Condamnée à quatre ans de prison, dont trois avec sursis, Valérie Bacot ne retournera pas derrière les barreaux
L’avocat général avait demandé à ce que l’accusée, jugée devant les assises de Haute-Saône pour avoir tué son mari qui la prostituait, ne soit pas réincarcérée. Il a été entendu par les jurés.
Par Le Parisien avec AFP Le 25 juin 2021 à 20h33, modifié le 25 juin 2021 à 21h08
Valérie Bacot, souvent surnommée « la nouvelle Jacqueline Sauvage », a été condamnée ce vendredi à quatre ans de prison, dont trois ans avec sursis probatoire à l’issue de son procès, entamé lundi à Chalon-sur-Saône, devant les assises de Saône-et-Loire. L’altération de son discernement a été retenue. Ayant déjà effectué un an de détention provisoire, elle ne retourne donc pas en prison.
Un tonnerre d’applaudissements a éclaté à la lecture du verdict, certains proches de l’accusée fondant en larmes. Lisant les motivations de la cour et du jury, la présidente Céline Therme a souligné qu’ils avaient retenu « la terreur » dans laquelle a vécu Valérie Bacot et les « multiples traumatismes de son enfance ».
« C’est un nouveau combat maintenant pour toutes les autres femmes » victimes de violences, a réagi Valérie Bacot à la sortie du tribunal, sous les applaudissements du public. « Je voudrais remercier la Cour et tout le soutien que j’ai eu de tout le monde », a-t-elle également déclaré, se disant « vidée mentalement et physiquement », mais pas soulagée. « Je pourrai être là pour mes enfants et ma petite fille. »
Elle était jugée pour le meurtre par balle de Daniel Polette, le 13 mars 2016, après plus de 24 ans de viols, violences et de prostitution contrainte. Elle encourait la perpétuité. « Je sais que je repars en prison. J’ai tout mis en ordre », avait même déclaré Valérie Bacot ce jeudi, évoquant une « carte de bus » qu’elle avait payée pour son fils cadet. « Mais ça me fait mal de les laisser » (ses enfants), a-t-elle ajouté.
« Fixer l’interdit sans réincarcérer »
Vendredi matin, le ministère public avait demandé la clémence pour Valérie Bacot, et une condamnation sans réincarcération tenant compte du fait qu’elle avait été « une victime » du mari violent et proxénète qu’elle a fini par tuer. « Valérie Bacot ne pouvait pas prendre la vie de celui qui la terrorisait » mais il faut « fixer l’interdit sans réincarcérer », a déclaré l’avocat général Eric Jallet devant les assises de Saône-et-Loire, soulignant que ses quatre enfants avaient « besoin » de l’accusée.
L’avocat général avait ainsi requis cinq ans de prison, dont quatre avec sursis, pour permettre à Valérie Bacot de sortir libre tribunal, considérant l’année qu’elle a déjà effectuée en détention provisoire pour l’assassinat de son mari, d’octobre 2017 à octobre 2018. « Un emprisonnement nouveau n’apportera pas plus d’élément à la protection : la dangerosité criminologique est très faible », a expliqué Eric Jallet, estimant que « la peine doit accompagner plutôt que de retirer à nouveau ».
A l’écoute des réquisitions, Valérie Bacot s’était effondrée en larmes, perdant connaissance, visiblement épuisée. Le procès a été interrompu une partie de la matinée.
Premier viol à 12 ans
Tout au long du procès, la défense a dépeint les « violences extrêmes subies pendant près de 25 ans » par Valérie Bacot et sa « peur de les voir se perpétuer à l’encontre de sa propre fille », Karline, qui avait 14 ans au moment des faits. Des experts psychiatre et psychologue ont, de plus, souligné que l’accusée n’avait aucune autre « échappatoire » que de « faire disparaître » son mari tant elle souffrait de son « emprise permanente » et de sa « surveillance » très serrée, ce qui l’empêchait d’aller porter plainte.
Valérie Bacot a décrit comment son mari l’avait plusieurs fois menacée avec une arme, lui assurant que, « la prochaine fois, il ne la louperait pas ». L’homme, alcoolique et violent, l’a prostituée pendant 14 ans à l’arrière de la 806 familiale, exigeant de son épouse qu’elle porte une oreillette afin de pouvoir entendre les « instructions » de son mari qui guidait la passe.
À 12 ans, elle avait été violée une première fois par Daniel Polette qui était alors l’amant de sa mère. Condamné et incarcéré en 1996, l’homme avait pourtant été autorisé, dès sa sortie de prison en 1997, à réintégrer le domicile familial. Et les sévices avaient recommencé. Quand elle est tombée enceinte de lui à 17 ans, Valérie Bacot est partie s’installer avec « Dany ». Une décision surprenante qu’elle a expliqué par le besoin d’offrir un « père » à son enfant, qu’elle voulait garder.PUBLICITÉ
Le 13 mars 2016, après une énième passe à l’arrière de la voiture, Valérie Bacot s’est emparée d’un pistolet de son mari et lui a tiré une balle dans la nuque, expliquant que le déclencheur avait été la peur que sa fille Karline subisse le même sort qu’elle quand, à 14 ans, elle a avoué à sa mère que son père lui avait demandé « comment elle était sexuellement ».
L’affaire n’est pas sans rappeler le cas de Jacqueline Sauvage, devenu le symbole des violences conjugales après avoir été condamnée pour avoir tué son mari, puis graciée en 2016. Les avocates de Valérie Bacot, Janine Bonaggiunta et Nathalie Tomasini, ont d’ailleurs défendu Jacqueline Sauvage.
Source : Le Parisien
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