CERTITUDES & INCERTITUDES – L’HOMME : projet de vérité et d’amour – DE LA CRÉATION – LES TEMPS de P. C.

Aubrit St Pol

DU TEMPS

L’étymologie du mot « temps » nous envoie à la racine latine « tempus – oris », elle-même issue de « tempes – eris », renvoyant aux cycles des saisons. S’il est question de la durée, sa racine indo-européenne est « tens-« , dont le sens est équivalent à celui de la racine grecque « chronos ».

LA MATIÈRE ET LE TEMPS : CONSUBSTANTIELS

La matière est un volume qui se quantifie par divers systèmes de mesure : métrique, chronométrique, volumétrique, etc. Ces mesures sont également des parcours, soit en micros, soit en macros. Ils sont la cause instrumentale de la mesure chronométrique qui se prend entre deux ou plusieurs points fixes et donnant un ou une succession de segments de durée sur le temps à partir duquel il peut être donné la mesure de la distance parcourue.

La matière et le temps sont interdépendants, et d’un certain point de vue, ils peuvent se dire consubstantiels. Le temps s’identifie par la matière, car il ne peut être saisi qu’en référence avec elle.

Selon une première hypothèse, ils auraient été créés dans un même instant T, mais séparément en raison de leur nature différente.

Selon la seconde hypothèse, il n’y aurait eu, à leur sujet, qu’un seul acte créateur direct, celui de la matière. Le temps serait alors la cause seconde de la matière qui, elle, serait la cause seconde de sa cause première, son créateur.

Cependant, cette seconde hypothèse contient une incohérence, puisque la nature de la matière est différente de celle du temps. Sachant qu’un objet ne peut donner que ce qui est propre à sa nature, à sa substance, comment, dans ce cas, la matière pourrait-elle être la cause seconde du temps qui, lui, n’est pas matériel ?

Ne convient-il pas dès lors de considérer qu’ils ont été créés dans un même instant, mais par un acte créateur spécifique à chacun ?

En toute hypothèse, et en considérant que la matière se soit manifestée sous la forme de pure énergie à son origine, la particule primaire de la matière inconnue n’a pas pu être créée sans le temps ni dans un instant séparé de lui.

MESURER LE TEMPS

Affirmer qu’il est possible de mesurer le temps en tant qu’entité distincte, de son commencement à sa conclusion, est illusoire et présomptueux. En effet, dans la mesure où nous demeurons ignorants quant à l’instant précis de l’émergence de la première particule de matière inconnue, désigné comme l’instant T du « flux Divina », et que d’autre part, nous ne connaissons pas la cession de la matière ni celle du temps, il se confirme que nous ne pouvons pas énoncer la moindre mesure du temps considéré dans son entité unique. De la même manière qu’il est impossible de mesurer ce qui est immatériel.

Cette évidence établie, nous nous éloignons définitivement de la théorie selon laquelle la matière primaire serait non organisée, d’un état de chaos. La particule de matière primaire et inconnue était parfaitement organisée. Dieu n’est pas un apprenti sorcier.

 LE TEMPS CREE DANS LE MONDE ANGÉLIQUE

Les Pères de l’Église supposaient que le temps pouvait avoir été créé dès la formation du monde angélique. Une supposition qui soulève une difficulté : le temps est lié à la matière. Il ne peut être saisi, appréhendé qu’en relation avec la matière. Or le monde des esprits angéliques est immatériel. Il ne peut donc pas y avoir de temps dans le monde immatériel, surnaturel, étant donné qu’ils sont dans le Présent de la Gloire de Dieu qu’ils ne quittent pas même lorsqu’ils viennent à nous. Leur vitesse de déplacement est celle de la pensée.

LE TEMPS EST-IL MOBILE OU FIXE ?

Parmi les hypothèses qui éloignent entre l’homme de Dieu, il y a celle du temps mobile. 

Considérons que nous soyons témoins de la mort de notre prochain qui se produit sous nos yeux. Qu’observons-nous ? Un corps sans mouvement duquel s’établit une relation asymétrique entre nous, les vivants, et le cadavre, corps inerte.

L’âme du défunt[1] n’est plus contrainte ni par la matière ni par le temps. Cependant, son enveloppe, maintenant un cadavre, n’est plus qu’un simple existant, un objet.

