Coronavirus : Confrontés à la pandémie, policiers et gendarmes s’organisent
SECURITE Alors que de plus en plus de policiers et gendarmes sont contaminés, les forces de l’ordre réorganisent leurs missions
Des gendarmes effectuent des contrôles à la frontière italienne — Lionel Urman/SIPA
- De plus en plus de membres des forces de l’ordre, en prise directe avec la population, sont contaminés par le coronavirus.
- Police et gendarmerie réorganisent leurs missions et demandent à la population de privilégier les services en ligne.
- Fonctionnaires et militaires sont également mobilisés pour faire respecter la fermeture des commerces et des restaurants.
Le cas de figure était redouté depuis plusieurs semaines. De plus en plus de policiers et gendarmes sont dépistés positifs au coronavirus. Dernier cas en date, détecté ce lundi matin, selon nos informations : un agent affecté dans un commissariat du 18e arrondissement de Paris, chargé de réaliser la prise d’empreinte des personnes placées en garde à vue. « Quand je pense à toutes les personnes qui sont passées entre ses mains, ça craint », lâche une source policière. Face à cette recrudescence d’effectifs contaminés par le virus, les forces de l’ordre s’adaptent.
Dans la capitale, sept policiers de la brigade des réseaux ferrés ont été contaminés, obligeant depuis samedi leurs 400 collègues à être confinés à domicile 14 jours. La sécurisation des réseaux de transports parisiens sera assurée, pendant ce temps, par d’autres services de la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (Dspap) de la Préfecture de police. Plus au sud, à Sanary-sur-Mer (Var), sept policiers ont également été dépistés positif au Covid-19. Samedi soir, le directeur général de la police nationale et le ministre de l’Intérieur ont annoncé la fermeture du commissariat et le confinement des effectifs. Leurs missions seront effectuées par les commissariats de Toulon et La Seyne-sur-Mer. Au total, la police nationale estime à 600 le nombre de fonctionnaires confinés.
Les modalités d’accueil du public évoluent
« Nos modalités d’accueil évoluent » avec la pandémie, indique la police nationale sur son compte Twitter. Elle a diffusé un document appelant la population à ne composer le 17 qu’en cas d’urgence et à privilégier autant que possible les démarches en ligne. Par ailleurs, selon les informations de 20 Minutes, il a été décidé de fermer les commissariats annexes et de mettre en place un préfiltrage à l’extérieur des autres. Les personnes qui entrent ensuite à l’intérieur doivent porter des masques. Par ailleurs, depuis vendredi, tous les véhicules de patrouilles et d’interventions doivent être équipés de kits de masques et de produits hydroalcooliques.
En matière de police judiciaire, la direction des affaires criminelles et des grâces du ministère de la Justice a donné aux procureurs des instructions dans une note de 13 pages « afin de freiner la propagation du virus Covid-19 ». Elle demande notamment aux magistrats d’inciter les policiers et gendarmes à donner la priorité « aux enquêtes de flagrance présentant un fort enjeu en termes d’ordre public et nécessitant une réponse judiciaire rapide ». Les policiers et les gendarmes sont également invités à « limiter les interpellations en la forme préliminaire aux procédures ». Par ailleurs, DACG demande aux juges d’instructions de « différer les interpellations ne présentant pas de caractère d’urgence. »
De son côté, la gendarmerie nationale a, selon nos informations, mis en place un plan de continuité de l’action. Les gendarmes entendent se concentrer sur la lutte contre les atteintes aux biens et aux personnes et la défense des points d’intérêt vitaux, c’est-à-dire les centrales nucléaires ou les palais nationaux. En fonction du nombre de personnels qui pourraient être indisponibles, certaines missions peuvent être remises à plus tard, voir annulées. Les permissions et jours de repos pourraient être suspendus et des réservistes appelés en renfort.
« Hors urgences, les gens peuvent contacter jour et nuit les gendarmes grâce à la brigade numérique », rappelle une source proche du dossier, précisant que les brigades restent néanmoins ouvertes, les militaires recevant le public « avec toutes les précautions nécessaires ».
Des escadrons de gendarmes mobiles disponibles
A Grasse, les 110 membres d’un escadron de gendarmerie et leurs familles sont confinés depuis jeudi après la découverte de deux cas de coronavirus parmi les effectifs. Mais d’autres unités sont mobilisables, rassure un proche du dossier. En effet, les stations de ski étant dorénavant fermées, une demi-douzaine d’escadrons de gendarmes mobiles habituellement affectés en montagne peuvent désormais basculer sur d’autres missions.
Enfin, il a été demandé aux forces de l’ordre de faire respecter, lors de leurs patrouilles, l’arrêté de fermeture des commerces, des bars et des restaurants. La sanction encourue est une contravention de première classe de 38 euros. Dans les jours qui viennent, si le gouvernement décidait de confiner la population et d’instaurer un couvre feu, les gendarmes pourraient aussi être mobilisés pour faire respecter cette décision. « Il faut que les préfets reçoivent des directives qui seraient ensuite déclinées dans chaque département », explique une source proche du dossier. Ajoutant : « Pour l’instant, il n’y en a pas. »
Source : 20 Minutes
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