, le Programme d’accompagnement au retour à domicile après hospitalisation. » Rien ne vous étonne ? Pas un mot sur la question des personnes en transition de genre dont Xavier Poussard nous a appris, preuves à l’appui, qu’elle fut spécialiste. C’est quand même étonnant, car d’une part les spécialistes de ce domaine ne doivent pas être si nombreux, d’autre part, quand on a maîtrisé un tel domaine, cela ne doit guère être exaltant de s’occuper de dialyse. Et puis « à la Goutte d’Or », en 2001, juste quand votre serviteur s’est installé dans ce quartier quand même un peu spécial, lieu d’installation de la première « salle de shoot » de Paris quelques années plus tard !
2. « Manu et Manette, « je n’aime que toi » »
Nous voici avec l’histoire invraisemblable de « Manette », la mère-grand. Anne Fulda persifle avec finesse : « Brigitte, elle, a compris qu’il n’était pas question de vouloir briser ou minimiser cette relation exceptionnelle. Elle a saisi que c’était impossible, non négociable. Parce que Manette était « un pilier » pour Emmanuel. Parce que, au fond, ces deux-là vivaient aussi une histoire d’amour. Singulière, mais une histoire d’amour pure, forte, indestructible. Entre une grand-mère et son petit-fils. Ceux qui ont connu de telles relations avec leur aïeule – et ils sont quelques-uns parmi les « proches » d’Emmanuel Macron – sont unanimes : on ne noue pas deux fois, dans une vie, de tels liens » (p. 39). Ben si, Manu s’est dégotté avec « Brigitte » une « histoire d’amour pure, forte, indestructible. Entre une grand-mère et son petit-fils ». Et si la clé était cette mère-grand ?
J’ai du mal à croire la légende dorée de cette grand-mère : « Née Arribet dans une famille modeste de Bagnères-de-Bigorre, d’un père chef de gare et d’une mère femme de ménage, elle fut la seule à poursuivre ses études au-delà du brevet. Une singularité d’autant plus notable que son père « lisait mal et sans comprendre les nuances » et que sa mère – la fameuse arrière-grand-mère illettrée à laquelle Emmanuel Macron a fait allusion après avoir évoqué les salariées de l’entreprise Gad – ne savait pas lire, comme le raconte l’ancien ministre dans son livre. Remarquée par un professeur de philo en terminale, Germaine avait suivi des études de lettres par correspondance pour décrocher, poursuit son héritier, « quelques années avant la guerre, le diplôme qui lui permettrait d’enseigner à Nevers ».
En tant qu’auteur de M&mnoux, qui traite de ces choses, je suis très dubitatif sur le fait que, avant la guerre, une personne de ce milieu social ait pu atteindre la terminale ; quant aux « études de lettres par correspondance », là on est dans la science-fiction dans les années 30, alors que dans les années 80 et 90, le grec par correspondance, ça existait, et ça se faisait couramment pour des raisons évidentes de faible effectif.
Un détail intéressant dans ce chapitre et les autres, sont les auteurs de référence cités. Ce sont des auteurs classiques, mais pas encore les auteurs connotés que l’on a relevés depuis le brigittegate (Gide, et Tournier). Voici un exemple, p. 38 : « Molière et Racine, Georges Duhamel, auteur un peu oublié qu’elle aimait, Mauriac et Giono », se souvient Emmanuel Macron dans son livre. »
3. « Vivre et aimer »
« À la fin de la seconde, les professeurs montent donc un dossier pour qu’Emmanuel Macron puisse intégrer Henri-IV. Il entre dans le prestigieux lycée parisien en terminale. Les parents se rendent alors à Paris afin de lui trouver un logement » (p. 55).
« À dix-huit ans, désormais inscrit en prépa, alors que son histoire avec Brigitte se renforce sans cesse et qu’il n’est pas un jour sans qu’ils se parlent, il n’a pas changé d’avis. Et déclare à sa mère : « Maman j’aime toujours Brigitte Si vous comprenez tant mieux, sinon je l’entretiendrai. »
Convaincue qu’« il ira jusqu’au bout », Françoise Noguès-Macron n’essaie même pas, assure-t-elle, de le faire changer d’avis : « Si j’ai pensé à le dissuader – dissuader Emmanuel, non, ce n’est pas possible. C’est un garçon déterminé et j’ai tout de suite su que cette relation serait sérieuse. On lui a dit : “Réfléchis, elle a déjà trois enfants” » (p. 57). Alors « je l’entretiendrai », c’est pas mal. C’est une courtisane à la Balzac, ou elle a un métier ? Qui est la courtisane des deux ? « Elle a déjà trois enfants » : mais elle a pas de mari ? Pourquoi « déjà » ? Il voulait mettre en cloque la vioque ? En 95 (18 ans), elle avait 42 ans. Je ne sais pas vous, mais moi, je serais allé voir le mari de la dame. Ils habitaient tous dans un mouchoir de poche au centre d’Amiens. Ils ne se sont jamais rencontrés dans la rue ? Avec ce niveau social, ils n’avaient aucun ami commun qui aurait pu jouer l’intermédiaire ? Je vois la scène au cinéma : le banquier croise au tabac du coin ou au comptoir de la chocolaterie Trogneux, le chef de service dont le fils de 16 ans brise son foyer. Ils font semblant de ne pas se voir. Cousu de fil blanc.
« Le temps aidant, les relations s’améliorent et, en 2000, Françoise Noguès-Macron part en vacances avec Emmanuel, Brigitte et sa fille, qui a le même âge qu’Estelle, la sœur d’Emmanuel » (p. 58). À croiser avec « Même la mère d’Emmanuel, qui a vécu comme une souffrance le choix de son fils d’élever des enfants et des petits-enfants qui ne sont pas les siens, est désormais apaisée » (p. 59). « Élever des enfants » ? des enfants de son âge ? Leur changer les couches ? Il est vrai que ce psychopathe (ce n’est pas dans le livre) a pour habitude de s’inviter au spectacle des accouchements de ses « belles-filles » qui ont son âge. Et sa grand-mère, qui est sa femme, en est fière ! Ajoutons que le père remarié de notre Emmanuel, lui a donné un demi-frère en 2005. A-t-il été invité à l’accouchement de sa « belle-mère » plus jeune que sa femme ? (ce n’est pas abordé dans ce livre).
4. « Brigitte, l’unique »
C’est le chapitre qui nous intéresse le plus.
La formule « détournement de mineur » n’est évoquée qu’une seule fois, dans le rappel opportun de l’affaire Gabrielle Russier : « Évidemment, la France de 1969 et Pompidou, et celle de Mitterrand, en 1993, n’ont pas grand-chose en commun. Comme le dit en riant le père d’Emmanuel Macron : « L’eau a coulé sous les ponts depuis l’affaire Russier. » Et ce d’autant plus facilement que les parents d’Emmanuel – ils tiennent à le souligner – n’ont pas porté plainte à l’époque contre Brigitte Auzière pour détournement de mineur. » « En riant ». Mais dites-moi, avant de « porter plainte », juste s’inquiéter du mari du couguar et des trois enfants, qui habitent à quelques centaines de mètres de chez eux, et qu’ils croisent fréquemment dans la rue ? Juste être humain ? À moins que le papa Macron se soit autorisé de l’exemple de « Brigitte » pour se remarier lui aussi avec une jeunette. On ne sait rien de sa 2e femme, juste « Hélène Joly, psychiatre », ce qui suppose qu’elle n’avait pas 15 ans quand ils se rencontrèrent !
