Ces théories du complot qui connectent la 5G et le coronavirus
Des thèses conspirationnistes affirment que la nouvelle technologie sans fil est responsable de la propagation du virus, voire des morts de l’épidémie. Ces affirmations sont fausses.
Une antenne-relais téléphonique, le 7 avril 2020 à Pékin (Chine). (NICOLAS ASFOURI / AFP)
A Liverpool, à Birmingham, à Merseyside… Au Royaume-Uni, des antennes-relais ont été incendiées début avril, rapporte la BBC (en anglais). Cette flambée de violence est survenue alors que les théories conspirationnistes les plus folles embrasent les réseaux sociaux. Ces thèses complotistes tentent par tous les moyens d’établir un lien de cause à effet entre le déploiement de la 5G et les morts de la pandémie de coronavirus.
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Franceinfo démêle le vrai du faux.
Le virus n’existe pas, la 5G est la cause de tous ces morts : faux
Commençons par l’affirmation la plus radicale de toutes. Ce post Facebook (en anglais) a été partagé par des milliers d’internautes et trouve un écho sur les réseaux sociaux chez des partisans français des théories du complot. Le message est accompagné de la photo d’une affichette affirmant que le coronavirus n’existe pas, qu’il n’est qu’un prétexte au déploiement de la 5G, qui est elle-même responsable des morts attribuées à la pandémie et qui permettra au gouvernement de surveiller sa population, grâce à la puce RFID contenue dans le vaccin.
Le coronavirus SARS-CoV-2 existe évidemment bel et bien, tout comme la maladie qu’il provoque, le Covid-19. On dispose même de photos du virus prises au microscope électronique et publiées par l’Institut national américain des maladies infectieuses (NIAID). On connaît également son génome – sa carte d’identité génétique. Dès janvier, des chercheurs chinois en ont décodé la séquence complète à partir d’échantillons prélevés sur des malades à Wuhan. L’Institut Pasteur a lui aussi réalisé ce séquençage en France, quelques semaines plus tard.
Le vaccin, lui, n’existe pas encore. Des recherches sont en cours, notamment à l’Institut Pasteur, où l’efficacité d’un candidat vaccin est testée sur l’animal. Il faudra ensuite mener des essais cliniques sur l’homme. D’après le directeur scientifique de l’Institut Pasteur, Christophe d’Enfert, ces travaux pourraient être conduits « dans le premier semestre de l’année 2021« . Mais le vaccin n’est pas la seule solution à l’étude. Des essais cliniques sont également en cours, en Europe notamment, sur des médicaments, notamment l’hydroxychloroquine.
La 5G empoisonne le corps, qui donne alors naissance au virus : faux
Cette thèse est défendue par un certain Thomas Cowan, chantre d’une médecine alternative baptisée l’anthroposophie, inventée par l’occultiste autrichien Rudolf Steiner au début du XXe siècle, comme l’explique L’Express (article payant). Elle a aussi été relayée par la chanteuse américaine Keri Hilson auprès de ses millions d’abonnés sur les réseaux sociaux, dans des messages supprimés depuis.
« Quand vous exposez n’importe quel système biologique à un nouveau champ électromagnétique, vous l’empoisonnez », affirme Thomas Cowan dans une vidéo (en anglais) mise en ligne sur YouTube et retirée après être devenue virale. « Les cellules sont empoisonnées. Elles essaient de se purifier en excrétant des débris qu’on appelle des virus. » D’ailleurs, argue-t-il, Wuhan, berceau de l’épidémie, était la première ville du monde entièrement couverte par la 5G.
Le processus infectieux décrit par Thomas Cowan est totalement fantaisiste. « Les virus ne sont pas des débris », dénonce sur Radio Canada Jason Kindrachuk, virologiste titulaire de la chaire de recherche canadienne sur les virus émergents, à l’Université du Manitoba. « Les virus ne sont pas créés par un empoisonnement des cellules. » Les virus sont des agents infectieux très petits, qui pénètrent dans les organismes vivants et s’y reproduisent en parasitant les cellules. Le SARS-CoV-2 est « probablement » un virus d’origine animale, rappelle l’Institut Pasteur. Il ressemble en effet énormément à un virus détecté chez la chauve-souris et il pourrait avoir été transmis à l’homme par l’intermédiaire du pangolin. Rien à voir avec la 5G.
L’argument de Thomas Cowan reliant l’émergence de l’épidémie à la ville de Wuhan est tout aussi fumeux. En réalité, le cas de Wuhan « n’a rien de spécifique », indique à franceinfo Gilles Brégant, directeur général de d’Agence nationale des fréquences (ANFR). « Wuhan était l’une des cinquante villes de Chine où la 5G a été allumée en novembre 2019. Surtout, ce n’est pas en Chine que la 5G a démarré à grande échelle mais en Corée du Sud d’abord, où le lancement national a eu lieu dès avril 2019, après la démonstration grandeur nature des Jeux olympiques d’hiver quelques semaines plus tôt. » Or la Corée du Sud est justement l’un des pays qui s’en sortent le mieux face à l’épidémie.
