Camélia Jordana : une affligeante banalité
La démocratie et la vulgarité médiatique s’associent souvent pour proposer le pire.
Ainsi Camélia Jordana (CJ) dans ONPC, a-t-elle déclaré : « Il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic et j’en fais partie avec les cheveux frisés…certaines personnes sont massacrées pour nulle autre raison que leur couleur de peau… ».
Philippe Besson, sur le plateau, lui a apporté une molle contradiction. L’hagiographie de Macron ne favorise pas la dialectique sur d’autres sujets.
Le ministre Castaner a dénoncé ses propos par un tweet et des syndicats policiers demandent des poursuites.
CJ est « épatée par toutes ces réactions, enthousiaste pour la réouverture du débat public », elle se dit prête à débattre en direct avec Christophe Castaner « sur le plateau de son choix » (Morandini).
On a vraiment tout de ce que le climat d’aujourd’hui secrète d’indécent et de médiocre.
Ineptie de la charge. Globalisation scandaleuse. Enflure du personnage. Vanité de cette heure de gloire médiatique. Prétention d’une confrontation politique. Illusion sur l’originalité de l’attaque.
Le verbe provocateur et célébré contre le consensus implicite et trop silencieux.
CJ a joué dans « Le Brio », un film sur l’apprentissage et la maîtrise du langage mais il n’a pas déteint sur elle dans la vraie vie.
Il s’avère que c’est elle, une jeune femme, qui a proféré ces agressives approximations mais pour répondre d’emblée à une critique trop fréquente, un homme, avec de telles billevesées, m’aurait mobilisé de la même manière.
Il conviendrait de faire savoir à cette artiste qu’elle se pousse singulièrement du col quand elle évoque « la réouverture du débat public » et qu’elle a bien tort de s’imaginer provocatrice avec ce réquisitoire niais contre la police.
Elle s’inscrit dans un mouvement qu’on pourrait presque qualifier de dominant tant le manque de courage politique, la complaisance médiatique, la faible autorité de l’Etat, la haine ignorante (sauf quand on a besoin de la police !), la présomption de culpabilité qui l’accable quand ses activités conduisent la police à combattre des violences hostiles, ne cessent de nourrir un terreau dévastateur qui préjudicie à l’ordre républicain et à la confiance que nous devrions naturellement apporter à toutes nos forces de protection.
Pour éclairer ces points, il suffit de prendre pour exemple les insupportables rodéos urbains qu’on reproche à la police de ne pas arrêter alors qu’on sait qu’une action résolue de sa part mettrait, de fil en aiguille, le feu à certaines cités ; et sans la moindre espérance de voir la police honnêtement légitimée et défendue.
Malheureusement CJ, dans une version paroxystique, n’a fait que développer ce que des citoyens répètent en boucle. Elle n’a rien inventé. Dans tous les supports de communication, on est confronté au même processus. Une vision hémiplégique du réel. Même pas d’ailleurs: c’est l’essentiel de la réalité qui est occulté.
On parle des « violences policières » sur un mode péremptoire comme si la police n’avait pour ambition que ces transgressions. On néglige le fait qu’elle a le monopole de la force légitime et qu’on ne saurait mettre sur le même plan ce qu’elle subit au quotidien pour garantir la sécurité de chacun et ce que, contre ses devoirs, rarement elle perpètre.
Combien de fois, notamment sur Twitter, insulté ou non, ai-je rappelé que des poursuites devaient être engagées et des condamnations prononcées contre des fonctionnaires coupables de rares violences illégitimes.
Je ne doute pas une seconde que CJ a été « épatée » par ces « réactions » qui sont totalement étrangères à la vérité, à l’équité et à la mesure. Le vice de la modernité, encore plus quand elle concerne le régalien, est d’être incapable de penser la plénitude quand beaucoup de lumières et peu d’ombres la contredisent.
Christophe Castaner, je l’espère, refusera ce débat proposé avec un narcissisme assumé par CJ. S’il l’acceptait, il irait à la catastrophe même s’il était bon. Notre société préfère les banalités affligeantes aux vérités sereines.
Et une CJ qui crache sur la police plutôt que de rendre hommage à tout ce qu’on lui doit.
Source : Philippe Bilger
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