Néanmoins, le temps reste le même pour les témoins et pour le cadavre. Tous les témoins continuent de vieillir, et le cadavre entre en décomposition, en putréfaction. Le temps ne s’est pas suspendu ni pour le corps inerte ni pour les autres vivants. Il n’a pas varié. Force est d’admettre que le temps ni ne court ni ne se perd ni ne fuit ni n’a de retard ni d’avance ni est à l’heure ni ne trottine ni ne rampe. Il ne change pas. Le temps est fixe, immobile. Il ne suspend pas son vol. II n’est pas romantique. Lamartine peut dormir dans les bras de sa maîtresse.

DE LA RELATIVITÉ  

Il y a bien la théorie de la relativité d’Einstein, et certains ont cru la confirmer en observant deux satellites, l’un fixe et l’autre mobile sur une même orbite. Le satellite mobile, en se déplaçant, oblige les techniciens au sol à corriger son horloge, alors que celle du satellite fixe n’a pas bougé.

Oui, mais en quoi ce constat confirme-t-il la théorie de la relativité ?

Que sait-on de l’impact possible des photons qui traversent l’univers et rencontrent des objets célestes en permanence ainsi que des objets terrestres sans le filtre de notre atmosphère ?

Que sait-on des effets des rayonnements divers de l’univers sur la matière terrestre ?

Connaissons-nous tout de leur nature ?

Que sait-on des conséquences de la vitesse de déplacement du satellite sur les composants des matières terrestres ?

Nous ne faisons que balbutier en ces domaines.

Et quant au vieillissement accéléré dans l’espace, est-ce dû au temps qui pourrait passer plus vite ou à un dérèglement biologique provoqué par un séjour prolongé dans l’espace ? Puisqu’au bout de six mois, le corps perd de sa densité osseuse et musculaire.

Ne serait-ce pas plutôt parce que l’organisme vivant n’est pas fait pour séjourner au-delà de notre atmosphère ?

LE MIRACLE DE JOSUÉ

Josué, lors d’une bataille, obtient de Dieu un arrêt du soleil et de la Lune, pour lui permettre de conclure ce combat avant la nuit[2].

Le fait que la course de ces deux luminaires ait été modifiée ne signifie pas que le temps ait reculé ou qu’il se soit arrêté. Il est resté constant, fixe. Les hommes ont continué de vieillir. En arrêtant le soleil et la lune, Dieu n’a fait que retarder le coucher de l’un et le lever de l’autre. Leur mouvement a été momentanément stoppé, comme une personne ou une voiture arrêtée, mais le temps est resté le même.

LE TEMPS MOBILE

Si le temps était en mouvement, il serait fluide. Le concept de l’instant n’existerait pas. Il n’y aurait ni passé ni présent ni futur. Il n’y aurait pas d’histoire.

Le présent implique qu’il y ait une immobilité de l’instant ; en conséquence, le temps est fixe. Il ne faut pas confondre la mobilité du vivant avec la supposée mobilité du temps… et les ânes seront apaisés !

Nous ne pourrions pas mesurer une section du temps ni la matière, car tous les deux étant interdépendants, ils seraient en mouvement constant. La matière ne serait pas solide. Or, pour mesurer un liquide, il nous faut un cadre solide. La question de la mobilité du temps est un amusement pour une vache regardant passer le train.

La question importante, pour le croyant et l’homme juste, est de savoir ce qu’il fait de son temps. Laisserait-il Dieu l’habiter ?

LA MATIÈRE, LE TEMPS, L’EUCHARISTIE

Le Fils de Dieu, le Verbe incarné, a vécu dans notre réalité matérielle et temporelle. Il a soulevé la poussière de notre Terre. Il a partagé notre pain par le travail. Il a eu faim, soif. Il a transpiré sous le soleil, frissonné dans le frimas : « Il s’est fait homme et a vécu notre condition d’homme. » 

Aucune Personne de la Sainte Trinité, avant l’Incarnation du Verbe, ne pouvait faire l’expérience physique de la création, quand bien même Elle en a une compréhension parfaite. 