La 5G affaiblit le système immunitaire, voire transmet le virus : faux
Deux autres théories farfelues circulent. L’une affirme que la 5G affaiblit les défenses immunitaires de l’organisme, permettant ainsi au virus de s’y installer. L’autre avance que la 5G elle-même transmet la maladie. Comme la 4G ou la 3G avant elle, la 5G est une technologie qui repose sur les radiofréquences et qui transmet l’information grâce aux ondes électromagnétiques. Mais elle va recourir à de nouvelles fréquences, plus élevées, autour de 3,5 GHz, puis autour de 26 GHz. Ses détracteurs craignent que ces niveaux ne soient trop hauts pour la santé humaine.
« L’idée que la 5G abaisse votre système immunitaire ne résiste pas à l’examen », garantit à la BBC Simon Clarke, professeur associé en microbiologie cellulaire à l’Université de Reading. « Les ondes radio peuvent perturber votre physiologie en vous chauffant, ce qui signifie que votre système immunitaire ne peut pas fonctionner. Mais [les niveaux d’énergie des] ondes radio 5G sont minuscules et ils sont loin d’être suffisamment forts pour affecter le système immunitaire. Il y a eu beaucoup d’études à ce sujet », assure le scientifique.
L’Organisation mondiale de la santé confirme que l’exposition aux technologies sans fil n’est responsable d’« aucun effet néfaste sur la santé », même si elle reconnaît, à l’instar de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), un manque d’études sur les fréquences utilisées par la 5G.
« Les niveaux d’exposition aux radiofréquences des technologies actuelles entraînent une élévation négligeable de la température dans le corps humain, poursuit l’OMS, qui détaille : A mesure que la fréquence augmente, la pénétration dans les tissus corporels diminue et l’absorption de l’énergie se limite à la surface du corps (peau et œil). A condition que l’exposition globale reste inférieure aux directives internationales, aucune conséquence pour la santé publique n’est anticipée. »
Il y a un lien entre les cas de Covid-19 en France et les antennes 5G : faux
Sur les réseaux sociaux, plusieurs publications comme celle-ci juxtaposent deux cartes – celles des antennes-relais 5G et celles des malades ou des morts du Covid-19 – afin d’établir un lien entre les deux. Le parallèle ne tient pas.
A Liverpool, à Birmingham, à Merseyside… Au Royaume-Uni, des antennes-relais ont été incendiées début avril, rapporte la BBC (en anglais). Cette flambée de violence est survenue alors que les théories conspirationnistes les plus folles embrasent les réseaux sociaux. Ces thèses complotistes tentent par tous les moyens d’établir un lien de cause à effet entre le déploiement de la 5G et les morts de la pandémie de coronavirus.
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Franceinfo démêle le vrai du faux.
Le virus n’existe pas, la 5G est la cause de tous ces morts : faux
Commençons par l’affirmation la plus radicale de toutes. Ce post Facebook (en anglais) a été partagé par des milliers d’internautes et trouve un écho sur les réseaux sociaux chez des partisans français des théories du complot. Le message est accompagné de la photo d’une affichette affirmant que le coronavirus n’existe pas, qu’il n’est qu’un prétexte au déploiement de la 5G, qui est elle-même responsable des morts attribuées à la pandémie et qui permettra au gouvernement de surveiller sa population, grâce à la puce RFID contenue dans le vaccin.
Le coronavirus SARS-CoV-2 existe évidemment bel et bien, tout comme la maladie qu’il provoque, le Covid-19. On dispose même de photos du virus prises au microscope électronique et publiées par l’Institut national américain des maladies infectieuses (NIAID). On connaît également son génome – sa carte d’identité génétique. Dès janvier, des chercheurs chinois en ont décodé la séquence complète à partir d’échantillons prélevés sur des malades à Wuhan. L’Institut Pasteur a lui aussi réalisé ce séquençage en France, quelques semaines plus tard.
Le vaccin, lui, n’existe pas encore. Des recherches sont en cours, notamment à l’Institut Pasteur, où l’efficacité d’un candidat vaccin est testée sur l’animal. Il faudra ensuite mener des essais cliniques sur l’homme. D’après le directeur scientifique de l’Institut Pasteur, Christophe d’Enfert, ces travaux pourraient être conduits « dans le premier semestre de l’année 2021« . Mais le vaccin n’est pas la seule solution à l’étude. Des essais cliniques sont également en cours, en Europe notamment, sur des médicaments, notamment l’hydroxychloroquine.
La 5G empoisonne le corps, qui donne alors naissance au virus : faux
Cette thèse est défendue par un certain Thomas Cowan, chantre d’une médecine alternative baptisée l’anthroposophie, inventée par l’occultiste autrichien Rudolf Steiner au début du XXe siècle, comme l’explique L’Express (article payant). Elle a aussi été relayée par la chanteuse américaine Keri Hilson auprès de ses millions d’abonnés sur les réseaux sociaux, dans des messages supprimés depuis.
