Rebondissement inattendu au procès du docteur Muller, accusé d’avor maquillé le meurtre de sa femme en suicide. Le directeur d’enquête a annoncé à la barre avoir récemment recueilli, en préparant son audition devant la Cour, des confidences de deux gendarmes, selon lesquels le médecin « venait manifestement de prendre une douche » avant de donner l’alerte et de recevoir les enquêteurs sur les lieux du drame. Ces deux gendarmes étaient arrivés au domicile familial d’Ingwiller, dans le Bas-Rhin, le 8 novembre 1999, une demi-heure après l’appel téléphonique de Jean-Louis Muller à la gendarmerie, a raconté le directeur d’enquête.
« Ils m’ont dit : ‘Quand il nous a ouvert, il avait les cheveux mouillés ; pour moi, il venait de prendre une douche. Il avait encore des traces d’humidité sur les vêtements' », selon le directeur d’enquête. Conséquence immédiate de cette révélation, la Cour d’assises a décidé d’entendre dès ce mardi ces deux témoins surprise, ainsi que leur supérieur de l’époque, un major de gendarmerie, puisque les trois enquêteurs avaient signé le même procès-verbal.
« Ca commence à bien faire ! »
Devant les jurés, le directeur d’enquête a expliqué que c’est en préparant son dossier, dans la perspective de témoigner au procès, qu’il s’était aperçu qu’il lui manquait certaines pièces. Afin d’obtenir ces pièces égarées, il avait contacté vendredi l’un de ses amis, capitaine de gendarmerie, lequel lui aurait conseillé de joindre les deux gendarmes. « Vous leur avez demandé pourquoi ils ont attendu 14 ans pour donner ces éléments? », a interrogé la présidente de la Cour d’assises, Marie-Cécile Thouzeau, avant que l’avocat de la défense, Me Eric Dupond-Moretti, se dise pour sa part « extrêmement dubitatif ».
Pour la première fois depuis le début de son procès, ce rebondissement a fait sortir Jean-Louis Muller de ses gonds, quand il a lancé à la Cour : « Ca commence à bien faire! ». « Quinze ans après, deux gendarmes racontent n’importe quoi ! Moi, on me chie dessus ! Il y en a marre ! », a-t-il poursuivi, excédé.
Les révélations tardives des deux gendarmes, à l’époque simples agents de police judiciaire et non officiers, sont apparues d’autant plus étonnantes que le procès verbal qu’ils avaient signé à l’époque ne faisait pas part de leurs « impressions » relatives à cette douche. « Quand les gendarmes sont arrivés, il y avait les pompiers, un autre médecin, la mère et la soeur de M. Muller… Pourquoi ces éléments n’ont-ils jamais été portés à la connaissance de la Justice ? », a encore interrogé Me Dupond-Moretti.
Une femme désepérée ?
Vendredi, le témoignage de l’amant de la femme du docteur Jean-Louis Muller était venu fragiliser l’accusation. Ce chercheur au CNRS, que Brigitte Muller avait rencontré un mois avant sa mort, et avec qui elle entretenait une relation platonique, à l’exception d’un baiser, a expliqué qu’elle « n’était pas heureuse » et même « désespérée ». Il a reconnu qu’elle « était dans une grande incertitude dans son couple ». Mais il a affirmé qu’une séparation de Brigitte d’avec son époux Jean-Louis n’avait « pas été évoquée ».
Jean-Louis Muller a toujours affirmé n’avoir découvert l’existence de cet amant qu’après la mort de son épouse. Le corps de Brigitte Muller avait été retrouvé au soir du 9 novembre 1999, dans la salle de jeux située au sous-sol du domicile familial, un Magnum 357 entre les pieds. Les parties civiles ont toujours mis en doute le scénario initialement retenu du suicide, en affirmant que Brigitte Muller ne présentait pas de traits de caractère laissant penser un acte désespéré.
Jean-Louis Muller, qui comparaît libre, a déjà été condamné à deux reprises à 20 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa femme, avant qu’une décision de la Cour de cassation n’ordonne un troisième procès devant les assises de Meurthe-et-Moselle, à Nancy.
Source : LCI TF1
Laisser un commentaire