Dégoûté du métier, cet ancien militaire raconte les coulisses de l’armée…
Dégoûté du métier, cet ancien militaire raconte les coulisses de l’armée
Un ancien parachutiste de 24 ans se confie sur son passage dans les rangs de l’armée française. Il évoque de multiples humiliations, des violences physiques à répétition ainsi que la consommation régulière d’alcool et de drogue de la part de ses camarades.
© Bo Zaunders – En 2023, il manquait près de 3 000 personnels civils et militaires à l’armée française.
Par Thibaud Hue Publié le 22/03/2024 à 17h03
Ce n’est pas l’idée qu’il se faisait de l’armée. Jugé à 24 ans pour désertion, un ancien parachutiste de l’armée a préféré la voie des tribunaux pour quitter au plus vite la profession, rapporte Le Parisien. Après avoir signé un contrat de huit ans et être affecté au premier régiment de hussards parachutistes à Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées, il découvre les humiliations et les violences que lui font subir ses supérieurs. «Je savais dans quoi je me lançais», confie-t-il, mais la dureté du traitement qu’il dit avoir reçu a finalement dépassé ce qu’il pouvait supporter.
Près de 200 pompes par jour, des sessions de sport épuisantes, des tractions obligatoires avant de rentrer dans une salle, mais aussi «les coups de poing dans le ventre» assenés par des cadres de l’armée, confie-t-il au journal. Julien a d’ailleurs conservé une photographie montrant le ventre de l’un de ses camarades couvert de bleus, avec une côte fêlée. Si les exercices sportifs sont, selon lui, acceptables, il n’en est rien des coups de matraque ou des punitions collectives. Il raconte par exemple avoir dû recopier 500 fois des phrases comme : «Quand un cadre donne un ordre, je l’exécute.»
Jusqu’à trois ans de prison pour avoir déserté les rangs de l’armée
C’est lors d’une mission Sentinelle, à Paris, que ce jeune officier a décidé de prendre ses distances avec l’armée. Pendant une soirée festive, il constate que certains, déjà ivres, consomment du cannabis et de la cocaïne. Plusieurs soldats effectuaient même des rondes en état d’ébriété. «Certains jours, je me demandais qui serait apte en cas d’intervention», regrette-t-il. Julien se remémore également ce jour où des dizaines de ses collègues ont eu des relations sexuelles avec une femme, selon eux consentante, et ont filmé la scène.
À cela s’ajoutent d’autres comportements problématiques, comme cette croix gammée tracée par l’un de ses chefs à la tondeuse dans ses cheveux. En janvier 2023, le jeune homme a quitté la profession par l’intermédiaire de la désertion, pour éviter les trois mois de préavis et de nouvelles brimades. Il explique au quotidien ne pas regretter son choix et avoir beaucoup appris sur le plan humain, même s’il risque la sanction. En temps de paix, il pourrait écoper trois ans de prison.
L’armée française tente de limiter la fuite de ses soldats
Pour dissuader d’autres soldats de retourner dans la vie civile, l’armée française a d’ailleurs lancé le plan «Fidélisation 360». L’objectif : gagner un an d’ancienneté supplémentaire d’ici 2030 et gonfler les rangs des militaires, des sous-officiers et des officiers, rapporte BFMTV. En 2023, il manquait près de 3 000 personnels civils et militaires. Un plan qui portera sur la rémunération, mais surtout les conditions de vie du personnel.
Les conditions de mutation de soldats seront améliorées, avec notamment une aide à la mobilité familiale, et, dès 2025, l’accès à des prêts immobiliers à des taux avantageux sera facilité. Le ministère des Armées a également annoncé, dès 2026, une meilleure prise en compte des contraintes de la profession pour obtenir des primes au moment du départ à la retraite, et la création d’une ligne spéciale pour faciliter l’accès au logement dans le parc locatif privé.
Source : Capital
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