Des officiers généraux allemands s’y mettent aussi
Par le Général Dominique Delawarde
01/02/2023
Bonjour à tous,
Après les trois tribunes sélectionnées d’officiers généraux français des trois Armées que je vous ai adressées hier, des officiers généraux allemands s’y mettent aussi alors qu‘il n’a jamais été dans leurs habitudes de protester.
Vous trouverez ci-dessous les textes originaux en allemand mais aussi leur traduction en français de deux lettres ouvertes signées par leurs auteurs qui m’ont été communiquées par un officier général français.
Ces lettres ouvertes montrent que l’unanimité est loin d’être acquise dans les rangs de l’OTAN, pour une croisade russophobe menée pour les seuls intérêts US.
Les arguments avancés par ces officiers généraux allemands sont à peu près les mêmes que les nôtres.
Le second va même jusqu’à appeler à des manifestations de rue.
Après avoir pris connaissance de textes équivalents provenant des USA et de la République Tchèque, je suis preneur de tous les textes émanant d’autres pays de l’OTAN et signés par leurs auteurs, si ces derniers ont exercé des responsabilités militaires importantes lors de la guerre froide ou après.
Bonne lecture et à chacun de se forger son opinion, bien sûr.
Général Dominique Delawarde
Les textes originaux en allemand et leur traduction en français :
2023-01-31 Gal Daum Protest gegen die weitere Unterstützung der Ukraine mit Panzer
Protest gegen die weitere Unterstützung der Ukraine mit Panzer
und anderen schweren Kriegsgerät durch Deutschland.
Von Sebald Daum, Generalmajor a.D,
Mit der Entscheidung des Bundeskanzlers der BRD Herrn Scholz und seiner Regierung, nun doch der Ukraine 14 „Leopard-2“ Panzer zu liefern und den anderen Ländern der NATO es zu gestatten auch diese Leopard-Panzer der Ukraine zur Verfügung zu stellen, tritt Deutschland in eine neue Phase der Kriegsbeteiligung gegen Russland ein und verwirklicht so die Aussage seiner Außenministerin im Krieg mit Russland zu stehen.
Mit dieser Entscheidung verlängert Deutschland nicht nur das Sterben in der Ukraine, sondern wird Kriegspartei. Gleichzeitig wird Russland immer mehr zum Feind des deutschen Volkes aufgebaut und man zerstört endgültig all das, was einmal wichtig war in den freundschaftlichen Beziehungen zu Russland, insbesondere im Osten sowie in der BRD insgesamt.
Ich möchte deshalb nur an einige wichtige Fakten erinnern:
– dass die Sowjetunion den größten Anteil an der Befreiung des deutschen Volkes vom Hitlerfaschismus hat mit über 27 Millionen Toten,
– dass nach 1945 die Rote Armee und das sowjetische Volk nicht Gleiches mit Gleichen vergolten und Deutschland mit Hass überzogen haben, wie es zur Zeit schon wieder in Deutschland gegen Russland getan wird,
– dass die Sowjetunion und Russland entscheidend war für die Wiedervereinigung Deutschlands, denn ohne ihre Zustimmung hätte es kein „Einig Deutsches Vaterland“ gegeben,
– dass Russland seine Besatzungstruppen freiwillig, im guten Glauben an gute nachbarliche Beziehungen, abgezogen hat, während die amerikanischen Besatzungstruppen weiter im Lande sind,
– dass Russland zugestimmt hat, dass Deutschland nicht neutral, sondern in der NATO bleiben darf,
– dass nicht Russland an die Grenzen Deutschlands oder der EU herangerückt ist, sondern die NATO-Truppen heute an den Grenzen Russlands stehen,
– und letztlich sei daran erinnert, dass es die USA und die NATO waren, die 2014 in der Ukraine einen Staatsstreich organisiert, den gewählten Präsidenten außer Landes vertrieben und die Ukraine militärisch aufgerüstet und gegen Russland in Stellung gebracht haben, damit sie 8 Jahre Krieg gegen das eigene Volk führen konnte und geführt hat.
