Dombasle-sur-Meurthe : Gendarmerie inaccessible

Une confrontation dans une affaire de mœurs a failli tourner court à la gendarmerie de Dombasle. Faute d’aménagements pour accueillir les handicapés.

La gendarmerie de Dombasle a été le théâtre d’une scène ahurissante qui montre que l’accessibilité des bâtiments publics aux handicapés n’est pas encore une réalité.  Photo Mathieu CUGNOT

La gendarmerie de Dombasle a été le théâtre d’une scène ahurissante qui montre que l’accessibilité des bâtiments publics aux handicapés n’est pas encore une réalité. Photo Mathieu CUGNOT

L’histoire semble à la fois anachronique et rocambolesque. Elle s’est déroulée il y a une semaine à la gendarmerie de Dombasle-sur-Meurthe. Une confrontation était prévue dans un dossier de mœurs. D’un côté, un auteur présumé. De l’autre, cinq victimes tout aussi présumées. Tous sont des résidents d’un établissement spécialisé des environs et souffrent de handicaps plus ou moins importants.

Plutôt plus que moins pour l’une des victimes supposées. La trentaine, paraplégique, elle se déplace en fauteuil roulant. Premier obstacle : la gendarmerie n’a pas de rampe d’accès pour handicapés. Il faut franchir quelques marches pour entrer.

Vient ensuite le deuxième obstacle. Les gendarmes se sont rendus compte que le fauteuil était trop large et… ne passait pas à travers les portes.

« Il a fallu se débrouiller avec les moyens du bord. On a dû hisser ma cliente et son fauteuil par une porte-fenêtre, située un peu en hauteur, à l’arrière de la gendarmerie », raconte l’avocate de la trentenaire handicapée, Me Hélène Strohmann qui a dû donner un coup de main pour porter le fauteuil.

« Il fallait faire attention car ma cliente a des plaques dans le dos et elle ne pouvait pas être trop bousculée. J’ai trouvé cela scandaleux », proteste l’avocate. Ce n’est pas seulement choquant. C’est presque illégal. D’ici 2015, en effet, tous les locaux recevant du public devront être accessibles aux handicapés (lire par ailleurs).

Cela s’applique bien sûr aux gendarmeries. « Nous avons fait un audit sur l’ensemble de la région Lorraine et il résulte qu’une brigade sur deux peut d’ores et déjà accueillir des handicapés dans de bonnes conditions », explique le lieutenant-colonel Tissier, adjoint au commandant du groupement de Meurthe-et-Moselle.

Promesse pas électorale

D’ordinaire, cela ne pose pas de problème et une situation ubuesque comme celle survenue à Dombasle, ne devrait en principe jamais arriver. « S’il s’agit d’un dépôt de plainte, les gendarmes peuvent toujours se déplacer au domicile de la personne handicapée. Si sa présence est nécessaire comme c’est le cas pour une confrontation, on la convoque dans la brigade voisine qui est équipée. En l’occurrence celle de Seichamps », indique le lieutenant-colonel Tissier. Pourquoi cela n’a pas été fait la semaine dernière ? Parce que les gendarmes « n’avaient pas connaissance » de l’ampleur du handicap d’une des victimes présumées.

Reste, malgré tout, le problème de l’accessibilité de la brigade de Dombasle avant la date buttoir du 1er janvier 2015. « Selon une étude, cela coûterait 20.000 € de travaux pour la mettre aux normes », évalue le commandant adjoint du groupement de Meurthe-et-Moselle. Mais ce n’est pas à la gendarmerie de payer.

Car elle est juste locataire du bâtiment. Le propriétaire, c’est la commune. « S’il faut faire ces travaux, nous les ferons », promet l’actuel maire Robert Blaise. Et ce n’est pas une promesse électorale. Car il ne se représentera pas.

Christophe GOBIN

Source : Est-Républicain

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