Anne Fulda sort les violons et recopie en bonne sténo les éléments de langage de l’Élysée : « Emmanuel Macron s’en offusque le premier : « Cette singularité ne serait pas relevée si la différence d’âge était inversée. Elle en dit beaucoup sur la misogynie persistante et explique en partie les rumeurs. Les gens ne peuvent pas accepter quelque chose de sincère, d’unique. C’est sans doute ça. Je le savais dès le début. Vous parliez de destin… Quand j’ai décidé je le savais. Ça avait la force d’une évidence. » Il savait donc que Brigitte – qu’il cite, après Paul Ricœur et Michel Rocard, lorsqu’on lui demande qui l’a vraiment impressionné dans la vie (« Elle m’a impressionné par sa détermination, c’est elle la vraie transgressive ») –, Brigitte, pour qui il a décidé de renoncer à la paternité, serait son élue » (p. 62). Sans blague ! « décidé de renoncer à la paternité ». Et alors, « c’est elle la vraie transgressive ». « Trans » quoi ? Ah « transgressive » ; mais transgressive de quoi s’il vous plaît, puisque « transgressive » il y a ? Aurait-on raté un truc ?
Anne Fulda cite une formule qui laisse pantois, car elle autorise un tour de passe-passe digne de Gérard Majax : « « Croquer du minet » : à dire vrai, tel n’est pas vraiment l’objectif de Brigitte Macron, qui se retrouve cependant de facto comme une espèce de porte-drapeau, de figure de proue vengeant toutes les femmes mûres de France et de Navarre délaissées par leur mari ou compagnon pour des jeunettes » (p. 63). Il s’agit d’une citation d’un article de Luc Le Vaillant pour Libération, 12 septembre 2016, « Brigitte Macron : l’âge fait beaucoup à l’affaire », ce qui révèle que la machinerie macron était balisée de tous côtés. On appréciera, en passant, la photo de Brigitte avant de passer dans les mains du Dr Bui… Il faut citer cet article de propagande du journal préféré des pédophiles ; vous relèverez encore une fois les références littéraires :
« Détournement de majeure ? Elle était enseignante chez les jésuites. Il était élève. Elle était mariée à un banquier et mère de trois enfants. Il n’avait pas 18 ans et était le condisciple de l’une de ses filles. Leur histoire singulière a pu exister. Et c’est tant mieux. On n’est plus dans les années 70, au temps de Gabrielle Russier, agrégée suicidée après une liaison avec un élève. Mourir d’aimer peut désormais s’éviter. Espérons que Macron président se souviendra que la liberté des mœurs doit être préservée et que la majorité sexuelle sonne à 15 ans. Sans oublier que la tolérance devrait être la même si Brigitte se prénommait, disons, François, et Emmanuel, Emmanuelle.
Le référentiel littéraire. La romance entre un docteur en philosophie [pourquoi pas prix Nobel ?] et une passionnée de Maupassant déclenche l’envie de leur chercher des modèles littéraires. On va y voir chez Benjamin Constant, Flaubert ou Stendhal. La quête est plus difficile que prévue. Il n’a pas l’inconstance méprisante d’Adolphe. Elle n’a pas la furie victimaire d’Ellénore. Il ne la désire pas en vain comme Frédéric Moreau. Elle ne se refuse pas à lui une vie durant comme madame Arnoux. Il a plus le flambant de Julien Sorel. Mais cette admiratrice de Don Juan ne se laisse pas mourir comme madame de Rénal. »
Autre extrait à double sens : « Toutes ces considérations sur la différence d’âge – soulignées avec plus ou moins de finesse, après l’élection d’Emmanuel Macron, par la presse étrangère – agacent Brigitte Macron. Scrutée à travers la loupe grossissante et déformante de la presse, elle est étonnée que l’on s’étonne. Ne se cache pas pour le dire : « Ceux qui le soulignent n’ont rien compris à qui on était », lâche-t-elle » (p. 64). Il y a donc un truc à comprendre ? Permettez !
« Elle avait d’autres préoccupations que les on-dit. Ses parents, qui étaient malades tous deux. Ses enfants, surtout, sa principale préoccupation. « Je ne voulais pas qu’il y ait de dommages collatéraux. L’essentiel, c’était les enfants. De ne pas faire de mal à mes parents et à mes enfants. J’étais préoccupée par des choses plus essentielles que d’écouter les ragots de province. […] Les gens, non, mais ses frères et sœurs, et notamment son frère aîné (qui a vingt ans de plus qu’elle ?), oui. C’est que les Trogneux, à Amiens, ce n’est pas rien » (p. 65).
Le mari, elle s’en battait les couilles. Il n’est même pas question de l’organisation, de la garde des enfants de l’âge du gigolo. C’est amusant, au passage, ce mépris pour la province chez les chocolatiers. « Son frère aîné » : la formule vague permet de passer sous silence l’existence d’un autre frère, qui ne sera jamais évoqué dans le livre. Je relève quand même p. 72 « la petite dernière d’une famille de six enfants », mais pas question de Jean-Michel… dont nous savons qu’il fut son témoin de mariage, donc en principe son préféré…
L’auteur tisse le roman, et il semble que l’élément de langage « transgressif » doive être martelé : « Alors évidemment, chez les Trogneux, cette histoire d’amour qui vient troubler l’ordonnancement immuable d’une vie tranquille, ça coince. « C’est vrai, mes frères et sœurs y sont allés ! En invoquant notamment la morale ! En assurant que ce n’était pas moral ! » Aujourd’hui encore, Brigitte Macron assure qu’elle ne voit pas où est la transgression, joue l’étonnement : « Moi, transgressive ? C’était transgressif parce que c’est Emmanuel mais pas à cause de notre différence d’âge ! » […] Notre histoire s’explique par ce qu’il est, pas par son âge. Emmanuel, c’est une forme d’intelligence rare, alliée à une humanité exceptionnelle. Une force qui va » (p. 66). Alors voilà Hernani, maintenant. S’imaginerait-elle mourir sur le corps de son minet ?
Légende dorée, ou plutôt argentée, genre argent sur les tempes du « daddy » : « Rétive au début puis qu’il a su dompter, apprivoiser. Petit à petit. Une famille où les petits-enfants de Brigitte (elle en a sept) ont l’âge des enfants qu’Emmanuel pourrait avoir. Et l’appellent « daddy »… » (p. 67).
La présence de David de Rothschild (un collègue de son ex banquier, sans doute) pour tenir la chandelle est amenée incidemment, sans qu’on se demande quoi ni qu’est-ce : « Elle compte énormément dans sa vie. Énormément. C’est une forme de référence psychologique » (p. 68), complète David de Rothschild qui a eu l’occasion de dîner avec le couple. » Une occasion inespérée, pour ce modeste banquier de faire la rencontre d’une prof de français qui détourna un mineur.
« Elle est sa principale interlocutrice. Mais aussi son émancipatrice et son accompagnatrice depuis qu’il a seize ans. Elle a été à son côté tant dans son ascension scolaire que professionnelle et amoureuse. » Ce n’est pas parce que cet extrait se situe p. 69 de l’édition de poche que j’ai du mal à comprendre la notion d’« ascension […] amoureuse ». S’agirait-il d’une pose du Kamasutra ?