« Quand vous exposez n’importe quel système biologique à un nouveau champ électromagnétique, vous l’empoisonnez », affirme Thomas Cowan dans une vidéo (en anglais) mise en ligne sur YouTube et retirée après être devenue virale. « Les cellules sont empoisonnées. Elles essaient de se purifier en excrétant des débris qu’on appelle des virus. » D’ailleurs, argue-t-il, Wuhan, berceau de l’épidémie, était la première ville du monde entièrement couverte par la 5G.
Le processus infectieux décrit par Thomas Cowan est totalement fantaisiste. « Les virus ne sont pas des débris », dénonce sur Radio Canada Jason Kindrachuk, virologiste titulaire de la chaire de recherche canadienne sur les virus émergents, à l’Université du Manitoba. « Les virus ne sont pas créés par un empoisonnement des cellules. » Les virus sont des agents infectieux très petits, qui pénètrent dans les organismes vivants et s’y reproduisent en parasitant les cellules. Le SARS-CoV-2 est « probablement » un virus d’origine animale, rappelle l’Institut Pasteur. Il ressemble en effet énormément à un virus détecté chez la chauve-souris et il pourrait avoir été transmis à l’homme par l’intermédiaire du pangolin. Rien à voir avec la 5G.
L’argument de Thomas Cowan reliant l’émergence de l’épidémie à la ville de Wuhan est tout aussi fumeux. En réalité, le cas de Wuhan « n’a rien de spécifique », indique à franceinfo Gilles Brégant, directeur général de d’Agence nationale des fréquences (ANFR). « Wuhan était l’une des cinquante villes de Chine où la 5G a été allumée en novembre 2019. Surtout, ce n’est pas en Chine que la 5G a démarré à grande échelle mais en Corée du Sud d’abord, où le lancement national a eu lieu dès avril 2019, après la démonstration grandeur nature des Jeux olympiques d’hiver quelques semaines plus tôt. » Or la Corée du Sud est justement l’un des pays qui s’en sortent le mieux face à l’épidémie.
La 5G affaiblit le système immunitaire, voire transmet le virus : faux
Deux autres théories farfelues circulent. L’une affirme que la 5G affaiblit les défenses immunitaires de l’organisme, permettant ainsi au virus de s’y installer. L’autre avance que la 5G elle-même transmet la maladie. Comme la 4G ou la 3G avant elle, la 5G est une technologie qui repose sur les radiofréquences et qui transmet l’information grâce aux ondes électromagnétiques. Mais elle va recourir à de nouvelles fréquences, plus élevées, autour de 3,5 GHz, puis autour de 26 GHz. Ses détracteurs craignent que ces niveaux ne soient trop hauts pour la santé humaine.
« L’idée que la 5G abaisse votre système immunitaire ne résiste pas à l’examen », garantit à la BBC Simon Clarke, professeur associé en microbiologie cellulaire à l’Université de Reading. « Les ondes radio peuvent perturber votre physiologie en vous chauffant, ce qui signifie que votre système immunitaire ne peut pas fonctionner. Mais [les niveaux d’énergie des] ondes radio 5G sont minuscules et ils sont loin d’être suffisamment forts pour affecter le système immunitaire. Il y a eu beaucoup d’études à ce sujet », assure le scientifique.
L’Organisation mondiale de la santé confirme que l’exposition aux technologies sans fil n’est responsable d’« aucun effet néfaste sur la santé », même si elle reconnaît, à l’instar de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), un manque d’études sur les fréquences utilisées par la 5G.
« Les niveaux d’exposition aux radiofréquences des technologies actuelles entraînent une élévation négligeable de la température dans le corps humain, poursuit l’OMS, qui détaille : A mesure que la fréquence augmente, la pénétration dans les tissus corporels diminue et l’absorption de l’énergie se limite à la surface du corps (peau et œil). A condition que l’exposition globale reste inférieure aux directives internationales, aucune conséquence pour la santé publique n’est anticipée. »
Il y a un lien entre les cas de Covid-19 en France et les antennes 5G : faux
Sur les réseaux sociaux, plusieurs publications comme celle-ci juxtaposent deux cartes – celles des antennes-relais 5G et celles des malades ou des morts du Covid-19 – afin d’établir un lien entre les deux. Le parallèle ne tient pas.
La carte établie par franceinfo montre que l’Ile-de-France et la région Grand Est concentrent la majorité des malades morts du Covid-19 à l’hôpital en France, loin devant les autres régions. La 5G, elle, n’est pas encore en service en France. Elle n’est pour l’heure expérimentée que sur 479 stations, d’après l’Arcep, l’autorité de régulations du secteur. La liste et la carte de ces expérimentations indiquent que beaucoup ont lieu en région parisienne, mais une seule dans l’est de la France, à Belfort.
Quant à la carte publiée par l’internaute, elle représente en réalité le déploiement du réseau de fibre optique en France fin 2019. Elle est consultable sur le site de l’Arcep.
Source : France TV Info
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