Hat man das alles vergessen, ist dass jetzt der Dank für all das was die Sowjetunion und Russland für Deutschland getan haben, oder sind wir schon wieder so weit, ein drittes Mal gegen Russland in den Krieg zu ziehen? Sollen deutsche Panzer „Leopard“, wie einst deutsche „Tiger“ gegen Russland rollen. Hat man die Ergebnisse von Stalingrad und Kursk so schnell vergessen, oder will man diese Niederlagen revidieren?
Nie wieder Krieg galt in Deutschland als ungeschriebenes Gesetz. Nie wieder darf in Deutschland deshalb Hass und Kriegsgeschrei gegen Russland die Oberhand gewinnen, nie wieder darf ein „wollt ihr den totalen Krieg“- Geschrei uns gegen die Völker Russlands aufhetzen.
Deshalb erhebe ich meine Stimme zum Protest, gegen diese Lieferung von Panzern und anderem schweren Kriegsgerät durch Deutschland, die für die Verlängerung des Krieges und des Mordens in der Ukraine stehen. Mögen die Stimmen der Vernunft die Oberhand gewinnen und mögen Unzählige in diesem Sinne mithelfen, den Krieg zu verhindern.
—=== Traduction du texte ci-dessus ===—
2023-01-31 Gal Daum Protestation contre la poursuite du soutien à l’Ukraine avec des chars
Protestation contre la poursuite du soutien à l’Ukraine avec des chars
et d’autres équipements de guerre lourds par l’Allemagne.
Par Sebald Daum, major général à la retraite,
Avec la décision du chancelier de la République fédérale d’Allemagne, M. Scholz, et de son gouvernement de livrer finalement 14 chars « Leopard-2 » à l’Ukraine et d’autoriser les autres pays de l’OTAN à mettre également ces chars Leopard à la disposition de l’Ukraine, l’Allemagne entre dans une nouvelle phase de participation à la guerre contre la Russie et concrétise ainsi la déclaration de sa ministre des Affaires étrangères d’être en guerre avec la Russie.
Par cette décision, l’Allemagne ne fait pas que prolonger l’hécatombe en Ukraine, elle devient partie prenante à la guerre. Dans le même temps, la Russie devient de plus en plus l’ennemi du peuple allemand et on détruit définitivement tout ce qui était important dans les relations amicales avec la Russie, en particulier à l’Est ainsi qu’en RFA dans son ensemble.
Je voudrais donc simplement rappeler quelques faits importants :
– que l’Union soviétique a pris la plus grande part dans la libération du peuple allemand du fascisme hitlérien, avec plus de 27 millions de morts,
– qu’après 1945, l’Armée rouge et le peuple soviétique ne se sont pas rendus coup pour coup et n’ont pas couvert l’Allemagne de haine, comme c’est à nouveau le cas actuellement en Allemagne contre la Russie,
– que l’Union soviétique et la Russie ont joué un rôle décisif dans la réunification de l’Allemagne, car sans leur accord, il n’y aurait pas eu de « patrie allemande unie »,
– que la Russie a volontairement retiré ses troupes d’occupation, en toute bonne foi, dans le cadre de bonnes relations de voisinage, alors que les troupes d’occupation américaines sont toujours présentes dans le pays,
– que la Russie a accepté que l’Allemagne ne soit pas neutre, mais reste dans l’OTAN,
– que ce n’est pas la Russie qui s’est rapprochée des frontières de l’Allemagne ou de l’UE, mais que les troupes de l’OTAN se trouvent aujourd’hui aux frontières de la Russie,
– et enfin, il convient de rappeler que ce sont les États-Unis et l’OTAN qui ont organisé un coup d’État en Ukraine en 2014, chassé le président élu hors du pays et armé militairement l’Ukraine et l’ont mise en position contre la Russie afin qu’elle puisse mener et mène une guerre contre son propre peuple pendant 8 ans.