Une information qui m’intéresse en tant que collègue : « Elle a vécu à Paris, à Strasbourg et à Amiens, a eu trois enfants, a passé une maîtrise de lettres, a été un temps – de 1982 à 1984 – attachée de presse à la chambre régionale et à la chambre de commerce du Nord-Pas-de-Calais. Un métier intéressant mais qui ne lui convenait pas. Elle est venue à l’enseignement un peu par hasard. Parce qu’une maman à qui elle a confié qu’elle travaillerait bien, à la suite de la naissance de sa fille Tiphaine, lui a glissé, à la sortie de l’école, à Strasbourg, qu’ils manquaient de profs à la direction diocésaine. […] Elle arrive à Amiens en 1991, où son mari a été affecté, et se retrouve alors tout naturellement, avec son CAPES de lettres, professeur de français et de latin au collège de La Providence » (p. 71). Alors il n’existait à cette époque pas de « CAPES de lettres ». C’est soit CAPES de lettres modernes, soit lettres classiques. S’il y a une version latine au Capes de lettres modernes, l’enseignant titulaire de ce Capes n’enseigne pas le latin, sauf exception peut-être dans un tout petit établissement, s’il s’en sent capable. Mais en principe, le Capes de lettres classiques étant moins sélectif (ratio candidats / postes), ceux qui sont capables d’enseigner le latin sont en lettres classiques, et donc professeurs de latin et grec.
Vu sa façon de la ramener sur tout et sa manie de citer les grands auteurs à tour de bras, si la donzelle avait été prof de latin, on l’aurait entendue citer Juvénal dans le texte. Or ses citations littéraires sont plutôt du style : « Montaigne a toujours dit qu’il faut toujours limer sa cervelle à celle d’autrui. Très important pour progresser. Donc ça, nous limons abondamment » (Dans cette vidéo mythique). Moi qui suis prof de lettres modernes, pour tout dire, je ne sens pas la collègue de lettres classiques dans ce sabir de poissonnière, surtout qu’il s’agissait de la première sortie de Madame devant les caméras, une sortie très préparée. Et si l’on avait mauvais esprit, l’on s’interrogerait aussi sur « a passé une maîtrise de lettres ». Comme ça ? Comme on passe au Monoprix ? Dans quelle fac ? À Alger ? Elle qui a tant d’entregent n’a-t-elle pas un prof émérite de la fac qui serait devenu de ponte, pote, à évoquer avec larmes dans les yeux ?
Mais on « passe » très vite, pour arriver à Saint-Louis de Gonzague (le lycée des millionnaires Franklin) où elle « prendra en charge les enfants de personnalités qui deviendront des amis, tels François Sureau ou Jean-Pierre Jouyet… Elle y fera aussi venir Erik Orsenna pour débattre avec son mari, mais aussi Fabrice Luchini » (p. 72). Ben voyons ! En ce qui me concerne, on m’a interdit d’inviter Pierre Jourde !
On peut admirer un morceau d’équilibrisme d’anthologie : « Absolue, Brigitte Macron, passionnée, elle cite aussi, parmi ses personnages préférés dans la littérature, Dom Juan (sic)… et prend des accents exaltés lorsqu’on évoque la cause des femmes et des enfants. Comme si des drames qu’elle tait l’avaient touchée de près. Ainsi assure-t-elle ne pas accepter, et même « être terrifiée, par ce qu’on peut faire aux femmes et aux enfants ». « Je ne le supporte pas. Je suis submergée par l’émotion. Dès que l’on fait du mal à des enfants c’est pour moi viscéralement insupportable. » Quand elle dit cela, on sent cette professeur ébranlée par le sort de certains adolescents en détresse qu’elle écoutait en dehors des heures de cours, bouleversée elle aussi. Comme si des images lui revenaient à l’esprit. C’est notamment pour cette raison que Brigitte Macron – qui voit dans le port du voile un signe d’oppression de l’homme sur la femme – est opposée, contrairement à son mari, au port du voile à l’université. « Emmanuel est un homme de consensus, moi je ne supporte pas dès que l’on fait du mal aux femmes, aux enfants. Je ne le supporte pas » (p. 73).
Alors je résume : elle admire Don Juan (le personnage avec un n ; le titre de la pièce de Molière avec un m), dont la profession est quand même violeur en série, et elle défend les femmes victimes. Elle détourne un mineur, et elle est « ébranlée par le sort de certains adolescents ». Au point de se les taper ? Ça nous rappelle le sketch d’Arnaud Tsamère : « Brigitte est ébranlée ». Et puis voilà le voile. Ébranlée et voilée ? Cela dit, il faut reconnaître que Bonnie & Clyde ne nous cachent rien ; ils éprouvent une jouissance sadique à tout dire. Son personnage préféré est un violeur (notez qu’elle ne dit pas pièce de théâtre préférée, mais personnage), et son « meilleur film » est un film de travelos (Certains l’aiment chaud). Tout est dit.
Un détail serait à vérifier : « elle se souvient qu’elle était collée tout le temps, notamment par la tante du chanteur Hugues Aufray, qui lui assénait : « Brigitte, vous êtes une petite impertinente » » (p. 74). Hugues Aufray étant né en 1929, une petite recherche généalogique s’impose !
Une déclaration ne manque pas de sel, au regard de la réalité : « Quelle est exactement son influence auprès d’Emmanuel Macron ? L’a-t-elle vraiment poussé à s’engager en politique et à se présenter à la présidentielle, manière d’assouvir une ambition par procuration ?
En réalité, cela semble plutôt être le contraire. Plusieurs fois, au cours de nos entretiens, elle a évoqué avec effroi la violence du monde politique, s’est montrée révulsée par ces mœurs brutales, choquée par le sort fait à Pénélope Fillon, par le lynchage médiatique du candidat de la droite et de son épouse. « Ce qui lui arrive, c’est l’hallali. Je ne la connais pas, mais je suis en empathie totale avec elle. Je la voyais au meeting dimanche… c’est impossible. Je me disais : “Comment fait-elle ?” – Je me retirerais du monde ; comme le Misanthrope… La vindicte populaire, cet acharnement, c’est détestable » (p. 75). Nous savons que l’éviction de Fillon était une manigance, et nous savons par la vidéo du 11 décembre 2015, qu’elle en était partie prenante. Quant à ses déclarations, son « effroi » et « Je me retirerais du monde », ça fait bien rigoler avec le recul ! Mais casse-toi donc !
« Au début, elle est restée professeur à Franklin puis elle a arrêté, à partir de juin 2015, se rendant vite compte que la vie de ministre d’Emmanuel Macron était incompatible avec la poursuite de son propre métier » (p. 77). Alors 2015, si elle est née en 1953, ça nous fait 62 ans ; je ne vois pas ce qu’il y a de spécial, sauf pour le décompte des trimestres, vu qu’elle a commencé tard ; mais les trois enfants sont censés compter. Pour Jean-Michel, cela ferait 70 ans. Que ne ferait-on pas pour collectionner les parents d’élèves milliardaires…
« Écrivant, désormais, une autre comédie : celle du pouvoir. Avec ses vertiges et ses revers violents, comme ces rumeurs persistantes sur l’homosexualité prétendue de son mari. Des rumeurs qu’elle évoque elle-même dans les dîners parisiens ou lorsqu’elle raconte, hilare : « L’autre jour, j’ai vu un “pépé” dans la rue qui me dit “On le sait bien qu’il n’est pas pédé, Macron !” Vous voulez dire homosexuel lui rétorque-t-elle. Et le pépé de continuer selon elle : “Moi, je les sens, les pédés !” » (p. 78). L’auteure ne semble pas se rendre compte de la contradiction avec ses affirmations précédentes sur le prétendu « effroi » de la dame, et sur la mère évoquant la rumeur. Mais “Moi, je les sens, les pédés !” est peut-être une allusion subliminale à “Moi, je les sens, les trans !”
