ÉDITO – Christophe Castaner, « mauvais flic » et ministre en manque de résultats
À peine le dossier des retraites est-il en train de s’apaiser qu’un autre front s’ouvre pour le gouvernement : celui de la sécurité, dont la droite compte faire un axe d’attaque. Pour notre éditorialiste Nicolas Beytout, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, est plus que jamais affaibli.EDITO
Alors que les chiffres de la violence aux personnes et aux biens augmentent nettement (+8 à 10% sur un an), l’opposition de droite s’apprête à reprendre son cheval de bataille : la sécurité. Dans le Journal du dimanche, Xavier Bertrand a ainsi sonné la charge en parlant du « fiasco sécuritaire » d’Emmanuel Macron et de Christophe Castaner.
Les fiascos se sont en effet accumulés pour le ministre de l’Intérieur. Nommé dans des conditions peu reluisantes (il avait fallu attendre deux longues semaines pour qu’Emmanuel Macron se décide) il a dû affronter la crise des gilets jaunes et les accusations de violences policières, des manifestations chaotiques le 1er mai, un mort noyé cet été lors de l’évacuation par la police d’un concert techno à Nantes, et puis les cortèges de manifestants contre la réforme des retraites.
Beaucoup d’erreurs politiques
S’il ne peut pas forcément être tenu responsable de tous ces écarts, Christophe Castaner a fait beaucoup d’erreurs politiques. La dernière en date est une invraisemblable circulaire sur le comptage des élections municipales qui aurait empêché de savoir au soir du scrutin pour qui, droite, centre ou gauche, 40% de la population française avait voté. Ce texte a été durement sanctionné par le Conseil d’Etat, vendredi. Un camouflet dont le pouvoir se serait certainement bien passé. En plus d’être un « mauvais flic », Christophe Castaner n’est pas un bon « ministre des élections ».
Le ministre de l’Intérieur est-il dès lors menacé ? A l’Elysée et à Matignon, on assure qu’il garde la confiance du Président et du Premier ministre. Le problème c’est que les chiffres parlent d’eux-mêmes. Or, comme le dit Gérald Darmanin, pour faire un bon ministre, il faut une incarnation et des résultats. Les résultats ne sont pas là, l’incarnation et l’image pas vraiment non plus.
Le précédent Jospin
Au sommet de l’Etat, on réalise qu’il est impossible de se contenter d’être un pouvoir qui réforme l’économique et le social. Un précédent est dans toutes les têtes : en 2002, Lionel Jospin surfait sur une forte croissance économique, mais était déficient sur le régalien, l’ordre, la sécurité. Éliminé au premier tour de l‘élection présidentielle, il représente à lui seul le traumatisme de la gauche, et un puissant avertisseur pour Emmanuel Macron.
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