BUDGET de la Défense 2018: le tour de passe passe.

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Pour la première fois, le ministère de la Défense va devoir financer à 100 % les opérations extérieures menées par les soldats, ce que ne prévoyait pas la loi de programmation militaire votée fin juin à l’issue d’un an de débat.

Fâcheuse coïncidence. Au moment où l’Elysée annonçait qu’Emmanuel Macron passera le 14 novembre une nuit sur le porte-avions Charles-de-Gaulle, certains députés découvraient mercredi un projet de loi de Finances rectificative, qui entaille déjà  les promesses de la loi de programmation militaire 2019-2025 votée en juin dernier.

Le texte contient un tour de passe-passe, qui va obliger in fine le ministère des Armées à financer seul la totalité du budget de ses opérations extérieures pour 2018, soit un montant total estimé de 1,37 milliard d’euros, alors que par le passé, une grande partie de ce budget était assurée par la solidarité ministérielle.

« Coup tordu »

La loi de programmation militaire prévoyait bien d’augmenter peu à peu la part des opérations militaires financées par le budget de la défense pour des raisons de sincérité budgétaire. Mais l’enveloppe annoncée était de 650 millions d’euros en 2018, voire de 750 millions en incluant l’opération Sentinelle, mais pas de 1,37 milliard. L’enveloppe devait passer à 850 millions en 2019 et à 1 milliard en 2020.

Expert du budget de l’équipement de la Défense, le député François Cornut-Gentille (LR) dénonce « un coup tordu » digne de celui qui avait provoqué à l’été 2017 la démission du chef d’Etat-major, Pierre de Villiers. Au ministère de la Défense, on ne cache pas avoir perdu un arbitrage, mais en cherchant à en diminuer la portée. « Les dégâts n’ont rien à voir avec la bataille budgétaire de l’an dernier », plaide-t-on dans l’entourage de Florence Parly.

Rabot sur les équipements

« Sur 1,37 milliard de dépenses estimé, nous avions mis de côté 650 millions comme prévu pour les opérations extérieures, 100 millions pour Sentinelle, et 40 millions de fonds de concours européens, ce qui nous laisse à cette heure, 550 millions à couvrir », y indique-t-on. Pour combler ce trou, le ministère compte sur 155 millions d’euros d’économie de salaires, l’armée ayant eu du mal à embaucher et fidéliser au rythme prévu.

Et il va utiliser 400 millions d’euros de crédits mis en réserve, qui auraient dû servir essentiellement au financement des équipements. «Nous devrons reporter sur 2019 319 millions d’euros de commandes », explique-t-on au ministère, en soulignant qu’il s’agit d’un montant gérable, qui ne remet pas en question les principaux programmes d’armement.

Un nouveau coup dur pour l’Etat-major de l’armée française, qui avait cru aux promesses de remontée en puissance du gouvernement. « C’est la première loi de programmation militaire en expansion depuis la fin de la Guerre froide », déclarait la ministre des Armées, Florence Parly lors du vote du texte le 28 juin dernier. Une expansion très poussive…

Anne BAUER
Les Echos

 

Refiffusé sur le site de l’ASAF : www.asafrance.fr

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