Bagui Traoré, frère d’Adama, renvoyé devant les assises pour « tentative d’assassinat »
Bagui Traoré est soupçonné d’avoir tenté d’assassiner des membres des forces de l’ordre pendant les violences ayant suivi la mort de son jeune frère en juillet 2016.
Lors d’une marche en mémoire d’Adama Traoré à Beaumont-sur-Oise le 22 juillet 2017. BERTRAND GUAY / AFP
L’un des frères d’Adama Traoré, le jeune homme mort en 2016 alors qu’il était interpellé par des gendarmes, à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), va être jugé devant une cour d’assises pour « tentative d’assassinat », a appris l’Agence France-Presse (AFP) mardi 2 juillet de sources proches du dossier.
Bagui Traoré est soupçonné d’avoir tenté d’assassiner des membres des forces de l’ordre pendant les violences ayant suivi la mort de son jeune frère. Le décès dans une cour de gendarmerie, il y a trois ans, d’Adama Traoré avait généré cinq nuits d’affrontements dans le Val-d’Oise. Treize gendarmes et policiers avaient été légèrement blessés par arme à feu.
Mis en examen depuis mars 2017 pour tentative d’assassinat sur personnes dépositaires de l’autorité publique, Bagui Traoré, 27 ans, avait été renvoyé devant un tribunal correctionnel pour des qualifications moins graves de violences volontaires, un délit. Mais le parquet de Pontoise avait interjeté en appel cette ordonnance de renvoi en chambre correctionnelle.
Mardi, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles a donc suivi l’analyse du ministère public et ordonné un renvoi devant une cour d’assises pour « tentative d’assassinat ». Bagui Traoré sera jugé aux côtés de cinq autres personnes. L’arrêt de la chambre de l’instruction n’est cependant pas définitif et les parties ont cinq jours pour se pourvoir en cassation.
« Acharnement judiciaire »
« On n’a aucun doute sur le fait que l’innocence de Bagui Traoré sera reconnue par la cour d’assises », a déclaré à l’AFP son avocat, Florian Lastelle. « Il n’y a aucun élément permettant de conforter l’accusation. Nous avons extrêmement hâte de nous défendre », a-t-il ajouté.
Avocate d’une partie des gendarmes, Caty Richard a pour sa part estimé « parfaitement justifié que ce soit un jury populaire qui juge de tels troubles à l’ordre public et de telles atteintes à des personnes dépositaires de l’autorité publique ».
Depuis 2016, Bagui et trois autres frères Traoré ont été incarcérés. La famille dénonce un « acharnement judiciaire » en raison de son combat pour faire la lumière sur la mort d’Adama, érigé en symbole des violences policières. Trois ans après la mort du jeune homme de 24 ans, des juges d’instruction parisiens enquêtent toujours sur les conditions de celle-ci.
En juin 2017, Bagui Traoré avait déjà été condamné par la cour d’appel de Versailles à six mois de prison ferme pour des violences à l’égard de cinq policiers municipaux et de trois gendarmes en marge d’un conseil municipal de Beaumont-sur-Oise en novembre 2016.
Il a également été condamné pour trafic de drogue et extorsion violente – cette affaire de racket étant à l’origine de l’intervention des gendarmes le 19 juillet 2016. Présent, Adama Traoré avait pris la fuite et fut rattrapé au terme d’une course-poursuite dans sa ville de Beaumont-sur-Oise. Son décès avait été constaté dans la caserne de la ville voisine de Persan.
Pour la troisième année consécutive, une marche en mémoire d’Adama Traoré est organisée le 20 juillet à Beaumont-sur-Oise, sous le mot d’ordre « Rispostons à l’autoritarisme ! ».
Source : Le Monde
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