Dans le livre de l’Apocalypse, l’Agneau, c’est-à-dire Jésus-Christ, déclare : « Je suis l’Alpha et l’Oméga, le début et la fin. » Il ne l’aurait pas révélé avant son Incarnation ni durant sa vie sur Terre, ni avant son retour auprès de son Père. Il était nécessaire qu’il s’incarnât dans notre matière et dans notre temps, qu’il y mourût, qu’il y ressuscitât, qu’il retournât auprès de son Père des cieux, car sans ce chemin d’homme et de Dieu, le Verbe, la seconde Personne de la très Sainte Trinité, n’eût pu s’affirmer le Maître du temps et de la matière. Certes, dans l’absolu, Dieu en est le maître, puisqu’il en est le principe, mais sans l’Incarnation, il n’en aurait aucune expérience pratique et ne pourrait pas la glorifier, ni récapituler l’histoire qui, elle, n’existerait pas, ne serait pas écrite.

L’Agneau déclarant être « l’Alpha et l’Oméga », le dit pour toute la création. Il atteste également la réalité substantielle de son hypostase, qu’il révéla explicitement lors de sa Transfiguration. Ce mystère unit sa nature humaine à sa nature divine tant sur Terre qu’au Ciel de sa Gloire. En s’affirmant être « l’Alpha et l’Oméga », il confirme que le temps est immobile. Si le temps est mobile, la vie telle que nous l’expérimentons dans notre univers matériel ne serait tout simplement pas envisageable. Le vivant n’aurait pu être créé dans l’état que nous lui connaissons.

DU TEMPLE ET DU TEMPS

Certains linguistes établissent un lien étymologique entre les mots « temps (chronos) » et « temple », suggérant une origine commune dans la racine indo-européenne « tem- » signifiant « couper », ce qui peut se justifier, s’il est considéré que le temps ne se mesure qu’en séquence du fait que nul ne connaît son début ni sa fin.

L’association « temps et temple ou l’église » a sa place dans une approche philosophique et théologique. En considérant que le sage est un homme qui se reconnaît blessé, et pour qui la philosophie est l’un des instruments thérapeutiques, puisqu’il recherche la vérité : « La vérité vous libérera. » 

Le Temple de Jérusalem ou l’église qui l’accomplit et le remplace est un lieu sanctifié, coupé de la cité profane tout en étant son cœur. Il est consacré en vue de la rencontre du Présent immobile de Dieu et du temps de l’homme.

Comme nous l’avons mentionné dans le chapitre précédent, l’immatériel est le fondement de la matière et son principe.

Il est manifeste que le temps est tout à la fois intangible et immatériel, et que la conscience que nous en avons passe par nos sens physiques en lien avec la matière. Nous appréhendons les deux « matière et temps » simultanément et d’une même lumière sensorielle et intellectuelle. Cependant, nous considérons que le temps a son principe dans le Présent immobile de Dieu, l’éternité.

Le lien étymologique entre le temps et l’église émerge de la conjonction des deux, puisque l’église est la matière consacrée au Présent immobile de Dieu qui vient rencontrer le temps de l’homme, lui qui l’a construite et qu’il lui a consacrée.

Du point de vue philosophique et théologique, le concept conjoint de l’église (construction) et du temps revêt un intérêt notable. Notamment si nous intégrons la Présence de Dieu en l’homme. Une présence qui devient le fil conducteur de notre réflexion sur ce sujet. En effet, tout semble contenu dans l’échange vigoureux entre Jésus et les prêtres du Temple de Jérusalem. Les prêtres l’interrogent sur le fait qu’il vient de chasser les marchands. Dans cette confrontation verbale, Jésus donne une réponse radicale, qui renverse effectivement le pouvoir sacerdotal. Il va bien plus loin, puisque, s’il reproche aux marchands du Temple d’avoir fait de la Maison de son Père un repaire de brigands, la réponse qu’il fait aux prêtres donne acte de ce qu’il s’exclut du Temple qui n’est plus la Maison de son Père, donc qui n’est plus la sienne. Cependant, cet échange contient un autre palier de vérité, car il convient, dès lors, de se souvenir de sa Présentation au Temple. Selon la tradition la plus certaine, à l’instant de sa Présentation, il reprend et assume le sacerdoce de Melchisédech. Jésus devient physiquement, canoniquement, le propriétaire du Temple, l’unique Prêtre. Ce qu’il confirme dans la réponse qu’il donne aux prêtres, toujours dans cet échange, et dans lequel il sanctionne le retrait de leur pouvoir sacerdotal : « Détruisez ce Temple et je le reconstruirai en trois jours.«  Il enseigne sur les conséquences immédiates de sa condamnation à mort que les prêtres ourdissent depuis la première année de sa prédication publique, décision qui sera renforcée avec la résurrection de Lazare.

