Disparition de Steve à Nantes : un député LREM accuse… l’Etat
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Selon Mounir Belhamiti, le gouvernement a grandement manqué de tact et de compassion après la polémique sur l’intervention musclée des forces de l’ordre lors d’une Fête de la musique en bord de Loire.
Le député de Loire-Atlantique, qui a remplacé François de Rugy quand celui-ci est devenu ministre, estime que « l’Etat se met en faute » dans ce dossier. Facebook – Mounir Belhamiti
C’est « délicat », convient-il lui-même. Mais le député LREM de Nantes Mounir Belhamiti estime qu’il est de son devoir de s’exprimer sur ce sujet, quitte à froisser la direction de la majorité dont il est issu. Dans une tribune publiée mardi sur Facebook, l’élu de Loire-Atlantique revient donc longuement sur la dispersion polémique d’une Fête de la musique par les forces de l’ordre, notamment marquée par la disparition de l’un des jeunes spectateurs, Steve Caniço, 24 ans.
Steve n’a plus donné signe de vie depuis la nuit du 21 juin /DR
Dans la nuit du 21 au 22 juin, un peu après 4 heures, les forces de l’ordre interviennent quai Wilson pour mettre un terme à cette soirée électro qui dure au-delà de l’heure prévue. Mais pendant l’intervention, où du gaz lacrymogène et des grenades de désencerclement sont utilisés, 14 personnes tombent dans la Loire. Steve n’a lui plus donné signe de vie.
« L’Etat se met en faute »
« Une enquête de l’IGPN (la police des polices, ndlr) est en cours, à la demande du ministre de l’intérieur, concernant les conditions d’intervention […]. Je souhaite qu’elle permette de faire toute la lumière sur les faits, et les éventuelles responsabilités engagées », explique d’abord celui qui a remplacé François de Rugy à l’Assemblée lorsque ce dernier est devenu ministre. Et de poursuivre : « S’il ne m’appartient pas de me prononcer sur les conclusions des enquêtes à venir, je crois de mon devoir de parlementaire et d’élu de la majorité de m’exprimer aujourd’hui. Je suis élu d’une majorité qui a inscrit la bienveillance, et le respect de la dignité humaine au cœur de ses valeurs. Je suis élu d’une majorité qui a fait de l’évaluation de l’action de l’Etat une mission essentielle des parlementaires. Et lorsque la première réponse de l’Etat, par la voix de son représentant, et avant même que ne soit diligentée l’enquête de l’IGPN, consiste à déclarer, trois jours après les faits, que l’intervention policière s’est déroulée de manière proportionnée, je le dis sans ambages : l’Etat se met en faute. Parce que nul ne saurait considérer comme proportionnée une intervention qui conduit une dizaine de jeunes à se jeter dans la Loire. »Mounir Belhamiti poursuit : « Lorsque le représentant de l’Etat rappelle, par un communiqué lapidaire, les règles d’organisation de manifestations, et met en garde contre des rassemblements festifs à caractère musical non autorisés, alors qu’est prévu un rassemblement de solidarité envers les proches du jeune disparu, et d’expression de l’émotion populaire, le tout sans un mot de compassion, je le dis sans ambages : l’Etat se met en faute. »
Une plainte collective, notamment de Nantais
Enfin, selon le député de la majorité, « l’Etat se doit de témoigner bienveillance et empathie envers les Nantaises et les Nantais qui expriment une inquiétude et une incompréhension parfaitement légitimes et ne sauraient être traités par une forme d’indifférence qui confine au mépris. »Ce mercredi, 85 personnes ont par ailleurs décidé de déposer une plainte collective contre X pour mise en danger de la vie d’autrui et violences volontaires par personnes dépositaires de l’ordre public.Sur les grilles de la préfecture, des amis de Steve ont accroché une banderole sur laquelle est écrit « À jamais dans nos coeurs », accompagnée des mots « Justice pour Steve/Victime de la répression/On lâchera rien ».
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