Didier Raoult, le remède miracle à Dakar ?
Didier Raoult dans son bureau, le 26 février. Photo Gérard Julien AFP
Pour traiter les malades du Covid, le Sénégal a adopté le protocole du docteur marseillais, qui garde des liens forts avec le pays où il a grandi.
Et si les bons résultats du Sénégal, du moins dans cette première phase de la pandémie, étaient en partie liés à l’utilisation de l’hydroxychloroquine, cette molécule qui suscite tant de polémiques en France ? Comme d’autres pays africains (Cameroun, Côte-d’Ivoire, Maroc, Afrique du Sud), mais de façon plus systématique, le Sénégal a adopté le protocole du docteur Didier Raoult, directeur de l’IHU de Marseille, pour traiter les patients atteints de Covid-19 : un mélange d’hydroxychloroquine et d’azithromycine. «Chez tous les patients qui ont bénéficié du traitement à base d’hydroxychloroquine et qui ont consulté précocement, aucune complication n’a été notée, encore moins de cas de décès», constatait vendredi au micro de RFI le professeur Moussa Seydi.
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Chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de Fann, à Dakar, le professeur Moussa Seydi confirme s’être inspiré des travaux du Marseillais. «Je ne l’ai jamais vu, je ne lui ai même jamais parlé, mais je connais ses écrits», dit-il à Libération. Reste que Raoult n’est pas un inconnu à Dakar où il est né en 1952, fils d’un professeur de médecine tropicale dans les armées et d’une infirmière bretonne.
Amitié
Son destin était «tout trouvé», a d’ailleurs reconnu Didier Raoult dans la presse sénégalaise, lui qui a passé sa petite enfance juste en face de l’institut Pasteur de Dakar, avant de quitter la capitale sénégalaise à 9 ans. Du quartier animé du Plateau et de la plage de l’Anse Bernard, petite crique nichée dans le sud de la ville, il dit avoir gardé des «souvenirs attachants» de son pays natal. Mais depuis 2008, c’est pour ses recherches sur les maladies infectieuses qu’il revient chaque année à Dakar. «Les deux choses importantes que nous avons réalisées ensemble, c’est la formation de haut niveau des jeunes chercheurs sénégalais, et le transfert de technologie de Marseille vers le Sénégal», explique Cheikh Sokhna.
L’actuel directeur de recherche au sein de l’antenne sénégalaise de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) a été remarqué dès 2008 par Didier Raoult qui lui propose alors de rejoindre son laboratoire. Après douze ans de collaboration, Sokhna évoque une relation d’amitié. «Il porte le Sénégal dans son cœur et vient tous les ans passer une semaine à Dakar. A chaque fois, j’organise une journée scientifique.» Une occasion pour tous les spécialistes sénégalais en maladies infectieuses de rencontrer et d’échanger avec Raoult.
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Héritage
Le professeur marseillais a aussi permis à une vingtaine de chercheurs sénégalais de réaliser des séjours d’études à l’IHU de Marseille, et a encadré les travaux de plusieurs doctorants. Grâce à lui, une plateforme de recherche a été installée en 2012 à l’hôpital principal de Dakar, permettant un diagnostic rapide des bactéries. Autre héritage de Raoult : les points of care, trois petits laboratoires installés à travers le pays qui permettent là aussi de diagnostiquer rapidement les maladies. Depuis le déclenchement de l’épidémie, ils se sont révélés incontournables pour collecter les prélèvements.
Source : Libération
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