Ils essaient de faire passer une fable Good cop, Bad cop, mais là aussi, avec le recul ça fait doucement rigoler pour ces amis des Rothschild : « Et l’influence-t-elle ? Il l’écoute, c’est évident, jugent en chœur ses proches, mais sans systématiquement suivre ses conseils ou avis. « J’ai des idées, je lui dis, il n’écoute pas toujours », confirme-t-elle. De droite sur certains sujets sociétaux, elle revendique sa différence. « Sur les femmes notamment, moi je suis plus radicale que lui. Pas du tout tolérante. Lui, il essaie de comprendre. » En gros la seule différence « sociétale » concernerait le sujet du « voile », le bon vieux truc des médias néocons pour maintenir l’illusion du « choc des civilisations ». On y croit.
Pour conclure sur ce chapitre affligeant sur un détournement de mineur, à l’heure où je rédige cette recension, une nouvelle défraie la chronique, qui pourrait rappeler à l’auteur de cette hagiographie en quoi consiste le journalisme : en Islande, la ministre de l’Éducation et de l’Enfance démissionne après avoir admis avoir eu un enfant avec un adolescent il y a 36 ans. 1989. Mais nous sommes des « conspirationnistes d’extrême drouâteuh »…
5. « Un homme et des lettres »
On a enfin la première évocation d’André Gide, glissé parmi la liste des auteurs adorés et transmis par mère-grand. Ils ont une place à part, dans le style m’as-tu-lu de son opuscule Révolution : « Gide et Cocteau en « compagnons irremplaçables » ; puis « Une grand-mère qui lui fait découvrir aussi Gide et Camus » (p. 82). Cet ajout en fin de liste semble forcé. Il est vrai que Gide, c’était le prix Nobel de la grande époque de Mère-grand, et un auteur très lu, indépendamment de sa réputation ; alors pourquoi cette place à part ? « Il y a sa rencontre avec Brigitte, évidemment. Enseignante de français et de latin, qui se définit comme « une dix-neuviémiste acharnée » ayant travaillé sur les premiers romans, Chrétien de Troyes (l’un des premiers auteurs de romans de chevalerie) et se dit « subjuguée par l’écriture de Flaubert ». Une femme de qui il s’est rapproché grâce au théâtre. Et donc aux mots, bien sûr » (p. 83). On se demande si cette dernière formule est un calembour. Tout sonne faux, comme d’habitude : une dix-neuviémiste acharnée qui a « travaillé » sur les romans du Moyen Âge. On aurait envie de lui demander son sujet de maîtrise. « La métaphore du godemiché dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo » ?
« J’allais chaque vendredi écrire avec elle pendant plusieurs heures une pièce de théâtre. Cela dura des mois. » (extrait de Révolution cité p. 83). Donc pas cours le vendredi dans ce lycée catho ? Comment cette mère de 3 enfants s’organisait-elle ? Titre de la pièce ? Est-ce qu’ils testent notre capacité à gober n’importe quoi ?
On perçoit enfin un soupçon de remise en cause de la légende dorée par l’hagiographe : « Il y a cette vocation d’écrivain que l’adolescent exalté pensait ancrée en lui, et que Brigitte, « quand elle était ma prof de français » (elle explique pourtant lui avoir uniquement enseigné le théâtre), avait partagée et encouragée, selon ses propos tenus à Jérôme Garcin » (p. 84). Mais l’hagiographe ne creuse pas trop les mensonges pourtant omniprésents de son héros « si parfait ». Elle le laisse dire qu’il « était trop
amoureux pour préparer sérieusement le concours » [de Normale sup], tout en relevant qu’il mentait en prétendant y avoir été. Se taper une vieille mariée mère de 3 enfants serait donc chronophage. Ah bon, mais les autres candidats, ils sont moines peut-être ? Est-ce que ne pas être amoureux ne veut pas dire, à cet âge, sortir pour draguer, activité plus chronophage que de se taper une vieille, toujours la même depuis l’âge de 15 ans ?
« Il y a tout cela, et il y a aussi, au fil de ses meetings, des citations appuyées, des références répétées aux « passions tristes » chères à Spinoza ou à La Comédie humaine de Balzac comme des signaux surlignés, des balises qui tenteraient d’imposer à l’ère d’Internet l’image d’un homme politique lettré, philosophe, en un mot différent de tous les autres » (p. 87). Que ne faut-il pas entendre ? Faut-il être « grand reporter » pour ne pas percevoir la vacuité absolue des discours de cet hologramme, sans doute imprimés par IA. Il s’agit du même crétin qui s’est exclamé « Il n’y a pas de culture française » ! Ce type me fait penser au protagoniste de Match Point de Woody Allen. On dirait qu’il s’est contenté de lire La Philosophie pour les nuls.
« Macron est un psychopathe » : l’analyse d’un psychiatre italien
par Global INFOPRESS
6. « De la séduction »
Voici enfin une idée qui tombe juste : « En fait, Emmanuel Macron est comme un don Juan asexué. Ou, plus exactement, un don Juan aux yeux duquel la conquête, la séduction ne sont pas sexuées, ni liées à l’accumulation de conquêtes féminines, mais correspondent plutôt à une sorte de réassurance narcissique perpétuelle. À un besoin presque pathologique de séduire. De convaincre. De renouveler sans cesse les commencements exaltants » (p. 95).
C’est quand même étonnant, car dès mai 2017, le psychiatre italien Adriano Segatori, lui, avait bien vu à quoi nous avions affaire, et même moi qui ne m’intéressais pas trop à la politique à l’époque, j’avais su sa forfaiture au sujet du journal Le Monde, évoquée dans ce chapitre.
Il est question de la séduction des vieux messieurs, un thème qui revient souvent. Il y a le fameux Paul Ricœur, évoqué à 13 reprises dans ce livre. « son professeur, l’historien François Dosse, auteur d’une biographie sur Paul Ricœur, le repère vite. […] C’est lui qui lui présente le philosophe Paul Ricœur, à l’époque en quête d’un étudiant capable de classer ses archives. » Faire croire qu’on s’inspire d’un philosophe connu sans doute par 0,01 % de la population, quand on a aidé un vieux monsieur à classer ses archives, c’est habile. Mais qu’y a-t-il de philosophique chez ce psychopathe éborgneur qui voulait « emmerder les non vaccinés », dites-moi ? Ce que je retiens de cette légende, c’est que l’Élysée a fourni une photo de 1999 du jeune branleur avec le vieux philosophe. Donc que la photo de famille ou d’amis était une pratique courante à cette époque. Intéressant, non ? Pourquoi l’Élysée ne retrouve-t-il pas une photo du petit Macron avec son beau-frère Jean-Michel, le frère préféré de son épouse ? Ils ont bien dû participer à maints repas de famille ?
