Discours de Dresde : Macron sait-il qu’il se tacle lui-même ?
Capture d’écran Der Spiegel
Lundi 27 mai, à l’occasion de la fête de l’Europe, Emmanuel Macron prononçait un discours à Dresde lors duquel il a fustigé « le vent mauvais » de l’extrême droite montant sur le Vieux Continent. « Vu de l’étranger, Macron sur la pente glissante de l’illibéralisme », réagit Libé qui, pour une fois, n’a pas complètement tort. Car à force de vouloir se poser comme le parangon du libéralisme et le défenseur acharné des libertés fondamentales, le Président français semble plutôt rappeler que le Macron de 2024 n’a plus rien à voir avec le Macron de 2017.
Macron illibéral ?
À bien des égards, le reproche d’illibéralisme qu’il attribue à la montée des partis « d’extrême droite » se retourne contre lui-même. C’est que, depuis 2017, plusieurs événements majeurs sont venus contredire l’idée qu’il se fait et veut donner de lui-même. Tant et si bien que même la presse étrangère s’est questionnée, à de nombreuses reprises, sur la sincérité de ses convictions libérales.
Rappelons, pour commencer, la répression féroce du mouvement des gilets jaunes à l’issue de laquelle des dizaines de manifestants sont aujourd’hui mutilés à vie à cause, notamment, d’un usage disproportionné d’armes comme le LBD 40. À l’époque, Macron avait déclaré : « Ne parlez pas de répression, de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un État de droit. » On peut aussi appeler un chat un chien, mais la réalité est têtue et le discours performatif n’a aucune prise sur elle. Dans la foulée, l’adoption de la loi « Sécurité globale » avait également fait réagir pour ses atteintes à des libertés fondamentales, notamment la liberté de la presse. Enfin, n’oublions pas la gestion calamiteuse, par la Macronie, de la pandémie de Covid-19 qui valut à notre pays le surnom « d’Absurdistan », outre-Rhin…
Les raisons de la colère
Mais Macron ne s’est pas contenté de mettre en garde l’Europe contre les régimes illibéraux. Il a poursuivi son discours en tentant d’expliquer les causes de la montée de l’extrême droite en Europe. Selon lui, la colère qui en est la cause serait due au fait que « beaucoup se sentent en marge du chemin de la mondialisation » ou encore à « un sentiment d’être humiliés ». Des sentiments ? On se souvient du « sentiment d’insécurité » cher au garde des Sceaux ; nous avons, maintenant, le sentiment de paupérisation. Dans un cas comme dans l’autre, rappelons les faits. Concernant l’insécurité, Alain Bauer rappelait sur BFM, en avril, que l’année 2023 fut la pire année depuis cinquante ans concernant les tentatives d’homicides. Le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté est, quant à lui, en hausse, en France, depuis le milieu des années 2000, selon l’Observatoire des inégalités. Une situation similaire à travers bien des pays de l’Union. Au bout de sept ans de mandat, décrire les électeurs de « l’extrême droite » comme ayant simplement « le sentiment d’être les laissés-pour-compte d’une Europe qui s’est ouverte au commerce » paraît quelque peu osé, quand tous les indicateurs sont au rouge…
Source : Boulevard Voltaire
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