A-t-on oublié tout cela, est-ce que c’est maintenant le remerciement pour tout ce que l’Union soviétique et la Russie ont fait pour l’Allemagne, ou sommes-nous déjà prêts à entrer en guerre une troisième fois contre la Russie ? Les chars allemands « Leopard » doivent-ils rouler contre la Russie comme les « Tigres » allemands autrefois ? A-t-on oublié si vite les résultats de Stalingrad et de Koursk, ou veut-on revenir sur ces défaites ?
Jamais plus la guerre n’était une loi non écrite en Allemagne. Plus jamais la haine et les cris de guerre contre la Russie ne doivent donc prendre le dessus en Allemagne, plus jamais les cris de « voulez-vous la guerre totale » ne doivent nous monter contre les peuples de Russie.
C’est pourquoi j’élève ma voix pour protester contre la livraison par l’Allemagne de chars et d’autres équipements de guerre lourds qui prolongent la guerre et les massacres en Ukraine. Que les voix de la raison l’emportent et que d’innombrables personnes contribuent dans ce sens à empêcher la guerre.
2023-01-31 Gal Grätz Deutsche Panzer gegen Russland
Deutsche Panzer gegen Russland
-Aufruhr meines Gewissens-
Von Manfred Grätz, Generalleutnant a.D.
Es ist wieder so weit. Von ungezählten Menschen befürchtet, von einer geschichtsvergessenen oder die Geschichte arrogant missachtenden Minderheit, die sich berufen fühlt, unser Land zu regieren und in Vasallentreue dem transatlantischen Bündnispartner folgt, herbeigesehnt und -geredet, von einer einmalig gleichgeschalteten Medienlandschaft eifrig unterstützt und nunmehr vom Bundeskanzler offiziell verkündet. Panzer gen Osten ist beschlossenen Sache.
Bei vielen Menschen sträuben sich die Haare, werden ungute Erinnerungen wach, auch bei mir. Damals waren es noch kindliche Erinnerungen.
Geboren 1935 bin oder war ich faktisch noch ein Kind des 2. Weltkrieges. Zu jung, um schon für den Waffengang des deutschen Faschismus missbraucht zu werden, aber alt genug, um zu verstehen, dass Krieg nur unermessliches Leid, Elend und menschenverachtende Vernichtung bedeutet. Ich verlor meinen Vater. Ein herzlos kalter Brief seines Kompaniechefs vermeldete, dass er offensichtlich „in heldenhaften Abwehr-Kämpfen gegen den bolschewistischen Feind für Führer, Volk und Vaterland gefallen sei…“
Gelegentlich tauchen auch schlaglichtartig Erinnerungen auf, wie wir als halbwüchsige Jungen am Bahndamm saßen und die vielen Militärtransporte beobachteten, mit riesigen weißen Lettern beschriftet: „Räder müssen rollen für den Sieg.“ Heute heißt es: „Deutsche Panzer Richtung Russland.“ Parallelen, Ähnlichkeiten sind wohl unschwer zu erkennen. Bombennächte, Fliegeralarm, das brennende Chemnitz unweit meines Dorfes vor Augen, all das trug dazu bei, dass ich schon als Kind den Krieg hassen lernte und den Frieden herbeisehnte. Das Ende des Krieges erlebte ich schließlich als Befreiung Deutschlands vom Faschismus durch die Sowjetarmee.
Seit jenen Ereignissen sind nahezu acht Jahrzehnte vergangen. Aus dem damals halbwüchsigen Jungen ist ein 88-Jähriger geworden, in ereignisreicher geschichtsträchtiger Zeit ein erfülltes Leben hinter sich.
38 Dienstjahre für die Erhaltung des Friedens in unserer Nationalen Volksarmee, davon sechs Jahre Studium in der SU, gehören dazu. Ich bekenne mich freimütig, ich liebe dieses Land, wohl wissend, dass das heutige Russland nicht mehr mit der SU vergleichbar ist. Aber die Menschen, deren Väter und Großväter für ihr Vaterland gegen den deutschen Faschismus gekämpft und auch uns befreit haben, sind geblieben. Warmherzige, liebenswerte Menschen, Freunde!
