Covid-19 : le couac de Santé Publique France sème le trouble sur les chiffres de l’épidémie

Les chiffres de la mortalité de l’épidémie en France ont subitement bondi ce vendredi. Ils étaient en réalité faussés par le bilan non comptabilisé d’un hôpital francilien depuis plusieurs semaines.

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Une soignante s’occupe d’un patient atteint du covid-19. FRANCOIS LENOIR / REUTERS
Deuxième vague oblige, nombreuses sont les villes françaises à redoubler de mesures pour contrer la propagation du virus. En revanche, du côté du ministère de la Santé, les efforts de communication sur les chiffres quotidiens de l’épidémie sont au point mort. Vendredi, le nombre de décès et d’hospitalisations en 24 heures affiché par Santé Publique France était faussé, les données d’un établissement hospitalier de l’Essonne ayant été rajoutées rétroactivement.
Rembobinons. Pendant plusieurs mois, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a eu pour habitude d’intervenir lors d’une conférence de presse, chaque soir, aux alentours de 19 heures. Il donnait le nombre de décès, de cas, de personnes en réanimation, ce qu’on apprenait de nouveau sur le virus, tout en rappelant les gestes barrières. Après le déconfinement, les interventions de Jérôme Salomon se sont raréfiées, jusqu’à disparaître en lieu et place d’un communiqué transmis par courriel aux journalistes.

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Santé Publique France a affiché 123 nouveaux décès en 24 heures, ce qui est faussé, puisqu’on y ajoute des données arrêtées au 29 juillet, issues d’un établissement hospitalier de l’Essonne. Capture d’écran SPF
Or, depuis le 10 septembre 2020, plus aucun texte n’est envoyé aux rédactions. Pour transmettre l’information sur le nombre de cas, il est nécessaire d’accéder à cette page, sur le site de Santé Publique France, où une image est publiée avec les «chiffres clés» actualisés quotidiennement. Non seulement, le site souffre régulièrement de bugs d’affichage qui empêchent d’accéder aux données, mais celles-ci sont non exhaustives et ne sont accompagnées d’aucune explication. Seuls des communiqués hebdomadaires perdurent encore.

«Rattrapage de données»

Ce vendredi, un bilan de 123 morts supplémentaires en 24 heures a été affiché par Santé Publique France, alors que 50 décès étaient à déplorer la veille. On compte aussi 403 nouvelles hospitalisations, contre 247 jeudi. Des annonces plus qu’alarmantes. Sauf que ces chiffres ne sont pas représentatifs de la réalité. En se rendant sur le site de Géodes, l’observatoire cartographique dynamique permettant d’accéder aux principaux indicateurs de santé, on observe qu’un établissement hospitalier de l’Essonne a transmis ce vendredi près de 240 dossiers concernant des patients hospitalisés au cours des derniers mois. «De ce fait, les indicateurs hospitaliers du 18 septembre 2020, présentés par date de déclaration, présentent une augmentation soudaine dans ce département. Cet impact est également visible à un niveau régional et national», explique-t-on sur la page d’accueil.

Les chiffres du jour sont donc largement faussés. Selon le ministère de la Santé, il s’agit d’un «rattrapage de données» concernant «237 dossiers d’admissions dont 76 décès» enregistrés… jusqu’à la 29e semaine de l’année, soit celle du 19 juillet ! En soustrayant cet ajout impromptu aux vraies victimes, on obtient donc 47 décès supplémentaires, ce qui semble plus réaliste par rapport à la veille. Contacté par Le Figaro, l’entourage d’Olivier Véran n’a pas répondu à nos sollicitations.

Source : Le Figaro

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