7. « Les parrains et grands frères »
Ce sont notamment les vieillards que drague Macron. Il copine avec tous ceux qui peuvent faire croître son carnet d’adresses. En voici un peu connu : « Hermand, tombé sous le charme de ce garçon « brillant », lui dit : « Viens à Paris, je vais te présenter des gens », se souvient sa femme Béatrice. Emmanuel et Brigitte entrent donc dans la vie des Hermand. « Emmanuel et Henry se voyaient souvent et on dînait fréquemment à quatre ou avec une bande d’amis. On est aussi partis en vacances avec eux, lors de petits séjours », ajoute-t-elle. La veuve de ce généreux utopiste – il a prêté de l’argent à Emmanuel Macron afin d’acquérir son premier appartement […] – assure que son mari et Emmanuel s’aimaient beaucoup. « Emmanuel était un peu comme son fils », confie-t-elle, se souvenant que Brigitte – qui lui a confié un jour « qu’Emmanuel n’avait jamais eu de telles relations avec son propre père » – semble du même avis » (p. 104).
On a de petites listes édifiantes, au sein desquelles les noms de Jacques Attali, Alain Minc et David de Rothschild semblent jetés au hasard, façon coup de dés (ex. p. 106). Un côté amusant est la concurrence de ceux qui prétendent avoir « milité en faveur de son recrutement chez Rothschild » (p. 108), ou juste y avoir contribué. Ils semblent aussi nombreux que naguère les candidats au titre de « père de l’enfant de Rachida Dati. En l’occurrence, ce François Henrot défend son poulain de ce dont il ne viendrait à personne l’idée de l’accuser : « Il n’y a pas eu un mandat donné par l’État, pas un, quand il était à l’Élysée, pour Rothschild ; de même il n’y a pas eu une faveur dans l’une des affaires dont on avait à s’occuper. » Le même nous apprend que ledit poulain a de qui tenir : « Ah, monsieur Henrot, vous savez, il n’y a que trois personnes qui m’ont toujours dit bonjour et souhaité des vœux, c’est monsieur David [David de Rothschild], vous et monsieur Macron » (p. 109).
Tel un père, ce modeste banquier, qui répondra lui aussi aux questions de l’auteure, fait l’éloge de son fils spirituel, sans qu’on s’étonne qu’un Rothschild ne rechigne pas à signaler une telle proximité parmi les 700 employés de son seul siège parisien, comme une Dolly qui vous vendrait un gendre : « David de Rothschild a, par exemple, apprécié son intelligence et son charme. « Il y a quelque chose dans sa personnalité d’incontestablement attachant, dit-il. Il n’est pas dépourvu d’affect et, finalement, dans la sphère politique, c’est souvent masqué. » Et d’ajouter : « Dans la vie quotidienne au sein d’une maison de 700 personnes qui n’est pas la nation française, il fait ce qui est normal et que beaucoup de gens ne font pas : il dit bonjour aux secrétaires, demande comment elles vont, les embrasse. Quand vous lui parlez, il vous regarde, est capable de montrer de la tendresse, a de l’empathie. C’est une qualité dans une vie collective. Il a un rapport à l’autre » (p. 111)
Avec Alain Minc, qui a multiplié ce genre d’affirmations, on est en plein Splendeurs et Misères des courtisanes : « L’avocat Jean-Michel Darrois, grâce auquel Emmanuel Macron a pu obtenir son plus gros « deal » chez Rothschild, celui de Nestlé, relève : « Il est différent des autres ; on sent chez lui quelque chose de spécifique, il est à l’écoute. » Avant de préciser, pas dupe : « On se disait souvent avec Serge [Weinberg] et Alain [Minc] qu’il exerçait un pouvoir de séduction particulier sur les vieux messieurs… c’était très clair. D’ailleurs, un autre qui a été séduit par lui, c’est Brabeck [le P-DG de Nestlé]. » Notre Emmanuel de Rubempré a-t-il été à Brabeck ce qu’Esther Gobseck a été au baron de Nucingen ? On comprend qu’ils sont nombreux à revendiquer le rôle de Carlos Herrera auprès d’un tel séducteur, que Balzac qualifiait ainsi : « cet homme à moitié femme ». Sarkozy a eu la même impression : Pour Sarkozy, « Macron est « un peu homme, un peu femme » ».
Les références à Balzac sont parfois explicites :
« Et chaque fois, note un observateur amusé, avec pratiquement tous ses parrains ou pères s’est déroulé le même processus : dans un premier temps, ceux-ci étaient fiers que leur poulain réussisse dans la vie parisienne, dans un second temps ils se rendaient compte que le Rastignac s’était servi d’eux et que « le maître n’était pas celui qu’on pensait ». Chaque fois, ces honorables personnalités sont « allées vers Emmanuel qui ne leur a jamais menti mais qui a été sous-estimé par eux » » (p. 114).
8. « Scènes de famille, l’enfant du système. Jean-Pierre, Jacques, Alain et David. »
Dans ce chapitre, Anne Fulda s’approche du rôle d’un journaliste, mais elle a sans doute peur de se brûler les ailes, alors là aussi il faut lire entre les lignes. Il s’agit de Jouyet, Attali, Minc et Rothschild. Tous candidats au rôle clé dans la vie de Jupiter. « « Emmanuel », Jouyet l’a repéré depuis quelque temps déjà et l’ancien ministre de l’Économie lui doit probablement autant qu’à Jacques Attali dans sa promotion éclair » (p. 120). Sans doute est-ce un hasard si la référence à la beauté physique revient si souvent : Jouyet évoque « Des jeunes gens, beaux, à la tête bien faite, qui ont consacré des heures et des heures de travail afin d’assouvir leur ambition et qui se sont tous, cursus traditionnel en France, servi de la fonction publique et d’un passage en cabinet ministériel pour dynamiser une carrière dans le secteur privé » (p. 121). C’est amusant car personnellement, quand je vois les photos de Sarkozy, Hollande, Jouyet, Attali ou Minc, l’idée de « beauté » ne me vient pas vraiment à l’esprit. Donc qu’ont-ils donc à mettre cette idée au premier plan quand il s’agit de ce Rubembré de pacotille ?
Il se trouve que ce Jouyet aime la chanson française. Qu’à cela ne tienne, « Macron a des goûts de vieux en la matière. Il aime Léo Ferré (comme Hollande), Brassens mais aussi Claude François. Et il leur arrive, lors de séminaires à l’Inspection, d’entonner des refrains ensemble » (p. 122). Je suppose que ce Jouyet a dû revisiter ces moments d’extase en écoutant Aya Nakamura, si typique des « goûts de vieux » de son poulain, qui sont à mon humble avis, plutôt des goûts de dragueur de « vieux messieurs ». Et ce qu’il peut faire en chanson, il semble que macron soit capable de le faire en religion, car ce Jouyet a la particularité quasiment unique parmi les témoins cités dans ce livre, d’être catholique pratiquant : « Les deux hommes discutent aussi religion et sont proches par le réseau invisible liant ceux qui ont fréquenté les écoles privées catholiques. « C’était un autre truc qui nous rapprochait, le côté chrétien. Avec sa femme aussi », reconnaît Jouyet. Dans la grande famille recomposée Jouyet-Taittinger, certains enfants ne sont-ils pas élèves de Franklin où enseigne Brigitte Macron et où elle est très populaire ? » (p. 123). C’est vrai que quand je vois macron, ça saute aux yeux qu’il aime Léo Ferré et qu’il est sincèrement catholique de naissance, tout comme Brigitte est née femme ; en tout cas je suppute que Jouyet y croit fort ! Pour lui complaire, voici notre dernière chanson brigittologique, reprise de Léo Ferré. Elle a été supprimée de YouTube ; la voici sur Crowdbunker.