Ceux qui décident de sa mort au sein du sanhédrin ont reconnu Jésus comme le Messie, la résurrection de Lazare leur a ouvert leur intelligence, mais pour ceux-là, il est trop tard, leur cœur se ferme totalement. Les paroles de Jésus sur la croix : « Père pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font », concernent ceux qui ont exécuté la sentence, pas ceux qui l’ont décidée et l’ont fait exécuter par Rome, le gouverneur Ponce Pilate. Jésus sait que, par leur décision, ils ont engagé leur liberté et acté en rejetant la Vérité, la Promesse faite à leurs Pères depuis Abraham.

Du point de vue philosophique et théologique, la réponse prophétique de Jésus trouve aussi sa racine dans le fait que l’homme soit créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, dont il est l’image exemplaire, et que confirme l’Incarnation du Verbe en l’humanité de Jésus de Nazareth, qui s’accomplit au-delà du temps par et dans le mystère du sacrement de l’Eucharistie. L’église, en tant que bâtiment consacré, n’a de raison d’être et n’a de signification que parce qu’elle abrite la permanence sacramentelle de la Présence réelle de Jésus-Christ, qui est aussi celle de la très Sainte Trinité.

DU TEMPLE

La faute originelle, parmi ses conséquences, il y a la nécessité de consacrer un lieu de culte, mais avant elle, la Terre et le ciel étaient ce Temple où le Créateur rencontrait Adam et Ève pour s’entretenir avec eux au coucher du soleil. Nos premiers parents célébraient leur action de grâce en permanence, à chaque souffle, chaque battement de leur cœur. Ils étaient vivants. Un lieu consacré au culte n’a eu sa nécessité qu’après leur expulsion du Paradis.

Le temple a eu sa première concrétisation à l’intérieur du foyer, car il faudra attendre Caïn pour que l’habitat soit construit en dur. L’homme a besoin d’un lieu spécifique qui exprime son besoin de tisser des liens avec la divinité. Dans ce sanctuaire, il offre son temps qui devient action de grâce, puisque selon saint Irénée de Lyon : « L’homme vivant est la Gloire de Dieu ». Aussi, les paroles de sainte Thérèse de Lisieux résonnent justes : « ramasser une aiguille dans la poussière par amour est une prière. »[3] Le temps mis pour ramasser cette aiguille est une offrande de vérité et d’amour.

Le sacré, matérialisé, est le premier lien social sensible exprimant l’unité du peuple autour de la divinité. Le lieu sacré est le sanctuaire dans lequel et par lequel l’homme individuel et communautaire se rend à la rencontre du Présent immobile de Dieu.

La transcendance, pour le baptisé, c’est Dieu lui-même, par l’Esprit, qui pousse le sujet à s’ouvrir par la grâce, ce qui le fait s’élancer vers Lui. Un appel qui vient de l’esprit de Dieu pour l’homme naturel et de l’Esprit Saint pour le baptisé. Il invite le fidèle à s’outrepasser, c’est-à-dire, à s’élever par l’amour et la vérité au-delà de lui pour être rejoint par Dieu. Le dépassement de soi dans l’ordre naturel selon le devoir d’état, le sportif, le militaire, le travailleur, les parents exige des vertus naturelles : le courage, le respect de la loi naturelle, etc. Cependant, l’outrepassement de soi est un impératif qui ne peut s’appuyer que sur les vertus théologales et cardinales en plus des autres vertus naturelles. C’est l’amour de charité.

L’ÉGLISE : le sanctuaire de pierres

L’âme veut rejoindre son Créateur dont elle a une parfaite mémoire.