All das und noch viel mehr geht mir durch den Kopf vor dem Hintergrund all dessen, was sich gegenwärtig ereignet. Der Geist ist noch wach, auch nach 88 Jahren.
Es ist eine ganze Gemengelage an Gefühlen und Empfindungen, die mich bewegt, dominiert von Wut und Enttäuschung. Wut kocht in mir hoch, wenn ich die völlig haltlose einseitige Schuldzuweisung an Russland, in der Regel personell an Putin verfolgen muss, an Putin, den Aggressor, Putin den Kriegsverbrecher. Putin ist an allem schuld, was gegenwärtig in der Welt passiert. Vergessen oder bewusst verschwiegen die gesamte Vorgeschichte des Krieges in der Ukraine, vergessen der Wortbruch des Westens bezüglich der NATO-Osterweiterung, vergessen die Rede Putins vor dem Bundestag anno 2001, in der er die Hand ausstreckte, friedliche Zusammenarbeit anbot und dann mit standing ovations verabschiedet wurde, vergessen auch die Rede auf der Münchner Sicherheitskonferenz 2007, als er die NATO-Osterweiterung als Bedrohung russischer Sicherheitsinteressen ansprach.
Wut kommt auf, wenn Frau Baerbock, immerhin Außenministerin unseres Landes und höchste Diplomatin, völlig ahnungslos und bar jeglichen diplomatischen Geschicks oder gar Anstands vom Leder zieht „Wir werden Russland ruinieren“.
Auf etwa der gleichen Ebene liegt das häufige Geschwätz über die Frage, ob wir denn nun schon Kriegspartei sind oder nicht, oft dabei den Anschein erweckend, zu suchen und auszuloten, ob wir denn nicht noch einen Schritt weiter gehen dürfen oder nicht. Für mich brotlose Kunst. Längst sind die Fronten klar. Wir sind mittendrin. Was sollte man denn sonst noch tun müssen, wenn man schon Panzer und andere schwere Waffen geliefert hat mit dem „hehren“ Ziel, Russland zu besiegen?
Gefährlich auch, wenn Politiker und sog. Experten in Talkshows oder bei anderen Gelegenheiten über das Thema Eskalation, vielleicht mit Kernwaffen, mit „kleinen taktischen“ zunächst, sinnieren, ahnungslos und leichtsinnig. Vergessen schon Hiroshima und Nagasaki, jene zwei japanischen Städte, die das Opfer des ersten Atombombenabwurfes auf bewohntes Territorium wurden, ohne jede militärische Notwendigkeit. Zu diesem Zeitpunkt war der 2. Weltkrieg längst entschieden, in Europa, wie auch in Fernost. Und das waren bekanntlich nicht die Russen! Vergessen all das Leid und Elend, all die nach Zehntausenden zählenden Toten, und die Jahrzehnte währenden Langzeitwirkungen, die diese nach heutigen Maßstäben „zwei kleinen Kaliber“ bewirkten. Unvorstellbar und verantwortungslos ein solches Spiel mit dem Feuer in der Gegenwart! Da sage ich als ehemaliger Militär all jenen, die an ein solches Abenteuer nur denken: Kriegsverbrechen!
Apropos Kriegsverbrechen! Spricht da noch jemand davon im Zusammenhang mit Hiroshima und Nagasaki? Vergessen! Zu den Akten gelegt, das bis dato größte Kriegsverbrechen der Menschheitsgeschichte, begangen von den USA.
Nicht nur bedauerlich, sondern auch besorgniserregend finde ich, dass unsere in Regierungsverantwortung stehenden Politiker auch noch beratungsresistent sind. Ich denke hier dabei an die Tatsache, wie die Meinung erfahrener Militärs, Spezialisten ihres Berufes, mehr und mehr in den Hintergrund tritt, besser getreten wird, sie nicht mehr für die Öffentlichkeit wahrzunehmen ist. Muss es nicht bedenklich stimmen, wenn ein General Kujath, exzellenter Kenner der Materie, auch oder besonders der NATO, seine beachtenswert realen Einschätzungen der Lage in einem Schweizer Journal unterbreiten muss? Oder wenn sich ein General Vad, ehemaliger militärischer Berater von Frau Merkel, im Journal EMMA von Alice Schwarzer äußert (nicht missverstehen, Respekt für Frau Schwarzer!)