Anne Fulda a recueilli une formule de Jacques Attali qui a connu le succès : « Chez Jacques Attali, autre parrain un peu floué, qui se définit lui aussi comme « un grand frère » capable de rudoyer parfois son cadet, le désamour ou la prise de distance envers Emmanuel Macron ne s’expriment pas de la même façon. « Emmanuel Macron ? C’est moi qui l’ai repéré. C’est même moi qui l’ai inventé » » (p. 126). « Emmanuel Macron est « sa » créature. Sans lui, assure-t-il, il n’aurait pas pu en un temps aussi record en arriver là, quelles que soient ses qualités. Qualités, répète-t-il, qu’il est le premier à avoir décelées » (p. 127). À moi la belle tomate ! Je l’ai vue le premier ! Mais il semble y avoir un signe subliminal que ce n’est pas si sûr : « Avant de partir dans un petit rire saccadé, en sirotant sa tasse de thé vert, dans une salle de réunion de ses bureaux situés avenue de Messine, à quelques mètres des locaux de la banque Rothschild… » (p. 128).
Attali est dithyrambique : « Il se souvient ainsi d’avoir travaillé avec lui des nuits entières sur un sujet qui lui tenait particulièrement à cœur : la formation des chômeurs » (p. 130). Je crois que tout est dit, dans cette phrase, de la crapulerie de ceux qui nous dirigent. « La formation des chômeurs », comprenez : le pactole des formations pour les chômeurs, vaste scandale parmi d’autres de la hollandie. Cette population bizarre d’individus, souvent non élus et dont on se demande quelle est leur légitimité, s’emploient à « travailler des nuits entières », non pas pour créer des emplois, non pas pour redresser la natalité française, non pas pour augmenter le nombre de médecins, non pas pour donner à Mayotte le niveau de services digne d’un département français, enfin rien pour la France ; mais pour « la formation des chômeurs » ! Le chômage semble la destinée que ces gens non élus ont assignée à la France. Et c’est à ça qu’ils recrutent les pourritures qu’ils nous fourrent dans les pattes comme présidents.
Pour Alain Minc, voici son portrait : « « Alain Minc, c’est le système », assurent, sourire en coin, certains depuis qu’en 1995 les chiraquiens l’avaient désigné comme l’un des porte-drapeaux éclatants de la pensée unique. Peut-être, mais cet enfant de sang-mêlé, qui n’a jamais renié ses origines, est avant tout un fils de la méritocratie républicaine. Qui a joué des coudes pour en arriver là, devenir l’un des rois de Paris qui tire toutes les ficelles » (p. 131). Il n’a jamais renié ses origines, peut-être, mais Anne Fulda nous oblige à aller les chercher sur Wikipédia, ou nous sommes très étonnés d’apprendre que son père « naît au sein de la communauté juive biélorusse de Brest-Litovsk où l’antisémitisme est très fort ». Ah ! Nous avions craint un instant que ce brave « fils de la méritocratie républicaine » n’eût une goutte de sang noir ! Sang-mêlé ! Wikipédia nous apprend que ce « sang-mêlé » est « conseiller politique, essayiste et dirigeant d’entreprise français ». Quel est son titre pour nous foutre des macrons pour détruire la France ?
Mais l’élève dépasse ses maîtres en corruption de la vie politique : « Alain Minc, qui dit avoir conseillé à Macron – de même que Weinberg et Darrois –, d’aller chez Rothschild, se souvient avoir été bluffé par une conversation avec lui alors que certains évoquaient sa candidature à Marseille. Lors d’un déjeuner, Minc lui glisse l’idée et Macron répond : « Tu te trompes de monde, ça ne marche plus comme ça. Ce que tu me proposes c’est un itinéraire classique » (p. 133). Est-il question un seul instant de servir la France ?
Avec une candeur de « grand reporter », l’auteure participe au blanchiment de l’information sur le contrôle de Macron par Rothschild : « Avec un certain cran, il faut bien le reconnaître, car revendiquer de tels liens avec celui que certains présentent comme le grand Satan, l’incarnation de ce monde de la finance que François Hollande avait un jour de meeting au Bourget assuré vouloir terrasser, c’est hardi » (p. 136). On utilise les mêmes éléments de langage qu’avec Brigitte : le détournement de mineur, quel courage ! La corruption par la banque, quel courage ! Il n’en reste pas moins que de la part d’un journaliste, dans un livre consacré à la vie politique, le fait d’ignorer sciemment que David de Rothschild est en même temps président du conseil d’administration du Congrès juif mondial et accessoirement de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, qui emploie Rudy Reichstadt, qui dispense la vérité macroniste et donc Rothschildiste sur tous les médias de grand chemin, constitue un mensonge par omission et une connivence avec un « système » qu’on fait semblant de dénoncer.
N’est-il pas étonnant que ledit grand banquier, connu auparavant pour sa discrétion (il n’apparaît par exemple jamais dans le Palmarès annuel du Jerusalem Post des juifs les plus influents du monde) ait accordé deux entrevues dans la période d’accession programmée de son poulain, que Gaël Giraud qualifiera d’« enfant soldat au Congo » à la tête de la France. On se souvient de « Rothschild le pouvoir d’un nom », épisode de Complément d’enquête diffusé dans « Envoyé spécial » le 1er décembre 2016. Ne voyez pas d’autre raison au fait apparemment incompréhensible que l’inénarrable Rudy Reichstadt ne cesse d’invoquer à la façon d’un exorciste le bon vieil « antisémitisme » pour tenter désespérément de nous faire croire que l’épouse du protégé de son employeur est une femme, comme le souligne Résistance & Réinformation.
Le portrait est en creux, on est entre « amis », et que ces « amis » dépècent la France au profit d’une entité « qui n’est pas la nation française », il serait malséant de s’en inquiéter : « Préparant un café dans la petite cuisine attenante à son salon-bureau – moderne aussi et sans tableau d’ancêtre mais des photos de son père –, David de Rothschild se prête à l’exercice du questions-réponses. L’œil mi-clos, avec ce regard singulier qu’avait son père et qu’affiche également son frère Édouard. Ayant vu passer dans cette pièce des générations d’ambitieux, de jeunes loups aux dents acérées, de provinciaux avides de conquérir Paris, de puceaux de la politique tout émoustillés de se retrouver dans ce temple de la finance, il sait analyser les hommes et les situations, lui qui a bien connu Georges Pompidou, qui était un ami proche de son père » (p. 137).
Le fait que macron est une putain est martelé, comme une image subliminale pour les neuneus qui n’auraient pas compris, à commencer par l’intéressé : « On est comme une sorte de prostituée, le job, c’est de séduire… », déclare-t-il ainsi au Wall Street Journal. Ce qui lui vaudra les protestations d’associations de prostituées ! » Ben oui, traiter les putes de « macron », c’est diffamatoire ! On se rappelle l’affirmation d’Alain Minc dans Envoyé Spécial en 2016 : « C’est quand même un métier de pute ».

