Budget de la Gendarmerie : le cri d’alarme des sénateurs

La séance publique du Sénat, ce mercredi 29 novembre. Photo d’illustration

Après les députés, les sénateurs examinent à leur tour à la loupe le budget prévisionnel de la Gendarmerie. Ils finalisent ou viennent de publier les différents rapports pour avis qui vont permettre de préparer la séance publique du mardi 5 décembre, où seront étudiés les crédits de la mission « Sécurités », qui comprend, outre l’arme, le budget de la Police nationale et celui de la Sécurité civile.

Pour le moment, la haute assemblée n’est pas tendre avec les projections budgétaires des autorités. Et pour cause : au Palais du Luxembourg, contrairement au Palais-Bourbon, le parti présidentiel « En Marche » est en minorité. D’ailleurs, les six sénateurs à s’intéresser à la mission budgétaire « Sécurités » sont dans l’opposition, que ce soit à droite (LR) ou à gauche (RDSE ou Groupe socialiste).

Six sénateurs de l’opposition

Henri Leroy
Le sénateur Henri Leroy (Crédit photo: GT/ L’Essor)

Dans le détail, Henri Leroy (LR) s’est ainsi penché, pour la commission des lois, sur les crédits de la mission « Sécurités », hors Sécurité civile, dévolue à la sénatrice Catherine Troendlé (LR). De même, pour la commission des finances, Jean-Pierre Vogel (LR) s’est attaqué au budget des sapeurs-pompiers, Philippe Dominati (LR) à celui de la Gendarmerie et de la Police et Jean-Marc Gabouty (RDSE) à la sécurité et l’éducation routières. Enfin, pour la commission des affaires étrangères et de la défense, Philippe Paul (LR) et Yannick Vaugrenard (Groupe socialiste) ont étudié le budget de la Gendarmerie.

Pour les sénateurs qui ont rendu leur copie, le bilan budgétaire est plutôt inquiétant. Par exemple, pour Jean-Pierre Vogel, dans la Sécurité civile, « les deux principales dépenses de fonctionnement directement tributaires de l’activité opérationnelle ont été manifestement sous-évaluées ces dernières années ». La commission des lois, à l’appel de Catherine Troendlé, a, comme la commission des finances, donné un avis défavorable au budget préparé pour les soldats du feu.

Et pour le budget des gendarmes et des policiers ? Les sénateurs font le même constat. Ainsi, Philippe Dominati relève le « risque de paupérisation » de la Gendarmerie et de la Police.

http://lessor.org/gendarmerie-police-leffort-moyens-materiels-faible/

Véhicules de gendarmerie et de police ( photo G.T l’Essor)

Les moyens matériels des forces de sécurité encore trop faibles selon un rapport sénatorial

Les hausses d’effectifs s’accompagnent en effet d’un effort sur les moyens matériels « toujours trop faible », juge-t-il. De même, Henri Leroy, ancien officier de gendarmerie, estime que le budget présenté « ne correspond pas à l’attente et à l’espoir de l’ensemble des forces de sécurité quant à leur équipement, leur logistique, leurs conditions de vie et les modalités d’exécution de leur mission ».

« Il y a dans la Gendarmerie comme dans la Police une grande motivation. Mais donnez-nous les moyens de travailler : voilà le cri d’alarme que poussent toutes les forces de sécurité. Ne nous renforcez pas si c’est pour nous envoyer des gens pas suffisamment formés, pas suffisamment équipés. » Henri Leroy, sénateur LR des Alpes-Maritimes

Les inquiétudes des sénateurs

Dans son rapport de 38 pages, le sénateur des Alpes-Maritimes s’inquiète par exemple d’une baisse du budget de fonctionnement et d’investissement consacré à l’informatique et aux nouvelles technologies dans la Gendarmerie, remarque que les efforts de rénovation du parc immobilier sont « encore bien en deçà des besoins réels », ou signale enfin les risques liés à la dette des loyers, qui risque d’avoir pour conséquence de « réduire l’enveloppe allouée aux moyens et équipements des forces de Gendarmerie, déjà très largement sous-dotée »…

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Le sénateur Yannick Vaugrenard (Crédit photo: GT/ L’Essor)

Le Sénat est-il entré en fronde sur cette question des crédits de la Gendarmerie ? Pas tout à fait. Yannick Vaugrenard, a lui préconisé à la commission de la défense, ce mercredi 29 novembre, de donner un avis favorable avec réserves – la dette des loyers, par exemple, ou la réserve sur les crédits. Le budget, explique-t-il, est « globalement acceptable », soulignant l’augmentation de crédits qui permettra aux gendarmes « de consolider leur action en faveur de la sécurité quotidienne ». Une voix plutôt isolée au Palais du Luxembourg, après le vote défavorable de la commission des lois sur les crédits de la mission « Sécurités » et l’adoption, assortie d’un amendement d’augmentation de budget, de ces mêmes crédits par la commission des finances…

Gabriel THIERRY.
Source : L’Essor.org

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