Ce que l’on sait de l’agression d’Augustin à Lyon, alors que l’enquête contredit la version de la famille
Le 26 août 2020, Profession-Gendarme publiait un article du journal Contre Info relatant une violente agression dont aurait été victime le jeune Augustin, âgé de 17 ans, sous le titre suivant (suivre le lien) : Lyon : un jeune Français laissé pour mort par des immigrés, après avoir défendu des filles.
Cet article ayant provoqué de nombreuses polémiques dans tous les milieux, France Info nous résume ce que l’on sait de cette agression.
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L’affaire a été très médiatisée sur les réseaux sociaux. Selon le parquet, le jeune homme de 17 ans a bien reçu un coup de poing au visage lors d’une altercation mais n’a pas été lynché, contrairement à ce qui était affirmé jusqu’ici par ses proches.
La place Bellecour, à Lyon, le 30 octobre 2017. (MOIRENC CAMILLE / HEMIS.FR / AFP)
L’affaire a provoqué un déferlement de réactions sur les réseaux sociaux. Les faits se sont déroulés vendredi 21 août, place Bellecour à Lyon, et concernent Augustin, un jeune homme de 17 ans. Son entourage, qui a relayé l’affaire sur Facebook, affirme qu’il a été roué de coups par un groupe de « cinq racailles colorées » alors qu’il cherchait à protéger des filles qui se faisaient « agresser » à un arrêt de bus.
Les investigations sont encore en cours, mais les premiers éléments de l’enquête donnent une version des faits différente. Selon le parquet de Lyon, le jeune homme a bien reçu un coup de poing au visage mais n’a pas été lynché, contrairement à ce qui était affirmé jusqu’ici par ses proches. Franceinfo vous résume ce que l’on sait de cette agression.
L’affaire débute avec le témoignage du frère d’Augustin, posté sur Facebook
Dimanche 23 août dans la soirée, Grégoire R. diffuse sur Facebook un témoignage (supprimé depuis) faisant état de l’agression de son frère cadet, Augustin, le vendredi précédent vers 23 heures, sur la place Bellecour, près de l’Office de tourisme, en plein centre-ville de Lyon. Il explique qu’« un groupe de cinq racailles colorées ont commencé à agresser des filles à l’arrêt de bus » et raconte comment son frère « a pris leur défense en retenant ces individus le temps qu’elles rentrent à l’abri dans le Monoprix. A cinq contre lui, avec tout l’honneur d’un homme, ils l’ont fracassé sans que personne n’intervienne. »
Lundi, la mère d’Augustin témoigne sur CNews. « Les jeunes filles sont parties au Monoprix, les autres ont encerclé mon fils, pour l’emmener plus loin, vers l’Office de tourisme. Et là, il y en a un qui l’a assommé par derrière, il est tombé (…) Il a été roué de coups, il a la mâchoire cassée, des dents cassées. Quand il s’est réveillé, ils n’étaient plus là », relate-t-elle.
Le père d’Augustin affirme quant à lui dans Le Progrès (article payant) que son fils a été « tabassé » après avoir été « entraîné vers les arbres » de la place Bellecour.
Elle est reprise par de nombreux politiques, de droite et d’extrême droite
Ce témoignage connaît rapidement un véritable emballement sur les réseaux sociaux. Les hashtags #JusticePourAugustin et #Augustin sont en tête des tendances Twitter les jours suivant le témoignage de son frère, suscitant des dizaines de milliers de réactions émues ou indignées. Dans la foulée, un groupe de soutien baptisé « Justice pour Augustin » est lancé sur Facebook par ses proches, et rassemble rapidement des milliers de membres (ils étaient plus de 10 000 jeudi 27 août).
Très vite, de nombreux responsables politiques, de droite et d’extrême droite, réagissent. Marine Le Pen fait le parallèle avec l’affaire Marin, un jeune homme sauvagement agressé en 2016 au point d’être plongé dans le coma pendant plusieurs jours. « C’est un de ces héros du quotidien que le Système méprise autant qu’il protège ses bourreaux », tweete la présidente du Rassemblement national (RN).
Laurent Wauquiez, président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes, loue « le courage admirable du jeune Augustin » face à des « bandes de sauvages ».
Julien Odoul, président du groupe RN au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, et Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, réagissent eux aussi, tout comme le groupuscule d’extrême droite Génération identitaire, qui fustige « la racaille issue de l’immigration qui continue à faire régner l’insécurité dans le centre-ville de Lyon ».
