Disparition de Delphine Jubillar : les cinq indices clés d’une enquête fouillée
Présentés comme de lourdes charges qui pèsent sur Cédric Jubillar, mis en examen et écroué le 18 juin pour le meurtre de sa femme, Delphine Jubillar, ces indices troublants, mis bout à bout, constituent le socle de l’accusation vivement contestée par la défense. De nombreuses zones d’ombre demeurent sur ces éléments qui recèlent aussi une part de fragilité.
Présentés comme de lourdes charges qui pèsent sur Cédric Jubillar, mis en examen et écroué le 18 juin pour le meurtre de sa femme Delphine, ces indices troublants, mis bout à bout, constituent le socle de l’accusation vivement contestée par la défense. De nombreuses zones d’ombre demeurent sur ces éléments qui recèlent aussi une part de fragilité.
1 – Des cris stridents entendus à 23h07
Lors de sa conférence de presse, le 18 juin dernier, le procureur de la République a révélé l’existence de deux témoignages du voisinage, une mère et sa fille ayant entendu ces « cris stridents d’une femme en détresse », à 23h07, mardi 15 décembre 2020. Un témoignage recueilli dès le 17 décembre lors de l’enquête de voisinage. Des cris provenant de la maison des Jubillar, rue Yves-Montand, à Cagnac-les-Mines. Mais selon la défense, ces témoins se trouvent à plus de 100 mètres de la maison d’où proviennent ces hurlements. « Comment se fait-il que ces témoins entendent ces cris alors que les voisins les plus proches n’entendent rien », réagit l’un des trois avocats de la défense, Me Jean-Baptiste Alary.
Par ailleurs, lors de sa première audition devant les gendarmes, Louis, 6 ans, l’aîné du couple Jubillar, révèle aux enquêteurs dès le lendemain (mercredi 16 décembre, à 16h05), n’avoir rien entendu la veille. Ce n’est que lors d’une seconde audition, courant janvier, que le garçonnet évoque une dispute entre ses parents ce soir-là, mimant une scène aux enquêteurs qu’il n’a pas vue puisque, dit-il, « je dormais à ce moment-là ». Il n’évoque à aucun moment des hurlements de sa mère. Là aussi, la défense entend apporter des précisions sur la chronologie exacte des faits, entre 22h55, heure à laquelle Delphine envoie un SMS à son amoureux, et 23h07.
2 – La couette de Delphine dans la machine à laver
Il est 4h50, ce mercredi 16 décembre 2020 lorsque deux gendarmes du groupement du Tarn arrivent dans la maison des Jubillar. Cédric avait contacté la gendarmerie moins d’une heure auparavant pour signaler la disparition de son épouse partie, selon lui, promener les chiens. « Nous sommes en instance de divorce, elle est partie, c’est pas normal. La dernière fois c’était début août, elle avait passé la nuit dehors à regarder les étoiles. Mais là, on est en hiver », dit-il, lors de son appel.
Les gendarmes remarquent des sanglots dans sa voix. Lorsque les deux militaires sont sur place, ils ne constatent aucune scène de violence ni de lutte dans la maison. Pas de sang. Ils voient du linge dans une machine à laver qui ne tourne pas. Ce n’est que plus tard dans la matinée que la couette dans laquelle dormait Delphine se retrouve elle aussi dans la machine. Le couple faisait chambre à part et Delphine dormait sur le canapé du salon. Mais ce linge et cette couette n’ont pas été analysés sur le moment.
Des prélèvements et analyses techniques seront opérés ultérieurement sur ce lave-linge et sur cette couette. Sans résultat probant. Cédric Jubillar aurait expliqué l’avoir lavée car les chiens s’y étaient mis dessus. Les gendarmes primo intervenants étaient loin d’imaginer, à ce moment-là, la tournure qu’allaient prendre ces événements.
3 – De la buée sur le pare-brise de la voiture
À quel moment de la journée du 16 décembre, les gendarmes constatent-ils de la condensation sur une vitre de la voiture de Delphine, une Peugeot 207, garée de manière inhabituelle en marché arrière, en contrebas de la maison ? Rien n’indique que ces constatations sont relevées dès 4h50. Selon l’accusation, cette buée est le signe « d’une présence humaine à l’intérieur du véhicule ». Une présence récente sans que l’on puisse affirmer que la voiture a été déplacée dans la nuit. Une précision qui a toute son importance.
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Mais reste à savoir, à quel moment cette buée a été constatée par les gendarmes. Cédric Jubillar aurait utilisé cette voiture après l’arrivée des premiers militaires. La buée constatée sur le pare-brise ne serait donc pas en lien avec un déplacement mystérieux effectué en pleine nuit.
4 – Les incohérences de Cédric Jubillar
Il y a ce récit de la disparition de son épouse établi par Cédric Jubillar lui-même, le 16 décembre 2020. « Je me suis couché vers 23 heures. Vers 4 heures, j’ai été réveillé par les pleurs de la petite et je découvre l’absence de Dephine dans la maison. Je contacte des amies leur demandant si elle ne se trouve pas chez elles… » Cédric précise lors que Delphine est partie promener les chiens, en pleine nuit, vêtue d’une doudoune blanche et munie de son téléphone portable.
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Plus tard, il soutiendra la thèse d’un départ volontaire. Hypothèse très vite écartée par les enquêteurs. Des premières déclarations jugées incompatibles avec les habitudes et la personnalité de Delphine Jubillar qui ne promenait que très rarement les chiens et avait peur du noir. Peu avant 23 heures, 22h55 exactement, elle avait envoyé un selfie à son amoureux de Montauban, avant de se coucher. On la voyait en tenue de nuit, vêtue d’un « combishort » blanc. Un vêtement retrouvé dans le panier à linge sale de la maison.
5 – Un podomètre qui enregistre 40 pas (seulement)
Cet autre élément de l’accusation vient étayer le fait que Cédric Jubillar n’aurait pas beaucoup cherché son épouse disparue durant la nuit. Sur son téléphone portable, le podomètre a enregistré 40 pas effectués entre le moment où il découvre l’absence de sa femme (environ 3h45) et l’arrivée des gendarmes (4h50). « Un indice très fragile, conteste la défense. Encore faut-il que Cédric Jubillar ait son téléphone sur lui durant le temps de ces recherches pour que ce podomètre comptabilise ses pas. Ce qui est loin d’être démontré. »
Source : La Dépêche
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