Bizarrement, ce n’est pas Rothschild qui est fléché comme appartenant à la communauté juive organisée, mais Attali : « Et David de Rothschild confirme que le jeune prodige a été recommandé par des « amis proches » de la maison, comme Serge Weinberg, Jean-Michel Darrois, marié à la nièce de David de Rothschild, Bettina Rheims, ou Jacques Attali, qui a longtemps siégé au Fonds social juif unifié, tous ayant été bluffés par ses prestations au sein de la commission Attali » (p. 138). À ce stade, oser évoquer la possibilité d’une ingérence serait bien entendu purement « antisémite ».
Le « charme » qui fait la « prostituée » (au grand cœur comme il se doit) est martelé ; et si c’était une copie d’élève, le prof que je suis entourerait de rouge et écrirait « évitez les répétitions » :
« Dès le premier rendez-vous, confirme David de Rothschild, « comme il est difficile de ne pas mesurer très vite qu’il est intelligent et charmeur, je lui ai dit qu’il fallait absolument qu’il rencontre un certain nombre de mes petits camarades, un nombre d’associés assez important. Et il y a eu un consensus pour qu’il vienne. C’était unanime. Alors il est venu. Ce fut un processus court, fluide et plutôt chaleureux ». […] Lorsque Macron arrive à la banque, il n’a pas de connaissances techniques mais, relève David de Rothschild, « dans nos métiers il y a une nécessité d’un socle technique très important mais aussi l’exigence d’être obsédé ou très, très focalisé sur le commerce. Et certaines personnes, du fait de leur talent, de leur charme, de leur entregent, de leurs études sont habilitées à apprendre très vite le métier sans pour autant maîtriser la technique ». Visiblement, c’est le cas du nouveau, qui exerce ses charmes sur tous et, malgré quelques crocs-en-jambe et petites jalousies naturelles, arrive à rallier derrière son panache jeunes et moins jeunes. Se montrant charmant avec tous, disant bonjour aux secrétaires – on l’a vu –, leur demandant comment elles vont, les embrassant et poussant la délicatesse jusqu’à inviter parmi les premières Simone, la fidèle secrétaire de David de Rothschild, à dîner à Bercy quand il devient ministre » (p. 139).
Toute peine mérite récompense, et à l’instar d’Esther Gobseck, la « prostituée » a droit à son petit cadeau avant de partir pour une nouvelle mission : « Il était loin de gagner les sommes des banquiers qui ont dix ans de maison. C’est l’année de son départ, en 2012, que Macron a fait son gros deal » (p 140).
9. « Mondanités et peopleries »
La prostitution se poursuit avec la vente du « couple fusionnel » : « Emmanuel Macron comprend rapidement que son couple est un atout pour se faire connaître. Un couple fusionnel, comme celui que formaient autrefois Cécilia et Nicolas Sarkozy qui, lui aussi, « fait vendre ». Un nouveau couple qui excite la curiosité et qui, à côté de ses sorties calculées, de ses provocations qui assurent de la reprise sur les chaînes d’info et les réseaux sociaux, va lui permettre d’accroître sa notoriété et sa popularité en un temps record » (p. 143). 7 ans après, il est un peu facile de se plaindre. Personne ne lui a demandé de nous balancer son détourneur à la figure avec sa presse de caniveau.
« Pour renforcer ce contact médiatique avec le grand public, le couple travaille désormais – Brigitte Macron le reconnaît – avec une femme appelée Mimi Marchand. « Elle a demandé à me rencontrer, elle est cash et s’occupe de notre image quand on est en couple. » Avec la photographe Soazig de la Moissonnière pour la fourniture d’images à la presse et aux réseaux sociaux. Un signe qui montre, s’il en était besoin, que, malgré ses protestations, Emmanuel Macron et sa femme Brigitte ne négligent aucun détail » (p. 146). Le portrait du repris de justice Mimi Marchand qui suit est plutôt complaisant.
Mais cela ne suffit pas, et voici du renfort : « Aidé, à nouveau, par un parrain. Plus jeune que les autres celui-là : Pascal Houzelot […] [qui] a, lui aussi, un carnet d’adresses à faire pâlir d’envie tout apprenti Rastignac. Créateur de la chaîne Pink TV puis de la chaîne Numéro 23, militant pour le mariage pour tous et actif dans la lutte contre le sida » (p. 148). Brigitte n’est pas en reste, et cultive ses amitiés de milliardaires (carnet d’adresses Franklin ?) : « Delphine Arnault, la compagne de Niel, qui est aussi directrice générale adjointe de Louis-Vuitton. Ce qui explique probablement les « total looks » Vuitton que Brigitte Macron, aux mensurations de mannequin, arbore – on l’a vu – depuis quelque temps » (p. 149). On suppose que Anne Fulda doit s’y connaître en « mannequins » ; mais bon, « plus belles jambes de Paris », quoi !
Il est vrai que ce sont des « victimes » : « Par goût ou par choix tactique, peut-être aussi parce qu’ils se sont vécus comme étant en marge de la société pendant de longues années, comme bannis parce que « différents », les Macron se retrouvent de plus en plus dans les pages people des magazines » (p. 150). On sent notre journaliste prête à inventer un mot. Quelle « phobie » les a fait « bannir » ? L’horrible « détourneurdemineurophobie » peut-être ? Chiche !
À force de fréquenter des people, (Line Renaud, Luchini, etc.) ils tombent parfois sur un authentique artiste, « Christian Hecq » (cité p. 151), ce qui là m’énerve, car peut-être qu’ils apprécient quand même le théâtre ! Question chanson, petite révélation subliminale : « Sa femme assure que s’il écoute souvent, en travaillant, les Variations Goldberg de Bach par Glenn Gould, il aime aussi Joe Dassin, connaît par cœur Johnny, Aznavour. « Il adorait chanter “Je suis un homo, comme ils disent” d’Aznavour. En fait, il ne connaît pas les contemporains. Il a dû s’arrêter à Jacques Brel » (p. 152). Jacques Brel et Aya Nakamura sont les deux mamelles de Manu ? Sarah-Jane Iffra a satisfait ses goûts pour cette chanson, avec sa parodie « Un homme, oh… qu’on méprise ».
10. « L’ovni politique »
Choupinet nous fait un cake lors du décès de Mère-Grand : « En tout cas, la disparition de cette grand-mère, en 2013, alors qu’il est secrétaire général adjoint de l’Élysée, marque la rupture profonde avec François Hollande. À l’époque, Emmanuel Macron est dévasté. Au point que Brigitte appelle certains de ses proches pour leur demander de se manifester. L’un d’eux se souvient que le conseiller, sous le coup de l’émotion, lui dit, quand il vient le voir : « C’est fini avec Hollande. » Et de lui expliquer que la réaction du président de la République, lorsqu’il lui a annoncé le décès de cette personne si importante, avec une phrase banale du type « c’est triste de perdre sa grand-mère, moi aussi j’étais triste quand j’ai perdu la mienne », lui a fait comprendre de quel bois mort est fait le chef de l’État. « C’est à ce moment-là, assure cet ami, qu’il s’est mis à traiter Hollande d’égal à égal », à ne plus se sentir son obligé, comme il l’admettra quelques mois plus tard.
On pose la question à Macron. « Ce n’est pas faux, répond-il. La manière dont a réagi François Hollande en apprenant la mort de ma grand-mère, je n’aimerais pas avoir la même ! »
À quoi tient un destin politique » (p. 156).
Alors là j’espère que vous pleurez. « J’ai envie d’emmerder les non-vaccinés » proclamera quelques années plus tard le champion du monde de l’empathie, celui qui par cette formule mérite désormais d’être appelé Chef de l’Étron.