Des personnalités autres que politiques rendent aussi hommage à Augustin, comme l’humoriste Ahmed Sylla. « Ça me fait mal de voir autant de violence dans notre si beau pays, des familles tristes et parfois endeuillées ! » écrit-il.
Une enquête est ouverte
Augustin dépose plainte dimanche 23 août, soit deux jours après son agression, à la gendarmerie de Fontaines-sur-Saône, près de Lyon. La famille étant originaire du Val-de-Saône, la plainte est transférée au commissariat du 2e arrondissement, compétent géographiquement, qui ouvre une enquête pour « violences volontaires en réunion ».
Un appel à témoins est lancé dans la foulée, à la demande du parquet de Lyon, afin de vérifier les faits.
La police compte également exploiter la vidéosurveillance de la place Bellecour et de ses abords, indique France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.
Pas « d’agressivité » de la part du groupe d’hommes à l’égard des jeunes filles
A la suite de cet appel à témoins, plusieurs personnes sont entendues dans le cadre de l’enquête. Et les premiers éléments communiqués par le parquet mercredi remettent en cause la version des proches d’Augustin.
Les doutes concernent d’abord le contexte dans lequel le jeune homme est intervenu. Deux des quatre adolescentes dont il dit avoir pris la défense « ont expliqué que ce dernier était intervenu alors qu’il pensait qu’elles se faisaient importuner ». Mais, selon elles, « ces jeunes, bien qu’insistants, ne faisaient pas montre d’agressivité à leur égard », indique le parquet.
Ces témoignages coïncident avec ceux recueillis par Libération avant cette déposition. « Ils étaient lourds et insistants mais ils ne nous ont pas touchées du tout », avait raconté l’une des filles du groupe au quotidien. Une autre s’était montrée un peu plus précise, expliquant aux journalistes : « On était quatre copines en tout, on sortait du Monoprix, on était en train de rentrer chez nous. Là, sept garçons sont arrivés, ils nous suivaient, ils nous demandaient nos snaps [leurs noms d’utilisatrices sur l’appli Snapchat]. Ils étaient lourds et ils insistaient. »
Les jeunes filles n’étaient donc manifestement pas en train de se faire « agresser » comme l’a affirmé le frère d’Augustin. Leur situation relevait plus du harcèlement : c’est d’ailleurs le terme qu’a employé Augustin, dans son témoignage recueilli par LyonMag mardi. Elles étaient en train de « se faire harceler », a-t-il déclaré au média lyonnais. En outre, le jeune homme n’était pas seul, mais « avec son copain », a précisé une des jeunes filles à France 3.
Un unique coup de poing
Le lynchage évoqué par les proches d’Augustin est également contredit. Au magazine LyonMag, Augustin avait lui-même raconté avoir fait face à « au moins cinq personnes » puis « avoir reçu un très violent coup par derrière » qui l’aurait mis K.-O. Le jeune homme avait ensuite expliqué avoir eu un « trou noir » et ne se souvenir que de « flashs et de moments, mais pas de l’intégralité des événements qui ont suivi ».
Devant les enquêteurs, mercredi, Augustin a précisé avoir reçu un coup de poing dans la mâchoire. Sans pouvoir être totalement affirmatif, il a indiqué avoir eu « le sentiment de recevoir un autre coup au niveau du visage ».
Ce témoignage concorde avec le récit livré par une des jeunes filles du groupe à France 3. « Ils ont commencé à parler de se battre à un contre un. Augustin a reçu un coup de poing dans la mâchoire. Il est tombé mais s’est aussitôt relevé. Il s’est énervé et les a cherchés. On leur a dit que ça ne servait à rien de se battre. Le groupe de garçons est parti et s’est éloigné », explique-t-elle. Contrairement à ce qu’affirmait la famille d’Augustin, « il n’y a pas eu de tabassage, il n’y a eu que le coup de poing », assure la jeune fille. Elle précise : « On a remercié Augustin d’être intervenu. Nous sommes restées avec lui plus de vingt minutes pour s’assurer qu’il allait bien. »
Le jeune homme a été opéré lundi. Un médecin légiste a constaté mercredi une « fracture mandibulaire » et une « lésion dentaire », blessures jugées « compatibles avec un coup unique porté au niveau du visage » et synonymes d’une incapacité temporaire de travail (ITT) de 21 jours. L’enquête se poursuit pour identifier l’auteur des faits, a conclu le parquet.
Source : France TV Info
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