La radio cryptée des gendarmes crépite. Il est 2 h 46, jeudi, les militaires du peloton de sécurité et d’intervention de la gendarmerie, le Psig Sabre, de Coulommiers sont envoyés à Vaudoy-en-Brie où une alarme anti-intrusion a retenti. C’est le premier appel pour la patrouille qui sillonne depuis minuit les routes, à l’affût. A bord du Volkswagen Sharan banalisé, nous les avons suivis toute la nuit de mercredi à jeudi.
On remonte la N 4 à 150 km/h. Personne ou presque sur la route. Silence et concentration dans la voiture. Dans une maison de Vaudoy, derrière un volet bordeaux, une vitre a été brisée par une pierre. Au sol se trouve une pince. Les gendarmes se précipitent dans la maison, arme dans une main, lampe torche dans l’autre. Personne. Le jardin est passé au peigne fin. Les dépendances aussi. Aucune trace d’un cambrioleur. Pas âme qui vive dans le village non plus.
Coulommiers, nuit de mercredi à jeudi. Les militaires du Psig de Coulommiers procèdent à des contrôles chaque nuit dans les environs. LP/S.R. Vêtus de combinaisons bleu nuit, armés jusqu’aux dents (lire l’encadré), trois militaires parcourent une centaine de kilomètres chaque nuit à bord du monospace « qui monte à un bon 200 km/h facile », selon le pilote, bonnet noir sur la tête. Les gendarmes du Psig de Coulommiers veillent sur un territoire de 1 200 km2 grand comme presque douze fois Paris, comprenant 97 communes et 115 000 habitants. « On est des chasseurs. On fait de l’initiative », résume Ludovic, 41 ans dont douze dans l’unité.
« On dit aux gens qu’on est comme la BAC [NDLR : brigade anticriminalité de la police nationale] mais version gendarmes », dit Michaël, 34 ans, dont quatre au Psig qui compte 22 membres. « Tous ont demandé à en faire partie », confirme Ludovic.
Cette nuit -là, sur la banquette arrière, Maxime, 22 ans, dont un an au Psig, vérifie sur sa tablette numérique que les voitures croisées ne sont pas volées. Armé d’un pistolet mitrailleur, en cas d’intervention, il se tient en retrait et protège ses deux collègues.
Au fil des kilomètres, l’équipage contrôle plusieurs véhicules, des camionnettes blanches principalement. Sous le regard vigilant de ses collègues, un gendarme invite le conducteur à ouvrir la partie fourgon. Il l’inspecte à la recherche d’éventuels objets volés. « C’est bien calme », soupire Michaël. « Les gens se tiennent tranquilles. Ils ne veulent pas passer Noël au ballon [NDLR : en prison]. » Le silence sur les ondes le confirme.
À La Celle-sur-Morin, un grand coup de vent a jeté une tonnelle au milieu de la route. Les gendarmes déplacent la pergola pour qu’elle ne provoque pas d’accident. « Nous sommes les couteaux suisses de la gendarmerie », s’amuse Ludovic.
Le premier Psig Sabre de Seine-et-Marne
Coulommiers, le 30 novembre. Les gendarmes du Psig Sabre de Coulommiers sont dotés d’armes de guerre et de protections spéciales leur permettant d’intervenir en cas d’attaque terroriste.LP/Sébastien Roselé
C’est officiellement en janvier 2016 que le peloton de sécurité et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) de Coulommiers est passé au niveau Sabre.
Fort de 22 femmes et hommes, le Psig Sabre intervient en cas d’attaque terroriste ou de tuerie de masse. C’était le premier en Seine-et-Marne, rejoint en janvier dernier par le Psig de Meaux. La création des Psig Sabre a été prise juste après les attaques du Bataclan, à Paris, le 13 novembre 2015.
Les militaires qui la composent sont dotés d’armes de guerre, de boucliers balistiques, de casques et de gilets pare-balles plus épais que l’équipement de base. Les gendarmes de cette unité suivent un stage intensif chaque année.
Appelés sur l’attaque terroriste à l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne) le 18 mars dernier, les militaires du Psig Sabre de Coulommiers ont été parmi les premières unités de renfort sur place.
S.R.
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