Du voile comme cheval de Troie
Et si son intérêt était tout sauf religieux ?
Deux femmes voilées au marché de Lille, le 31 octobre 2019. Numéro de reportage : AP22394823_000006 Auteurs : Michel Spingler/AP/SIPA
Depuis dix jours que les médias dissertent sur le morceau de tissu avec lequel certaines musulmanes cachent leur chevelure et exhibent leur aliénation, très peu de femmes voilées ont été invitées dans les débats — ce que d’aucuns regrettent.
Pourtant, les chroniqueurs et les journalistes ont bien raison : inviteriez-vous, dans un débat sur l’abolition de l’esclavage, des esclaves contents de l’être ? Il est temps d’appeler un chat un chat, et le voile islamique une marque de soumission de la femme. « Une antique aliénation », disait très bien Mohamed Kacini en 2003 dans Libé (je crois que jamais un journal n’a régressé aussi vite, et aussi loin) Et rien d’autre.
Aliénées : j’ai dans l’idée que dans leur inculture massive (quand on est l’homme ou la femme d’un seul livre, on est inculte profond), certaines musulmanes ignorent le sens du terme. Est aliéné quelqu’un qui ne s’appartient plus, c’est pourtant simple. Qui a abandonné son libre-arbitre et son autonomie. Inutile d’invoquer les mânes de Marx pour savoir que la religion est l’un des plus grands facteurs d’aliénation. L’opium du peuple, hein…
Une femme voilée est une soumise, comme on dit dans les rituels SM. Qu’elle y trouve du plaisir la regarde. Qu’elle aime mourir de chaud l’été, pendant que son seigneur et maître se pavane en bermuda à fleurs, ça la regarde aussi. Mais qu’elle ne vienne pas nous dire que c’est une obligation religieuse.
D’abord parce que ce n’est pas vrai. Les femmes du prophète n’étaient pas voilées, et nulle part dans le Coran il n’est question de voile. Comme l’a rappelé ce cher Georges Frêche en 2001 (c’était l’époque où ils avaient encore des opinions, parfois, au PS, au lieu d’avoir des états d’âme et Raphaël Gluksmann comme apôtre), la seule obligation était la décence — « se couvrir la poitrine » — et c’est une obligation copiée dans le Talmud par la congrégation de chrétiens et de juifs plus ou moins convertis qui en deux ou trois siècles ont abouti à la version dernière du Coran — voir le Dictionnaire du Coran, dans la collection Bouquins.
Mais ce que j’accepte dans les jeux de domination entre adultes consentants — des jeux qui se déroulent en privé, notez-le bien — est inacceptable dans l’espace public. Blanquer a eu raison (et je connais une foule de profs dont ça écorcherait les lèvres de le dire) de noter qu’en l’état de la loi, une accompagnatrice peut être voilée — mais que les enseignants qui l’acceptent s’interrogent un peu sur l’exemple de servitude qu’ils imposent ainsi aux mômes qui leur sont confiés — nos enfants ! Il est en tout cas remarquable que ces femmes, en vrais missiles téléguidés, soient si volontiers volontaires pour escorter les enfants lors de ces « sorties scolaires » qui sont devenues l’alpha et l’oméga de la pédagogie.
Il faut être bête comme peut l’être un élu du RN à l’Assemblée de Bourgogne pour ne pas comprendre qu’une femme voilée venue assister aux débats avec des mômes n’est là que par provocation : il faut la voir rire pendant que ce Julien Odoul l’apostrophe. Et ses plaintes sur le traumatisme causé à son fils sont un pur artifice rhétorique. Au passage, j’attends que les belles âmes qui s’en sont émues évoquent les centaines d’orphelins pas du tout traumatisés par l’assassinat de leurs parents, depuis quatre ans que l’islamisme est passé en version violente. À commencer par ceux des quatre policiers tués par un extrémiste à la Préfecture de police — et dont personne ne parle.
Le voile n’est pas…
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