Dix convocations en gendarmerie
À Mr. Bricolage, à Pamiers, et à l’espace Émeraude, à Saint-Jean-du-Falga, plusieurs dizaines de bidons d’herbicide à base de glyphosate ont été peints pour empêcher leur vente./Photo archives DDM.
Suite à l’action menée en septembre pour neutraliser des bidons d’herbicide dangereux, dix faucheurs volontaires ariégeois sont convoqués demain en gendarmerie.
Rendez-vous demain, à 9 heures. C’est le message qu’ont souhaité délivrer les faucheurs volontaires de l’Ariège pour protester contre la convocation de dix de leurs camarades dans les brigades de gendarmerie de Foix, Pamiers, La Bastide-de-Sérou, Mirepoix et Lavelanet. Des personnes qui feront l’objet d’auditions libres de la part des forces de l’ordre au nom de l’opération organisée le 27 septembre dernier à Mr. Bricolage, à Pamiers, et à l’espace Émeraude, à Saint-Jean-du-Falga, pour «dégradation ou détérioration du bien d’autrui commis en réunion».
Ce jour-là, les faucheurs volontaires neutralisent plusieurs dizaines de bidons d’herbicide contenant du glyphosate, en soutien à leurs homologues de Privas en Ardèche pour lesquels un procès s’ouvre quelques jours après. Le «mode opératoire» choisi est aussi simple qu’il est efficace : les contenants en plastique des herbicides sont peints pour les rendre impropres à la vente. Le préjudice sera estimé à 3 000€ par les assurances qui ont sommé les principaux concernés de payer. «Ils ont dû se servir des caméras de vidéosurveillance. En fait, ils veulent nous prendre au portefeuille mais on détruit des produits qui sont dangereux !», explique Jean-Charles Sutra, du comité écologique ariégeois et membre actif du mouvement des faucheurs volontaires. Mais qui, exceptionnellement ce jour-là, était resté un peu «en retrait» eu égard à une autre convocation dont il a fait l’objet. «Ce type d’actions n’est pas gratuit ! Il ne faut pas se taire ni laisser faire : il s’agit de dénoncer et d’alerter l’opinion sur des produits qui tuent déjà !»
Surveillance de Bruxelles
En l’occurrence, les faucheurs volontaires se battent sur le plan national, et bien évidemment international, pour interdire le brevetage du vivant, les cultures OGM et l’emploi du glyphosate, un herbicide controversé présent notamment dans le Roundup de Monsanto. «20 % du glyphosate que nous ingérons proviennent du jardin : c’est une molécule qui est présente dans la plupart des herbicides. Et les 80 restants sont présents dans l’eau, l’air ou la nourriture : c’est un vrai scandale sanitaire», alerte Dominique Macé, l’un des représentants du mouvement dans le département. Évoquant tout à la fois «l’aspect cancérigène» de ces «perturbateurs endocriniens» (1), «la pollution de l’eau», «les conséquences sur l’augmentation de malformations chez les bébés, des cancers ou des problèmes de thyroïde en Argentine, pays qui utilise l’épandage aérien» ou le «soja transgénique traité au glyphosate que l’on donne au bétail».
Le 29 juin dernier, la Commission européenne a acté la prolongation de la licence du glyphosate pour une durée illimitée alors même qu’elle avait proposé un délai de 18 mois maximum. Toutefois, Bruxelles s’est engagée à en surveiller l’utilisation dans la période précédant les moissons et dans les parcs ou autres jardins publics.
(1) En novembre, cent scientifiques européens et américains ont signé une tribune dans « Le Monde » pour dénoncer les « intérêts industriels » qui « déforment délibérément des preuves scientifiques » pour empêcher la réglementation des perturbateurs endocriniens.
Source : La Dépêche
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