BREST : L’Harteloire. Ancienne gendarmerie : une reconversion qui interpelle

Dans le projet, la façade classée est conservée, mais rehaussée avec des...

Dans le projet, la façade classée est conservée, mais rehaussée avec des volumes asymétriques.

C’est un îlot désaffecté depuis le départ de la gendarmerie, en juin 2010. Un opérateur souhaite y bâtir un vaste ensemble comprenant une résidence seniors, une résidence d’affaires, mais aussi près de 80 logements. Un projet qui est loin de faire l’unanimité auprès des riverains.

À l’angle des rues de L’Harteloire et Lamotte-Picquet, l’imposante façade de 1950, qui fait face au pont de L’Harteloire, a des faux airs d’arène romaine. Classée, on la doit à l’urbaniste de la reconstruction, Jean-Baptiste Mathon. Mais la gendarmerie de L’Harteloire occupait, en réalité, une emprise bien plus vaste dans cet îlot délimité, à l’arrière, par les rues Latouche-Tréville et Lannouron. Après son départ, l’État, propriétaire, a pris la décision de s’en séparer. Brest Métropole océane a alors lancé une consultation, en vue de requalifier cet espace à la géographie plutôt enviable en ville. En février 2014, Adim Ouest, filiale de Vinci, a été désigné lauréat. Et assure donc la maîtrise d’ouvrage du projet qui a été présenté jeudi soir. Dans le détail, le programme, conceptualisé par l’architecte Michèle Lacroix, comprend 5.300 m² de résidence seniors, 3.900 m² de résidence de tourisme affaires, 3.000 m² de logements sociaux, acquis par BMH (au nombre de 44) et 2.300 m² de « logements à coût abordable » (34 au total).

« On va être plongé dans l’obscurité »

Alors que le permis de construire est déjà à l’instruction, les questions ont fusé. « J’habite en face, ce n’est que maintenant que l’on nous présente ce projet. On est clairement mis devant le fait accompli », tonne ce riverain. Mais, au-delà de la méthode, le projet, sur le fond, inquiète aussi. Car il n’a pas échappé aux riverains que les bâtiments vont être érigés en limite de propriété (sauf rue Latouche-Tréville), et bâtis en R + 6, notamment rue Lannouron. « On va être plongé dans l’obscurité.

Vous parlez d’un projet aéré mais, ça, c’est pour les futurs occupants. Pour nous, qui habitons en face, c’est tout le contraire. Il aurait été raisonnable de garder l’emprise existante et non de rapprocher les immeubles, en plus de les remonter », tonne cet habitant. Autre grief, le nombre de places de stationnement (130 au total, en souterrain) jugé largement insuffisant dans ce quartier qui est déjà saturé, avec la proximité immédiate de deux lycées mais aussi de la fac. D’aucuns redoutent une circulation accrue, alors qu’aucun aménagement n’est prévu au carrefour.

Risque de dépréciation

Cette habitante est moins sévère. Elle estime que du neuf, ce sera toujours mieux que la friche actuelle, régulièrement squattée. Elle regrette toutefois que le jardin paysager, prévu au coeur de l’îlot, soit privatif. « Il aurait fallu 80 mètres de rampes pour relier les deux rues et permettre l’accessibilité », argumente l’architecte, en mettant en avant « le parti pris économique du projet ». Les riverains, eux, redoutent surtout une dépréciation de leur bien et exigent donc du promoteur qu’il rabaisse l’ambition de son projet. Le message sera-t-il entendu ? À défaut, l’opérateur, qui envisage le début des travaux mi-2017, s’expose à un contentieux. De son côté, la collectivité, par la voix de Thierry Fayret, rappelle que le centre-ville perd des habitants et qu’il faut donc en produire de nouveaux. Densifier, encore et toujours : la ligne directrice de la majorité Cuillandre est tracée. Avec le risque d’ouvrir des foyers de contestation, comme celui déjà observé, depuis de longues semaines, près de la place Guérin.

Source :  Le Télégramme

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