Christophe Moinard, sage-femme au centre hospitalier de Morlaix
Un article, un peu insolite, mais sur la Vie, celle qui naît chaque jour.
Ce mercredi 15 mars sort le film « Sage-Homme » dans les salles. L’occasion de rencontrer Christophe Moinard, seul professionnel masculin qui exerce au centre hospitalier de Morlaix (29) en tant que « sage-femme clinicienne ».
« J’ai vu la bande-annonce du film « Sage-Homme », l’acteur [NDLR : Melvin Boomer] est plutôt beau gosse mais il ne faut pas s’imaginer tous les professionnels comme ça ! ». Christophe Moinard, professionnel du centre hospitalier des pays de Morlaix (29), s’amuse un peu… mais surtout se réjouit à l’idée de voir le film de Jennifer Devoldère sortir en salle le 15 mars. Le seul représentant masculin du service de maternité de la Cité du Viaduc est heureux que son métier soit mis en lumière : « Et puis Karin Viard, que j’adore, va être certainement magnifique, émouvante dans ce rôle ».
Une sage-femme qui a fait son service militaire chez les fusillés commandos
Un « sage-homme ». Lui en est un depuis 1998 mais l’homme, âgé aujourd’hui de 52 ans, à l’allure athlétique, qui arpente les salles de naissance, son cœur d’activité, se présente autrement, en gardant le nom du métier au féminin : « Je suis un professionnel exerçant le métier de sage-femme clinicienne ». C’est assumé et « il est hors de question aussi de me travestir en femme ». Il n’en est pas une, il est aussi en couple avec une autre sage-femme, et père de deux enfants. Il a aussi fait son service militaire dans les fusiliers commandos de l’Armée de l’air.
Il sourit. « Je pense, du moins je l’espère, que cette question du genre s’efface en quelques minutes pour ne plus voir qu’un professionnel ». Christophe Moinard prend par exemple un grand soin pour « expliquer les gestes techniques » et obtenir « le consentement » afin qu’il n’y ait pas d’ambiguïté. Des mots qui renvoient à un sujet d’actualité récent, les violences obstétricales.
Quand je cherchais un emploi en tant que sage-femme, après avoir validé ma troisième année d’études, je me suis vu proposer un poste de brancardier
Il ne cache pas que la question du masculin a pu se poser. Hier comme aujourd’hui. Et de citer deux exemples. Le premier au début de sa carrière : « Quand je cherchais un emploi en tant que sage-femme, après avoir validé ma troisième année d’études, je me suis vu proposer un poste de brancardier ». Il salue d’ailleurs « le courage de l’hôpital de Morlaix de l’avoir embauché en 1999 ». Plus récemment, il se souvient « d’un couple de culture musulmane, dont le mari ne voulait pas de moi comme sage-femme ». Et d’avoir en tête sa réponse : « J’ai dû expliquer qu’à l’hôpital, on ne choisit pas le sexe de son soignant ». Ni sage-femme, ni infirmier anesthésiste, ni médecin gynécologue obstétricien…
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Espace clé de la maternité de Morlaix (29), la salle des soins. Christophe Moinard retrouve là ses collègues, comme Mathilde Briand, 33 ans, sage-femme (à droite), et Marie Grimaldi, aide-soignante, 37 ans (à gauche). Ces dernières confient que souvent « les mamans sont surprises en apprenant que c’est un homme » et puis, ensuite, « elles sont très contentes ». Il a aussi la réputation d’être particulièrement vigilant sur « l’accompagnement des papas » (Le Télégramme/Cécile Renouard)
À 14-15 ans, une série documentaire, véritable « claque émotionnelle »
Christophe Moinard n’était pas forcément destiné à devenir sage-femme. Dans sa famille, « il n’y a aucun professionnel du milieu de la santé ». Mais il se souvient à « 14-15 ans » d’avoir visionné, avec sa sœur aînée qui préparait le concours de sage-femme, « des vidéos sur l’accouchement » et « il n’y avait pas de petits carrés blancs »… «Le documentaire « Le bébé est une personne » fut une claque émotionnelle ». La magie de l’accouchement. C’est ça qui remplit toujours sa vie : « Parce qu’on ne peut pas se lasser de ça… De la rencontre du bébé avec le couple. C’est une bouffée d’émotions ». Christophe Moinard sourit. Il espère aussi que le film suscitera des vocations. Un enjeu d’autant plus important qu’il a en tête les difficultés de recrutement… et de l’évolution de la formation qui va passer à six années.
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Source : Le Télégramme
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