L’église est ce lieu consacré où le divin, dans son Présent immobile, vient rencontrer l’homme dans son temps de sanctification. Elle signifie la permanence de la recherche de la communion intime entre l’homme et Dieu, une vie d’union au Christ. Elle est aussi la signification de la communion entre les hommes : la communauté des saints militants en lien avec ceux de l’Église triomphante. Elle exprime également le lien anthropologique qui relie tous les hommes et toutes les femmes entre eux. La fraternité entre tous les hommes et femmes ne peut pas s’établir en dehors de Jésus-Christ. Cependant, elle ne s’établit que parce qu’elle existe en chacun d’entre nous. Toutefois, cette démarche ne peut s’entreprendre qu’avec  la très sainte Vierge Marie, la co-rédemptrice.

Dès qu’un homme prie, ce sont deux humilités qui se rejoignent, comme le Verbe ne cesse de nous rejoindre depuis son Incarnation au moyen des sacrements.

LE TEMPS ET LE TEMPLE DEPUIS MOÏSE

Les concepts du temps et du temple sont surélevés depuis Moïse. Dans l’ancienne Alliance, le parvis du Temple était réservé à ceux qui se convertissaient à la Thora. Le parvis de l’église est, quant à lui, l’expression de la transition entre le monde et l’entrée au Ciel. C’est l’église, le sanctuaire qui est une invitation à la conversion dans la foi en Jésus-Christ. L’église, pour le catholique, en tant qu’édifice, est le Parvis du Ciel, de la Gloire de Dieu sur la Terre. Elle exprime la communion entre les hommes. Elle fut longtemps le lieu des échanges sociaux et de fraternité et le haut fait de la justice des hommes, puisqu’un bandit y trouvait refuge et ne pouvait être poursuivi. Elle est également la signification de la communion de l’Église militante avec l’Église triomphante.

Jésus-Christ, lors de sa confrontation avec les prêtres, donne le sens eschatologique du Temple, du temps et du corps : « Jésus répondit et leur dit : détruisez ce temple et je le relèverai en trois jours[4]« . Il les surélève dans cet échange avec les prêtres. Il en fait la signification du chemin qu’il est. Il fait d’une œuvre de pierres une réalité immatérielle, une réalité sublimée, transcendée, le reliant à la surréalité : la vision béatifique. Le seul vrai temple est le corps de Jésus-Christ ressuscité, glorifié, transfiguré, et par extension, celui de l’homme « fait à son image et à sa ressemblance » qu’Il ressuscitera et glorifiera. 

Lorsqu’un chrétien, membre d’une Église instituée, qui a le pouvoir d’ordre légitime, valide, communie au sacrement de l’Eucharistie, il reçoit la Chair et le Sang de Jésus-Christ. Il reçoit la Sainte Trinité.

Dans une église catholique, il y a la Présence permanente, réelle et sacramentelle de Dieu Trine dans les Espèces consacrées, transsubstantiées. Ce n’est pas seulement la Présence de Jésus-Christ, c’est celle de la Très Sainte Trinité.

Notre Dieu Trine est réellement présent au milieu de son peuple ; depuis l’Incarnation du Verbe dans l’humanité de Jésus de Nazareth, fils de Marie, descendant de David, le Christ, Dieu n’a jamais cessé d’être présent au milieu de son peuple, de son Corps mystique. Sauf dans les églises chrétiennes de confession orthodoxe qui ne croient pas en la permanence de la Présence divine dans le sacrement, ainsi que dans les communautés ecclésiales issues de l’hérésie du schisme de la Réforme protestante.

Malheur à celui qui prendra la décision d’interdire les sacrements ! Une décision transgressive qui précédera de peu le Tonnerre du Seigneur. L’enfer dansera, les justes pleureront, mais toute justice sera rendue. Dieu le Père fera entendre son tonnerre depuis l’intérieur du silence de Jésus face à Ponce Pilate : « Qu’est-ce que la vérité ? »

 

L’union hypostatique[5] subsiste en Jésus-Christ de l’Incarnation à son retour à la droite de son Père. Elle est présente dans tous les sacrements donnés par le prêtre in persona Christi, et excellemment dans le sacrement de l’Eucharistie.

Jésus enseigne : « Je suis venu faire la volonté de mon Père ».

Ce que fait le Père, le Fils le fait, ainsi que le Saint-Esprit : chaque Personne divine agit en union avec les deux autres Personnes. Lorsque nous recevons un sacrement, nous recevons la Sainte Trinité.