Oder wenn sogar der Generalstabschef der US-Armee, General Milley, für seine reale Einschätzung der Lage in der Ukraine von der Biden-Administration einen Rüffel einstecken musste und über seine Erkenntnisse der Mantel des Schweigens ausgebreitet wird?
Von anderen Militärs, gar von Ehemaligen aus der NVA, will ich hier gar nicht sprechen, die könnten ja die Russen gut kennen!
Alles nach dem Motto „Es kann nicht sein, was nicht sein darf“. Es bleibt dabei, mit deutscher Vasallentreue folgen wir getreu der auf die Weltherrschaft ausgerichteten Kriegspolitik der USA, unseres wichtigsten transatlantischen Verbündeten. Quo vadis, Deutschland? Frage ich mich da. Oder um es mit Heinrich Heine zu sagen: Denk ich an Deutschland in der Nacht, so werd´ ich um den Schlaf gebracht!
Noch ein Wort an alle Mitglieder und Sympathisanten unseres Verbandes, an meine Genossen und Freunde.
Erhebt Eure Stimme, versteckt Euch nicht.
Schreibt, in welcher Form und in welchem Medium auch immer und vergesst Name und Dienstgrad nicht.
Sucht und findet unsere Verbündeten, besucht auch deren Veranstaltungen.
Gemeinsam sind wir stärker.
Geht mit auf die Straße, sofern Ihr noch rüstig und mobil seid. Redet mit den Leuten, trotz unterschiedlicher Interessen, die dort vertreten sind.
Krieg will von den Demonstranten keiner.
All das sagt mir mein Gewissen. Bitte, prüft auch das Eure.
—=== Traduction du texte ci-dessus ===—
2023-01-31 Gal Grätz VF Les chars allemands contre la Russie
Les chars allemands contre la Russie
-révolte de ma conscience-
Par Manfred Grätz, général de corps d’armée à la retraite.
C’est à nouveau le moment. Redoutée par un nombre incalculable de personnes, souhaitée et évoquée par une minorité oublieuse de l’histoire ou la méprisant avec arrogance, qui se sent appelée à gouverner notre pays et suit avec vassalité l’allié transatlantique, soutenue avec zèle par un paysage médiatique aligné une fois de plus, et désormais annoncée officiellement par le chancelier fédéral. L’envoi de chars à l’Est est décidé.
Les cheveux de nombreuses personnes se hérissent, de mauvais souvenirs se réveillent, y compris chez moi. A l’époque, il s’agissait encore de souvenirs d’enfance.
Né en 1935, je suis ou j’étais en fait encore un enfant de la Seconde Guerre mondiale. Trop jeune pour être déjà utilisé pour la course aux armements du fascisme allemand, mais assez âgé pour comprendre que la guerre ne signifie que souffrance incommensurable, misère et extermination inhumaine. J’ai perdu mon père. Une lettre froide et sans cœur de son chef de compagnie annonçait qu’il était apparemment « tombé pour le Führer, le peuple et la patrie dans des combats défensifs héroïques contre l’ennemi bolchevique… ».
Occasionnellement, des souvenirs surgissent de manière fulgurante, comme lorsque nous étions des garçons adolescents assis au bord de la voie ferrée et que nous regardions les nombreux transports militaires, avec des inscriptions blanches géantes : « Les roues doivent rouler pour la victoire ». Aujourd’hui, on peut lire : « Les chars allemands en direction de la Russie ». Les parallèles, les similitudes sont sans doute faciles à reconnaître. Les nuits de bombardement, les alertes aériennes, la ville de Chemnitz en flammes non loin de mon village, tout cela a contribué à ce que j’apprenne dès mon enfance à détester la guerre et à désirer la paix. J’ai finalement vécu la fin de la guerre comme la libération de l’Allemagne du fascisme par l’armée soviétique.
