Beaumont-sur-Oise : un frère d’Adama Traoré en garde à vue pour l’attaque de la gendarmerie

Beaumont-sur-Oise, juillet 2016. Les gendarmes lors des émeutes dans le quartier de Boyenval, en juillet dernier LP/Frédéric Naizot

Yacouba a été extrait de sa cellule pour répondre de l’attaque de la gendarmerie de Persan, l’été dernier après la mort de son frère décédé lors d’une interpellation musclée. Il sera jugé en correctionnelle le 24 avril 2018.

Un frère d’Adama Traoré a été placé en garde à vue ce lundi au groupement de gendarmerie de Pontoise (Val-d’Oise). Yacouba a été extrait de sa cellule pour répondre de l’attaque de la gendarmerie de Persan, l’été dernier, notamment de la tentative d’enfoncer le portail avec un bus.

 

A l’issue de sa garde à vue, il a été présenté à un juge qui lui a remis une convocation à comparaître devant le tribunal correctionnel de Pontoise le 24 avril 2018 à 9 heures. Yacouba Traoré sera jugé pour«violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique» mais pas pour les faits d’«intrusion illicite dans une caserne de gendarmerie», ce deuxième volet de l’affaire ayant été «transmis au parquet pour appréciation».

 

Les faits s’étaient produits peu après le décès d’Adama, le 19 juillet dernier. Une cinquantaine de personnes s’étaient alors rassemblées devant le portail de la brigade de Persan, aux alentours de 22h30. La situation avait rapidement dégénéré : des projectiles avaient été lancés contre la gendarmerie et par-dessus le portail. Plusieurs personnes étaient parvenues à entrer dans la cour et avaient agressé plusieurs gendarmes qui les ont repoussés, certains militaires ayant été blessés.

 

Des matelas avaient été incendiés devant l’entrée, des bouteilles incendiaires jetées. Par ailleurs, plusieurs jeunes ont pris d’assaut un bus qui venait de s’arrêter à proximité de la brigade. Ils ont fait sortir le chauffeur, prenant les commandes du véhicule dans le but de l’utiliser tel un bélier pour enfoncer le portail, sans y parvenir.

 

Les gendarmes avaient essuyé des coups de feu

 

Ces violences, qualifiées «d’intenses», ont duré environ une demi-heure avant que l’arrivée de renforts n’y mette un terme. Des émeutes ont cependant éclaté trois nuits durant, principalement dans le quartier de Boyenval. Les gendarmes ont essuyé des coups de feu.

 

Soupçonné d’être impliqués dans ces faits, Yacouba Traoré a été entendu par les gendarmes lundi et mardi. Il a été extrait de sa cellule où il purge actuellement 18 mois de prison prononcés à son encontre en mars pour le guet-apens tendu à un jeune et son passage à tabac, en février. La victime avait porté plainte contre Adama Traoré pour viol alors qu’il était son codétenu.

 

Le comité Adama, qui rassemble des soutiens et des proches de la famille, indique que la mère d’Adama et de Yacouba Traoré, Oumou, a aussi été convoquée par les gendarmes dans cette même affaire et entendue pendant deux heures. Dans son livre, «Lettre à Adama», Assa Traoré, sœur de ce dernier relatait cet épisode. Elle indiquait qu’Oumou et Yacouba Traoré s’étaient précipités à la gendarmerie le soir du 19 juillet alors que des rumeurs inquiétantes sur l’état d’Adama se répandaient dans le quartier. Ils avaient reçu du gaz lacrymogène après que Yacouba avait empoigné un gendarme lui demandant ce qui s’était passé. Ses amis avaient forcé l’entrée de la gendarmerie pour le soustraire aux forces de l’ordre dans la foulée.

Sur Facebook, le comité Adama a estimé que ces poursuites relevaient du «harcèlement». «C’est là une nouvelle preuve de la répression contre la famille», écrit-il.

Source :  leparisien.fr

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