Condamnés par le tribunal d’Orléans : « On n’aurait jamais dû se faire passer pour de faux gendarmes »
Les deux faux gendarmes ont été jugés au tribunal correctionnel d’Orléans, ce vendredi 14 juin. Photo d’illustration L’Yonne Républicaine © Jérémie FULLERINGER
Denis est coiffeur. Mais le trentenaire reconnaît avoir porté une veste de gendarmerie, avec un grade de capitaine et l’écusson du GIGN. Il avoue aussi avoir équipé sa voiture d’un gyrophare et procédé au contrôle d’un automobiliste.
C’était le 11 juin, à Olivet. « Je croyais bien faire pour arrêter les véhicules qui roulent vite », a-t-il expliqué, ce vendredi 14 juin, au tribunal correctionnel d’Orléans, devant lequel il comparaissait pour répondre de ce contrôle bien réel mais tout à fait illégal.
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Fausse amende pour pseudo excès de vitesse
Ce soir-là, il était avec Céline, également entendue ce vendredi. Car elle aussi, brassard au bras, a fait en sorte que le conducteur s’arrête. Elle aussi a permis la fouille du véhicule. Elle aussi a accompagné la victime jusqu’à une banque pour qu’elle s’acquitte des 135 euros d’une fausse amende (pour un pseudo excès de vitesse), sous la menace d’une garde à vue de 48 heures et de la saisie de son véhicule.
« Ce n’est pas parce que l’on veut devenir justicier que l’on s’arroge ce genre de choses« , interpelle la présidente du tribunal après l’exposé des faits. Ce comportement, « c’est plutôt de la mafia, pas la gendarmerie ».
« C’était histoire de calmer les gens qui roulent vite. »
« C’était histoire de calmer les gens qui roulent vite », insiste Denis, qui confirme avoir déjà joué au gendarme avec Céline à ses côtés. Le Loirétain s’illustre aussi par sa panoplie, largement issue d’Internet, retrouvée dans son véhicule et chez lui : à savoir des matraques télescopiques, ce qui s’apparente à un pistolet à impulsion électrique, des pistolets à billes, des gyrophares, deux bombes lacrymogènes anti-agression, des gants coqués… Sans compter ses armes à feu car l’artisan est chasseur.
« On n’aurait jamais dû se faire passer pour de faux gendarmes », admet à son tour la mère de famille qui comparaît libre. Elle en sait quelque chose… N’est-elle pas un ancien gendarme volontaire formé à l’ancienne école de Montargis ?
Un préjudice pour l’ensemble des forces de l’ordre
À la barre, la victime fait état du choc psychologique subi. Et évalue à 1.500 euros les dommages et intérêts qu’elle mérite. Un stress rappelé par le ministère public pour qui ce comportement « préjudiciable jette un discrédit sur l’ensemble des forces de l’ordre ». Sa conviction : « Ils ont fait ça pour avoir de l’argent facilement et ça a dû les amuser de jouer aux gendarmes et aux voleurs ».
Ses réquisitions : douze mois ferme avec un sursis complet contre Céline ; contre Denis, douze mois d’emprisonnement dont huit avec sursis, ainsi que son maintien en détention.
Une « peine d’avertissement », souhaitée par la défense, a finalement été retenue par le tribunal. S’il les reconnaît coupables, il condamne les deux mis en cause à huit mois avec sursis, à 300 euros d’amende et à verser des dommages et intérêts.
Denis fait toutefois l’objet de peines complémentaires : une interdiction de port et de détention d’armes soumises à autorisation, le retrait de son permis de chasse, la confiscation des armes, du véhicule et de son équipement de faux gendarme.
Source : La République du Centre
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