Près de huit décennies se sont écoulées depuis ces événements. Le jeune garçon de l’époque est devenu un homme de 88 ans, qui a vécu une vie bien remplie à une époque riche en événements historiques.
38 années de service pour le maintien de la paix dans notre armée nationale populaire, dont six années d’études au SU, en font partie. Je l’avoue volontiers, j’aime ce pays, tout en sachant que la Russie d’aujourd’hui n’est plus comparable à la SU. Mais les gens dont les pères et les grands-pères ont combattu pour leur patrie contre le fascisme allemand et nous ont également libérés, sont restés. Des gens chaleureux et aimables, des amis !
Tout cela et bien d’autres choses encore me viennent à l’esprit dans le contexte de tout ce qui se passe actuellement. L’esprit est toujours en éveil, même après 88 ans.
C’est tout un mélange de sentiments et de sensations qui m’émeut, dominé par la colère et la déception. La colère monte en moi lorsque je suis confronté à l’attribution unilatérale de la responsabilité à la Russie, généralement à Poutine, à Poutine l’agresseur, à Poutine le criminel de guerre, sans aucun fondement. Poutine est responsable de tout ce qui se passe actuellement dans le monde. Oublié ou sciemment passé sous silence tout l’historique de la guerre en Ukraine, oublié le manquement de l’Occident à sa parole concernant l’élargissement de l’OTAN à l’Est, oublié le discours de Poutine devant le Bundestag en 2001, dans lequel il tendait la main, proposait une coopération pacifique et était ensuite accueilli par une standing ovation, oublié également le discours prononcé lors de la conférence sur la sécurité de Munich en 2007, dans lequel il évoquait l’élargissement de l’OTAN à l’Est comme une menace pour les intérêts de sécurité de la Russie.
La colère monte lorsque Mme Baerbock, après tout ministre des Affaires étrangères de notre pays et diplomate au plus haut niveau, lance, sans se douter de rien et sans aucune habileté diplomatique ni même de décence, « nous allons ruiner la Russie ».
Au même niveau se trouve le bavardage fréquent sur la question de savoir si nous sommes déjà belligérants ou non, en donnant souvent l’impression de chercher et de sonder si nous ne pouvons pas faire un pas de plus ou non. Pour moi, c’est de l’art sans pain. Les fronts sont clairs depuis longtemps. Nous sommes en plein dedans. Que faudrait-il faire de plus quand on a déjà livré des chars et d’autres armes lourdes dans le « noble » but de vaincre la Russie ?
Il est également dangereux de voir des hommes politiques et des soi-disant experts évoquer le thème de l’escalade, peut-être avec des armes nucléaires, avec des « petites tactiques » d’abord, dans des talk-shows ou à d’autres occasions, sans se douter de rien et de manière imprudente. Oubliées déjà Hiroshima et Nagasaki, ces deux villes japonaises victimes du premier largage de bombe atomique sur un territoire habité, sans aucune nécessité militaire. A ce moment-là, la Seconde Guerre mondiale était décidée depuis longtemps, en Europe comme en Extrême-Orient. Et comme chacun sait, ce n’étaient pas les Russes ! Oubliées toutes les souffrances et la misère, tous les morts qui se comptent par dizaines de milliers, et les effets à long terme que ces « deux petits calibres » ont provoqués pendant des décennies, selon les critères actuels. Inimaginable et irresponsable de jouer ainsi avec le feu dans le présent ! En tant qu’ancien militaire, je dis à tous ceux qui ne font que penser à une telle aventure : crime de guerre !
À propos de crimes de guerre ! Quelqu’un en parle-t-il encore à propos d’Hiroshima et de Nagasaki ? On a oublié ! Classé, le plus grand crime de guerre de l’histoire de l’humanité, commis par les États-Unis.