Le sacrement de l’Eucharistie confirme le sens eschatologique des mots « temple, temps et corps »[6]. La matière, le temps, les produits du travail de l’homme et de la terre se retrouvent récapitulés dans ce sacrement : « Fruits de la terre et du travail de l’homme.«  Ils deviennent la réalité de la Présence physique et invisible de Jésus-Christ pour un échange de vérité et d’amour, un cœur à cœur, l’image-ressemblance qui contemple sous le voile de la foi l’Image et la Ressemblance exemplaire, Jésus-Christ vrai Dieu et vrai Homme.

Le corps de l’homme est le seul temple que Dieu ait en vérité créé de ses mains bénies ; par le sacrement, mon corps devient le Sien et le Sien devient le mien[7]. Dieu, l’Infini, entre dans le fini. Il se contient dans le contenu dont il est le contenant : mystère abyssal de l’Incarnation et du sacrement de l’Eucharistie.

Mystère du sacerdoce institué par Jésus-Christ, le seul Grand Prêtre, un mystère de feu. Ce mystère d’amour, et également celui d’une liberté insaisissable, irréductible. 

Ne se livre-t-il pas à la haine de son prochain par amour de celui-ci et pour satisfaire à la justice de son Père ?

Jésus-Christ, Agneau de l’Apocalypse, en affirmant être « l’Alpha et l’Oméga » à trois reprises, enseigne que chaque Personne de la Sainte Trinité peut le dire[8]. Il emporte une particule glorifiée de matière et donc, un lien avec le temps. Il confirme qu’ils sont tous les deux créés ex nihilo et qu’il en est la cause finale surnaturelle, tandis que l’homme en est la cause finale naturelle. Le temps et la matière ont en commun le même terme que l’histoire, puisqu’ils en forment le cadre.

Dans tous les sacrements, mais plus mystérieusement dans celui de l’Eucharistie, il y a une profondeur qui ne se réalisera totalement qu’au Ciel de la gloire. Jésus, au Jeudi saint, au Cénacle, est en présence des douze Apôtres, et avec nous tous dans notre temps, notre l’histoire. Il institue les sacrements, au cœur de l’humanité, de toute la création, il y fait tenir le Présent immobile de Dieu et le Temps de l’homme. Nous avons là une preuve éclatante que le temps et la matière sont tous les deux immobiles et totalement assumés par le Présent immobile de Dieu dans les sacrements, mais singulièrement dans celui de l’Eucharistie.

Jésus confirme l’annonce de ce sacrement, signifiée par la multiplication des pains et des poissons, puis lors de sa rencontre avec les prêtres au Temple après avoir chassé les vendeurs. Il dit : « Détruisez ce Temple et en trois jours Je le relèverai ».

Le quatrième mystère joyeux, la Présentation au Temple et lors de cette confrontation, Jésus assume et donne un sens eschatologique au Temple et au Corps, pas seulement le Sien, mais de tous les corps humains, d’Adam au dernier-né de l’homme. Le corps de l’homme est le Temple de Dieu, sans cesse renouvelé par les sacrements depuis le baptême jusqu’à l’extrême-onction.

Le temps est la subtilité de la matière, tous les deux attendent leur glorification, leur transfiguration, leur surélévation dans un ultime acte d’action de grâce, que seul peut accomplir le Fils de l’Homme venant sur la Nuée, vrai Homme et vrai Dieu.

Oserez-vous, maintenant, continuer de communier au Corps du Christ sur la main ! Auriez-vous oser toucher l’Arche d’Alliance ?

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[1] L’âme du défunt est entrée soit dans un présent d’éternité, soit dans un état de conscience de perpétuation de l’acte qui résulte de son rejet de la miséricorde.

[2] Événement astronomique qui semble avoir été confirmé.

[3] Sainte Thérèse de Lisieux, carmélite. 

[4] Jn 2, 19

[5] État qui unit la nature humaine et divine de Jésus-Christ.

[6] Il se comprend que recevoir le sacrement de l’ordre est un mystère si profond qu’il met l’ordonné au cœur de la cité de l’homme et en dehors du monde ; quant à celui qui reçoit un sacrement, qu’il fasse très attention à ce qu’il fait, car si l’intention de celui qui le reçoit n’est pas droite, n’est pas selon la volonté divine, il court le risque de se damner.

[7] Je reviendrai sur le thème du Temple dans les chapitres traitant du vivant.

[8] Idem.

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