Le chéri lit beaucoup les politiques, notamment « certains ouvrages du général de Gaulle, de même que ses discours : « Je les relis régulièrement, j’aime bien son style, ses phrases d’une grande sobriété » » (p. 157). De Gaulle doit se retourner dans sa tombe !
On apprécie le lapsus du collégien : « Sur le plan international, il se souvient évidemment du 11 septembre 2001. Il était alors à l’ENA et se trouvait à Amiens : « J’allais chercher Brigitte à l’école, elle sortait de cours, et c’est moi qui lui ai appris l’attentat. Tout le monde était dans un état de sidération incroyable » (p. 159).
Dans les confidences du collégien, qui est censé être un penseur spirituel de premier ordre, une référence laisse pantois : « il y a quelque chose qui se passe à un moment, le kairos. Vous n’y pouvez rien, vous êtes dedans ou pas. Il y a la force d’un moment qui emporte. Qui nous dépasse » (p. 160). L’auteure précise en note que « Le Larousse le définit comme une allégorie de l’occasion favorable souvent représentée sous forme d’un éphèbe aux talons et aux épaules ailés ». Je pense que c’est en travaillant sur Machiavel que notre collégien a relevé cette référence plurivoque, qui se résume à quelque chose de bien trivial : « saisir l’occasion par les cheveux », car nous apprend Wikipédia, « Le dieu grec Kairos est représenté par un jeune homme qui ne porte qu’une touffe de cheveux sur la tête. Quand il passe à notre proximité, il y a trois possibilités : 1. on ne le voit pas ; 2. on le voit et on ne fait rien ; 3. au moment où il passe, on tend la main, on « attrape l’occasion par les cheveux » ».
Le mysticisme prétendument « christique » du collégien converti au catholicisme à 12 ans tourne court sous la plume d’Anne Fulda, peut-être pince sans rire :
« Mystique, christique, le candidat d’En Marche !, l’ancien élève des Jésuites ? Il a beaucoup été raillé sur ce thème, surtout après son premier grand meeting de la porte de Versailles terminé les bras en
croix et la voix partant en vrille devant une foule enthousiaste.
« En fait, Macron c’est Bonaparte. Et je lui ai expliqué pourquoi », analyse Haïm Korsia, le grand-rabbin de France avec lequel il échange beaucoup. […] Korsia, qui a présenté à l’ancien ministre des représentants religieux catholiques et musulmans, et relève que, lorsqu’il est venu assister à la synagogue, à Kippour, sans caméras, « il a fait un commentaire improvisé sur le sens de Jonas… qui refuse sa mission ». Le rabbin pense que le secret absolu du candidat d’En Marche !, qui connaît les textes et a « une approche profonde et respectueuse des rites de toutes les religions », c’est d’être heureux de ce qu’il fait. « Il n’y a aucune fébrilité chez lui. » (pp. 161-162). Voilà donc un drôle de paroissien, très, très catho, qui a besoin qu’un rabbin lui présente des « religieux catholiques et musulmans », sans doute estampillés kasher, dès fois qu’il serait mal tombé, entre deux célébrations laïques de Hanouka à l’Élysée et deux visites tout aussi laïques au dîner du Crif !
Épilogue « Mowgli ou Babar »
Petite piqûre de rappel : « Ne pas voir sa liberté entravée ou avoir le sentiment d’être dans une position de serviteur, ce qui lui est insupportable, lui qui a successivement comparé le métier de banquier d’affaires à celui des prostituées, qui a décrit ses fonctions de secrétaire général adjoint de l’Élysée à celles d’une « soubrette qui doit changer les draps tous les jours », avant d’ajouter crânement, devenu ministre de l’Économie, qu’il n’était pas « l’obligé de François Hollande »… » (p. 168).
« Comme le dit l’un de ses amis, « Il est encore Mowgli, et Bagheera est sa grand-mère, mais il est temps qu’il devienne le roi Babar » (p. 169). Je dirais plutôt le roi Bobard !
Postface « Wunderkind président »
Cette postface cloue le cercueil de l’hagiographie, tellement amusant à relire 8 ans plus tard. On a le récit enthousiaste de la teuf du Louvre : « Avant de faire monter sur scène sa femme Brigitte, émue aux larmes, ainsi que ses enfants et petits-enfants – image d’une famille recomposée inédite. » (p. 174). Ses enfants ? Vous voulez dire « copains d’avant » ? ; ses petits-enfants ? ceux qu’il a vus sortir du ventre de leur mère ?
Le récit de la visite de Poutine est à hurler de rire avec le recul : « Les références historiques sont évidentes, lorsque le chef d’État français parade aux côtés de Vladimir Poutine, dans la Galerie des Batailles, au château de Versailles, le 29 mai 2017. Là encore – comme le soir de son élection au Louvre – les communicants de l’Élysée ont mis en scène une longue déambulation des deux dirigeants, filmée dans la plus grande pièce du château ornée de tableaux retraçant, quinze siècles de succès militaires français. Trois cents ans après la visite à la cour française du tsar Pierre Le Grand, conquis par le jeune Louis XV alors âgé de sept ans, Emmanuel Macron installe ainsi en filigrane l’idée qu’à côté de Vladimir Poutine, descendant des tsars de la grande Russie, il est lui, l’enfant-roi, l’héritier qui a en partage toute l’histoire de France et peut devenir un potentiel leader du monde européen » (p. 178). Sans blague !
« En quelques semaines, entre mai et juillet, Emmanuel Macron a donc clairement réussi à asseoir sa légitimité et son aura sur la scène internationale. Des débuts en fanfare non sans similitudes avec ceux de Nicolas Sarkozy » (p. 180). Huit ans après, le collégien est la risée si ce n’est le réceptacle du mépris de tout le monde libre (je veux dire en dehors de l’UE, et encore).
Anne Fulda nous sort une allusion qui se prête à interprétation, s’agissant de l’employé du président du conseil d’administration du Congrès juif mondial : « Macron – comme Sarkozy en 2007 –, semble vouloir défier le vieux monde. Faire des règles et des usages, sûr de lui et dominateur. Une forme de défi ? Une insolente confiance en lui ? » (p. 181). On aura reconnu la formule mythique du Général de Gaulle sur « les Juifs […] un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur »…
L’analyse de la photo officielle rejoint ou complète l’analyse de Bertrand Scholler : « Emmanuel Macron, comme Obama, a choisi de placer son bureau à l’Élysée, dos à la fenêtre, évoquant ainsi la place de la table de travail présidentielle américaine, dans le bureau ovale, et sa photo officielle, où il pose adossé à son bureau, devant une fenêtre ouverte, ressemble étrangement à celle du deuxième mandat d’Obama » (p. 183).
Pour finir, Anne Fulda relève les premiers couacs du collégien, notamment l’épisode de la démission de Pierre de Villiers, le 19 juillet 2017. Elle évoque aussi les « grincements chez les parlementaires de la République, en Marche, qui ne comprennent pas qu’on leur demande de renoncer à embaucher des membres de leur famille alors que se prépare un statut de la première dame » (p. 188). Hélas, la prétendue « première dame » est un homme !
Anne Fulda intervient dans le film Brigitte Macron, un roman français, analysé ici avec finesse par Prune (on la voit à 28’ et à plusieurs reprises).

Source : Altersexualité
Laisser un commentaire