Confrontation entre pompiers et forces de l’ordre : un syndicat de CRS présente «mille excuses»
La branche CRS d’Unsa-Police a déploré la confrontation avec les pompiers à Paris et déclaré : «Les collègues sont honteux d’avoir reçu des ordres aussi minables […] C’est le ressenti […] vis-à-vis des ordres reçus de nos hauts dirigeants.»
La section CRS du syndicat UNSA-Police a présenté ses excuses sur Twitter dans la soirée du 15 octobre pour la gestion du maintien de l’ordre face aux pompiers qui manifestaient : «Les CRS honteux d’avoir gazé les pompiers alors que la manifestation était bon enfant. Unis dans le même combat pour défendre leurs conditions de travail. Aucune considération de nos décideurs. Mille excuses.» [Depuis la publication de l’article de RT France, le compte Twitter du pôle CRS d’Unsa-Police a choisi de retirer ses tweets, dont des captures d’écran figurent ci-après] :
Ce 16 octobre, la branche syndicale a précisé ses propos dans un nouveau tweet : «Les collègues sont honteux d’avoir reçu des ordres aussi minables. Tous ensemble derrière la même bannière. Servir», et d’ajouter : «Pour ceux qui n’auraient pas compris, c’est le ressenti des collègues vis-à-vis des ordres reçus de nos hauts-dirigeants.»
Les pompiers manifestaient leur colère dans les rues de la capitale le 15 octobre dans une ambiance «bon enfant», ainsi que l’ont constaté plusieurs journalistes de RT France ainsi que des commentateurs interrogés sur place. Les soldats du feu, organisés en intersyndicale, demandaient notamment une revalorisation de leur salaire, des garanties face aux agressions ou encore le maintien de leur retraite. Cet événement intervient après deux mois de grève symbolique dans les centres de secours où les pompiers demandaient également des avancées sur les effectifs et les charges de travail.
L’utilisation de la force est contestée
Malgré une ambiance festive, le gouvernement a toutefois fait le choix d’un maintien de l’ordre sans concession face aux pompiers en utilisant notamment des escadrons de gendarmerie mobile, des unités de compagnies républicaines de sécurité, ainsi que des compagnies d’intervention de la police nationale en nombre, alors que les manifestants rejoignaient la place de la Nation depuis la place de la République en passant par celle de la Bastille.
Les canons à eau de la police ont été déployés pour maintenir les pompiers à distance. Ils ont en effet voulu pénétrer sur le périphérique dans l’est parisien au niveau du Cours de Vincennes et de la porte de Vincennes dans le XIIe arrondissement de Paris. Ils ont également manifesté face au siège de l’Assemblée nationale.
Notre préfet sait-il au moins que nos collègues CRS auraient pu se faire défoncer face à des milliers de pompiers remontés ?
Sur ces deux fronts, le dialogue s’est fait plus musclé : les canons à eau et les grenades lacrymogènes ont bientôt été remplacés par les gazeuses à main, des bâtons souples de défense et même des lanceurs de balle de défense à en croire une source policière, ainsi qu’une vidéo virale sur Twitter dans laquelle un homme, se présentant comme pompier et blessé à la jambe, dit avoir été visé «à bout portant» par un policier des CRS.
Une image représentant un gendarme mobile faisant usage de sa bombe lacrymogène sur un manifestant pompier fait également figure de symbole après cette journée de manifestation :
Une association policière dénonce : «Des pompiers se sont fait gazer, c’était pas joyeux !»
Interrogé par RT France, un policier militant associatif qui participait à la manifestation des pompiers par solidarité le 15 octobre a décrit la scène telle qu’il l’a vécue : «Les pompiers étaient chauds et certains avaient bu, c’est clair, mais c’était bon enfant. Je savais bien qu’ils allaient vouloir aller chatouiller les collègues [policiers]. Et nous, côté police, on sait que le maintien de l’ordre avec les pompiers ce n’est pas facile. Les collègues devaient pertinemment savoir qu’ils essaieraient d’aller sur le périphérique comme à chaque fois. C’est pour ça qu’il y avait les canons à eau, c’était pour éviter le contact. En plus, les pompiers, ils viennent équipés, ils ont des casques, des masques à gaz des vestes et tout. On savait que ça allait gazer aussi, c’était certain. Tout cela a donné une gestion du maintien de l’ordre… un peu bizarre ! Les flics voulaient sûrement éviter le contact, mais là on se retrouve à flasher [terme dérivé de la marque Flashball, remplacé à partir de 2009 par le LBD40 de Brügger&Thomet] des pompiers, alors qu’on a déjà du mal à flasher les délinquants agressifs en banlieue… Flasher les pompiers, c’est non !»
Ce policier qui connaît bien le monde syndical estime que les excuses d’Unsa-Police n’étaient pas inattendues : «Unsa était obligé de réagir ! C’est le syndicat prioritaire des CRS, dont beaucoup sont syndiqués, qui plus est. Mais en face, côté pompiers, il y avait beaucoup de syndicats aussi, dont la branche pompiers de la même famille syndicale [Unsa]. Là, ça fait désordre… et derrière, ça va gueuler dans la centrale.»
Tolérance zéro sur le Cours de Vincennes quand tout nous est interdit dans les cités dites sensibles
La fédération associative de l’Union des policiers nationaux indépendants (UPNI) et du Collectif autonome des policiers d’Ile-de-France (CAP-IDF) a également réagi à cette opération de maintien de l’ordre sur Facebook le 15 octobre et a directement mis en cause la gestion du préfet de police, Didier Lallement : «Les dispositifs de maintien de l’ordre ont dorénavant pris pour habitude de stopper net les rassemblements et autres attroupements trop souvent de manière peu reluisante, et ce quand il s’agit de collectifs sans étiquette syndicale et/ou politique. […] En cette fin d’après-midi, des pompiers se sont fait gazer, mouiller au Karcher à Sarko, « flashballer », « tonfater ». C’était pas joyeux ! Et surtout pas glorieux. Le préfet de police de Paris dira que les manifestants ont fauté et que sa police a agi pour rétablir au plus vite l’ordre. Va-t-il trouver des cas de légitime défense face à une agressivité innommable de quelques dizaines d’hommes du feu ? Capable. Notre préfet sait-il au moins que nos collègues CRS auraient pu se faire défoncer face à des milliers de pompiers remontés ? Ou comment nous envoyer au casse-pipe… Danger.»
Et le communiqué de poursuivre avec des interrogations sur le bien-fondé de la démarche privilégiée par les autorités : «OK, l’ordre doit être rétabli. Mais de quelle manière ? Et de quel désordre parle-t-on ? Tolérance zéro sur le Cours de Vincennes quand tout nous est interdit dans les cités dites sensibles…»
Source : RT FRance
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