Je trouve non seulement regrettable, mais aussi inquiétant que nos politiciens, qui ont des responsabilités gouvernementales, soient également réfractaires à la consultation. Je pense ici au fait que l’opinion de militaires expérimentés, spécialistes de leur métier, est de plus en plus reléguée au second plan, ou plutôt piétinée, et qu’elle n’est plus perceptible par le public. Ne faut-il pas s’inquiéter lorsqu’un général Kujath, excellent connaisseur de la matière, y compris et surtout de l’OTAN, doit présenter ses appréciations remarquablement réelles de la situation dans un journal suisse ? Ou lorsqu’un général Vad, ancien conseiller militaire de Mme Merkel, s’exprime dans le journal EMMA d’Alice Schwarzer (ne vous méprenez pas, respect pour Mme Schwarzer !).
Ou lorsque même le chef d’état-major de l’armée américaine, le général Milley, s’est fait réprimander par l’administration Biden pour son évaluation réelle de la situation en Ukraine et que ses conclusions sont passées sous silence ?
Je ne veux même pas parler ici d’autres militaires, voire d’anciens de l’ANV, qui pourraient bien connaître les Russes !
Tout cela selon la devise « ce qui ne peut pas être ne doit pas être ». Il n’en reste pas moins qu’avec la vassalité allemande, nous suivons fidèlement la politique de guerre des États-Unis, notre principal allié transatlantique, qui vise à la domination mondiale. Quo vadis, l’Allemagne ? Je me pose la question. Ou pour paraphraser Heinrich Heine: « Si je pense à l’Allemagne la nuit, j’en perdrai le sommeil !
Encore un mot à tous les membres et sympathisants de notre association, à mes camarades et amis.
Élevez la voix, ne vous cachez pas.
Écrivez, sous quelque forme et par quelque moyen que ce soit, et n’oubliez pas votre nom et votre grade.
Cherchez et trouvez nos alliés, participez aussi à leurs manifestations.
Ensemble, nous sommes plus forts.
Descendez dans la rue, si vous êtes encore en forme et mobiles. Parlez avec les gens, malgré les intérêts divergents qui y sont représentés.
Personne ne veut la guerre parmi les manifestants.
Tout cela, c’est ma conscience qui me le dit. S’il vous plaît, examinez aussi la vôtre.
Note de la rédaction de Profession-Gendarme :
Le général Delawarde nous communique également le texte de l’un de ses amis lui ayant transmis les lettres des généraux Allemands.
Bonjour à tous,
Un de mes correspondants en Allemagne m’a fait parvenir ces deux appels/lettres ouvertes publiées par les généraux à la retraite : Lieutenant-Général Manfred Grätz (ex RDA) et Major-General Sebald Daum, à leur demande pour info et diffusion dans mes « cercles et réseaux » si je le souhaitais (Manfred Grätz était autrefois tombé sur la lettre ouverte à Stoltenberg en 2021 et m’avait contacté pour demander le feu vert à sa diffusion en Allemagne, et nous avions donc échangé qq mails à cette occasion , et c’est pourquoi, je pense , il tente cette bouteille à la mer vers nous).
Je vous les transmets donc en PJ, avec pour chacune la traduction en français, sous leurs signatures et avec leurs autorisations expresses.
Il est intéressant de noter qu’ils sont « vent de bout » contre cette livraison, et avec d’excellents arguments car ils savent de quoi ils parlent quand il s’agit de chars allemands en ex URSS (Koursk, Orel…).
J’ajoute que Grätz , comme ancien Général de la Volksarmee de la RDA communiste, connaît évidemment très bien les Russes. S’agissant de Daum, je n’ai pas trouvé son profil, et ne le connais pas.
Apparemment certains « grands anciens » allemands ne sont pas tous aveuglément sur la ligne Scholtz, …..un peu comme chez nous. Bizarre non ?
Bonne lecture,
Amicalement,
GD
Après quelques recherches sur la Toile nous avons trouvé les Liens suivants concernant la présente publication :
Lettres ouvertes de deux officiers généraux (e/r) allemands sur l’affaire des chars lourds…
Les chars allemands contre la Russie, par Manfred Grätz, général de corps d’armée à la retraite.
Criminels de guerre au travail – Une contribution du général de division Sebald Daum
et un article de 2016, Le jour de l’unité allemande : le dernier combat des vétérans de l’ANV
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