Comment la gendarmerie lauragaise lutte contre les cambriolages ?
Face à la recrudescence des cambriolages observée en 2016, les gendarmes des unités lauragaises multiplient, depuis plusieurs mois, actions et dispositifs sur le terrain.
Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, révélés par Le Figaro, en janvier 2017, ce sont près de 3,7 millions de crimes et délits qui ont été enregistrés par les services de police et de gendarmerie sur l’ensemble du territoire français au cours de l’année passée. Toujours selon le quotidien, la Haute-Garonne figure à la seconde place des départements les plus touchés par les cambriolages en 2016, avec un taux de 8,88 faits recensées pour 1 000 habitants, juste derrière le Rhône, en tête de liste, qui compte près de 17 000 faits de cambriolages recensés (soit environ 9,5 pour 1 000 habitants).
À ces chiffres, s’ajoute une tendance à la hausse de ce fléau, observée au cours de l’année 2016. Le préfet de Haute-Garonne avait d’ailleurs annoncé dès la mi-décembre 2016, l’élévation au rang de priorité de la lutte contre les cambriolages en Haute-Garonne, présentant un « plan départemental de lutte contre les cambriolages » visant à enrayer le phénomène. En effet, en 2016, selon les chiffres présentés par la préfecture en janvier, les cambriolages ont progressé de 9 % dans le département. Et même de 18 % pour ce qui concerne les locaux d’habitation. « Nous avons aussi de gros bassins économiques, et nous devons faire face à une certaine professionnalisation des groupes de cambrioleurs, sans oublier une délinquance d’opportunité », avait alors précisé le préfet.
Le général Clouzot, patron de la gendarmerie en Haute-Garonne, avait précisé que le phénomène touchait surtout les « maisons inoccupées ». En Haute-Garonne, c’est une douzaine de cambriolages par jour qui était enregistrée fin 2016, uniquement en zone gendarmerie.
Plusieurs dispositifs mis en place
Dans le Lauragais, depuis son arrivée à la tête de la compagnie de Villefranche-de-Lauragais au mois d’août 2016, le chef d’escadron Nicolas Montagne a bien pris la mesure du phénomène. Et pour lutter contre cette recrudescence des cambriolages, tout un attirail d’actions et dispositifs, a été déployé ces derniers mois.
Il y a tout d’abord une présence accentuée des gendarmes sur le terrain grâce au renfort de réservistes et gendarmes mobiles. Toutefois, il est illusoire de penser que nous pouvons être partout. C’est pourquoi il est demandé aux unités d’avoir une parfaite connaissance de ce qu’il se passe chez elles, pour concentrer nos moyens sur les horaires et axes où les faits sont recensés. Cette mobilisation entre dans le cadre de nos priorités : la lutte contre les cambriolages et la lutte contre tous les phénomènes de radicalisation puisque nous faisons aussi du contrôle de flux lors de ces patrouilles sur le terrain, explique le commandant de compagnie.
L’autre point important du dispositif anti-cambriolage, consiste à s’appuyer sur la remontée d’informations venant du terrain, que ce soit de la part d’élus ou d’habitants. Une relation illustrée par le dispositif de la participation citoyenne que le chef d’escadron Montagne a relancé dans plusieurs communes :
C’est un outil qui est mis en place en quatre temps. La première étape consiste en un diagnostic. On repère un ou plusieurs quartiers d’une commune qui sont touchés par des cambriolages ou d’autres méfaits. On se rapproche ensuite du maire pour voir s’il est d’accord pour mettre en place ce dispositif. Si c’est le cas, on organise une réunion publique pour présenter le dispositif et à l’issue de celle-ci on identifie un ou plusieurs référents de quartier qui seront en lien étroit avec la gendarmerie pour fluidifier la remontée d’informations. La dernière étape consiste en la signature d’un protocole entre mairie, gendarmerie et préfecture, pour cadrer ce partenariat et acter les missions de chacun.
Actuellement, les communes de Baziège, Auterive et Revel ont déjà officialisé leur participation à ce dispositif. D’autres ont engagé la procédure comme Saint-Orens-de-Gameville. « On s’aperçoit que les élus sont très réceptifs et portent un intérêt à ce dispositif », indique le chef d’escadron.
Des gendarmes au contact des habitants
Par ailleurs, pour mieux sensibiliser la population au fléau des cambriolages, la gendarmerie lauragaise n’hésite pas à aller à la rencontre des habitants de certains quartiers, parfois directement à leur domicile, dans le cadre d’opérations de prévention de proximité. Ainsi, plusieurs distributions de flyers rappelant les bons comportements à adopter ont notamment été organisées.
Notre volonté, ce n’est pas de laisser un prospectus dans une boîte aux lettres mais bien d’aller au contact des habitants, de provoquer la rencontre pour mieux faire passer des messages. L’objectif, c’est de faire comprendre que la sécurité publique est l’affaire de tous et que leurs informations peuvent être précieuses. Et puis par cette présence sur le terrain, nous essayons de rassurer les gens et d’instaurer un sentiment de sécurité, précise le commandant de compagnie.
Enfin, la gendarmerie lauragaise s’appuie sur des techniques d’enquête très minutieuses. « L’idée, c’est un peu de revenir aux fondamentaux, que ce soit en matière de constatations, d’enquête de voisinage… Nous disposons de plein de leviers qui sont des vecteurs d’informations », note le commandant Montagne. Ce dernier espère également pouvoir s’appuyer sur le développement des systèmes de vidéoprotection dans les différentes communes du territoire.
C’est une décision qui appartient aux communes mais lorsqu’elles choisissent de s’engager dans l’installation de caméras, nous pouvons les accompagner et jouer un rôle de conseil. D’autant plus qu’il s’agit d’un outil efficace en matière de prévention mais qui peut aussi nous aider dans nos enquêtes, précise le commandant de compagnie.
Déjà des résultats
Depuis fin 2016, la gendarmerie lauragaise récolte déjà les fruits de cette mobilisation de tous les instants et sous des formes variées. En effet, plusieurs interpellations en flagrant délit ont été réalisées ces derniers mois par les différentes unités, de façon parfois très spectaculaire (course-poursuite sur les routes à Auzielle et Belberaud, interpellation à l’aide d’un hélicoptère à Auterive…). « On est face à une délinquance multiface. On ne peut pas se concentrer sur un seul type d’individus, la délinquance peut être locale mais elle est aussi très souvent de passage avec des équipes venant de l’Aude, du Tarn, de Toulouse… Ces interpellations sont le fruit d’une augmentation des contrôles sur le terrain et d’une surveillance renforcée. L’objectif de nos militaires est d’être utiles là où ils sont. Je me plais à dire que la gendarmerie est une entreprise de sécurité publique et qu’à ce titre elle doit être efficace », précise le chef d’escadron Montagne.
Source : La Voix du midi
Laisser un commentaire