Avec les experts criminels de la gendarmerie de l’Oise
Beauvais. A gauche, le major Jean-Christophe Poupaert, chef de la cellule d’identification criminelle de la gendarmerie nationale dans l’Oise. A droite, l’adjudant Sébastien Jézuita. LP/F.C.
A Beauvais, des travaux de mise aux normes viennent de s’achever à la cellule d’identification criminelle de la gendarmerie de l’Oise. Reportage dans leurs laboratoires.
La comparaison est inévitable, mais pas toujours heureuse. Les séries télévisées ont popularisé les experts criminels, ces techniciens qui, sur les scènes de crime, réalisent des prélèvements à la recherche d’indices qui permettraient de confondre le ou les auteurs. Mais la réalité est bien plus complexe que la fiction.
Au sein de la gendarmerie de l’Oise, sept professionnels, bientôt huit, sillonnent le département pour effectuer des constatations lors de braquages, meurtres, viols, morts suspectes, cambriolages, incendies, ou accidents de la route. Leur camion blanc a été vu en avril lors du vol dans une bijouterie de Méru, en mai lorsqu’un étudiant parisien a été retrouvé torturé dans une forêt de Boran-sur-Oise, ou encore lors du braquage du Leclerc de Lassigny il y a plusieurs semaines.
Méru, ce lundi. Une équipe a été appelée dans le cadre d’un accident mortel entre un véhicule et un train.LP/Farida Chadri Traces de sang, de chaussures, cheveux, empreintes digitales… Les techniciens recherchent tous les indices : « On fait des prélèvements biologiques, et de traces papillaires. 50 % d’un dossier repose sur les constatations. Si on se loupe, cela met à mal les enquêtes », précise le major Jean-Christophe Poupaert, chef de la cellule d’identification criminelle (CIC). « On conseille l’enquêteur sur ce qui est à analyser en priorité », complète l’adjudant Sébastien Jézuita, un des techniciens.
Ce travail d’investigation repose encore aujourd’hui sur un principe élaboré au début du XXe siècle par Edmond Locard, le pionnier de la police scientifique : le criminel laisse des traces sur le lieu où il se trouve, et emporte avec lui des traces du lieu où il se trouve. « On va toujours trouver un petit truc, chercher un indice. Est-ce que ce sera pertinent ? Est-ce qu’on va trouver l’auteur ? », questionne le chef de la cellule.
En 2016, la CIC a réalisé 450 interventions dont 196 à l’extérieur. En 2015, année de délinquance plus marquée dans l’Oise, elle en a effectuées 641 dont 220 à l’extérieur. Le travail se fait sur le terrain et se poursuit sur le plateau technique, avec ses laboratoires d’empreinte digitale et biologique. « La réalité est ce qu’elle est : on n’est pas à la télé, insiste Jean-Christophe Poupaert. Le travail est bien fait mais on est parfois contraint à des choses pas exploitables parce que dégradées ».
Dans le laboratoire d’empreinte digitale de la cellule d’identification criminelle (CIC) de la gendarmerie de l’Oise. LP/F.C.
Dans le laboratoire d’empreinte digitale, les experts disposent de plusieurs outils de travail pour faire apparaître les traces de doigts laissées par les auteurs de délits ou crimes. Avec la hotte aspirante (photo), les techniciens utilisent des poudres (dont le secret de fabrication reste bien gardé) qui rehaussent la trace digitale. « On est de petits chimistes », lâche le major Poupaert. Ces spécialistes peuvent aussi dans ce laboratoire faire apparaître, avec des acides, des numéros effacés sur un pistolet meulé par exemple, ou chercher les failles d’une lettre anonyme pour retrouver son expéditeur.
Dans le laboratoire d’empreinte digitale de la cellule d’identification criminelle (CIC) de la gendarmerie de l’Oise. LP/F.C. Après un passage auprès de la hotte aspirante, le technicien peut compléter l’action avec une plaque chauffante à 160 °C (derrière lui sur la photo) pour révéler les traces digitales. Dans ce laboratoire, on compte aussi l’armoire à fumigation cyanoacrylate (de la super glue) qui révélera des empreintes sur des supports non poreux comme le verre, le bois, le vernis, le plastique, ou les métaux. Les experts disposent aussi d’un autre outil appelé le « vacuum box », qui permet notamment de relever des traces de semelles ou de doigts invisibles à l’oeil nu.
A la cellule d’identification criminelle de la gendarmerie nationale dans l’Oise. Au labo « optique ». LP/F.C. L’empreinte de doigts est apparue. A qui appartient-elle ? La suite se passe dans la salle d’optique. A l’aide d’un « Crimescope », un laser lumineux qui émet des longueurs d’onde, les traces digitales se dévoilent avec précision. Elles sont photographiées, comparées avec les différentes empreintes trouvées sur le support prélevé (comme un couteau par exemple), puis transmises au Fichier national automatique des empreintes digitales. La base de données confondra l’auteur si ses empreintes ont, par le passé, été déjà enregistrées. Ou pas.
Le camion des techniciens en identification criminelle contient tous le matériel pour procéder à des relevés d’empreintes digitales, biologiques sur les lieux de crimes et délits. LP/F.C. En intervention, les techniciens sont équipés pour pouvoir effectuer des constatations en toute autonomie. Dans leur camion, sont mis à leur disposition des mallettes de prélèvements biologique, papillaire, de prélèvements incendie, balistique, de moulage, de mesure (distance – température). Ils sont aussi équipés de système d’éclairage, d’un groupe électrogène, d’un « crimescope » portatif, qui permet la recherche de traces biologiques ou papillaires invisibles. Chaque technicien emporte aussi sur le terrain sa propre mallette.
Source : leparisien.fr
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