ATTENTION !!!, ÂMES SERVILES S’ABSTENIR

Mélanie L. qui s’est déjà plusieurs exprimée sur Profession-Gendarme, nous adresse un très joli texte de sa composition plein de magie et d’espoir…

Merci Mélanie pour ta contribution.

selibéreretvivrelamagie290 Resized

Dans les rues de l’Esprit, les maisons sont closes et les lumières blafardes. Où sont passés les joies animées et les rires partagés ? Même les pleurs ont disparu.

Constat déchirant de la déchéance de ce monde.

Dans un des quartiers étroits de ce pays devenu fantôme, j’imagine une tablée de libres penseurs, ravivant la lueur d’espoir de notre humanité. J’imagine un débat intelligent, où chaque être humain a sa place.

Je devine un Machiavel, aussi convaincant qu’affirmatif : le Pouvoir est notre maître. Maître de nos âmes parce que maître de nos peurs.

La crainte est la plus redoutable des armes.

Par amour, beaucoup de personnes peuvent se plier en quatre, mais par crainte elles ne se plient plus, elles se couchent.

Le Pouvoir le sait, Machiavel l’a compris.

Un Pouvoir tout aussi illusionniste baignant le peuple dans un semblant de liberté tout en feignant la compassion . J’ai presque envie de prendre part à cette rêverie intellectuelle pour dénoncer plutôt un magicien obscur aux tours de passe-passe ridicules. Attitude fantasque, peut-être même arrogante. Mais mon insolence rougit dès lors que le contexte me rappelle à l’ordre : la magie ridicule continue de leurrer..

Plongée avec eux dans les souvenirs de notre humanité, je continue mon délire didactique. Je me fais vivement happer par la brillante apparition d’Étienne De la Boétie.

Je l’imagine comme un petit guerrier à la recherche des opprimés. «  Arrêtez d’ être victime ! ». Le la est donné.

Il nous pousse à réfléchir sur notre souveraineté. « Soyez résolus à ne plus servir et vous voilà libre ! ».

Mon insolence reprend. C’est bien la première fois que l’on pointe du doigt les plus faibles. Ma conscience à demi bousculée, je m’efforce de comprendre et me heurte incontestablement à mes croyances ancestrales.

Pour qui se prend-t-il celui-là ?

Ne voit-il pas les efforts d’un civisme exemplaire ?

Et la difficulté d’une citoyenneté irréprochable, l’ignore-t-il ?

Å son tour d’être insolent.

Je me prends alors en pleine figure une évidence jusque-là refoulée. Je fais taire mon pseudo égo intellectuel et j’acquiesce.

Il a raison. Oui, il y a un intérêt å se soumettre. Oui, se sentir victime est bien plus facile que de porter le poids de la responsabilité de notre condition.

Oui, les oppresseurs ne sont oppresseurs que parce qu’il y a des opprimés.

C’est en quelque sorte le marché de l’offre et de la demande. Pas d’opprimés, pas d’oppresseurs.

Que demandez-vous au Pouvoir lorsque vous implorez de la compassion ? Vous leur demandez simplement de ne plus être le Pouvoir. Cette hypocrisie doit cesser. Notre servitude volontaire est démasquée.

Un oxymore bien douloureux à admettre.

Le rideau de cette vie fallacieuse vient de tomber. Nous ne sommes ni faibles, ni opprimés. Nous ne sommes que ce que nous voulons être.

Imaginez deux cœurs qui se parlent. Du même langage ils ne se comprennent pourtant pas, parce que l’un est affaibli par les coups de la vie et l’autre battant pour rester en vie.

Parce que l’un est silencieux, l’autre bavard.

Parce que l’un est brisé, l’autre flamboyant.

Vous savez, les cœurs battants sont très peu mais puissants, discrets mais redoutables. Comme des petits soldats qui combattent les causes perdues.

Nous savons que les cœurs silencieux ne peuvent résister à l’appel du révolutionnaire. Le plus malheureux finit toujours par se confier et avouer son emprise à cette maudite voix dans sa tête.

Le flamboyant répond toujours que rien n’est perdu et que cette petite voix essaye de le rendre muet. Le malheureux souffre, jusqu’à ce que le flamboyant l’entende.

À peine un sourire, le cœur repart.

Un peu simpliste, me direz-vous?

Certains d’entre vous seront inspirés, d’autres resteront sur leur faim. Certains d’entre vous se reconnaîtront flamboyants, d’autres silencieux. Étienne de la Boétie est de ces cœurs battants au sourire réparateur.

Mon cœur repart.

Je continue. J’écoute le déterminisme de Spinoza. L’existentialisme de Sartre me rassure. La tablée s’anime. C’est stupéfiant. Je fais silence face à l’utilité de ces vieux préceptes pour les rouages de notre société actuelle. Cette impression de répétition de l’Histoire me met mal à l’aise. Il faut bien changer quelque chose alors ?

Mais quoi ? Nous peut-être…

Puis, étonnamment, je me fais parasiter par les inquiétantes conclusions de la célèbre expérience de Milgram. Celle qui révèle l’irrésistible soumission à l’autorité par l’ obéissance aveugle.

Peu importe, sur une vérité poétique de l’un d’entre eux, je quitte cette tablée imaginaire avec mon essence retrouvée.

Je décide de ME donner un sens à mon existence.

Je décide de sourire à ceux qui en ont besoin.

Je laisse cette piètre magie à l’ancien monde qui se meurt.

Je coupe cette bride de plus en plus courte.

Je ne cède plus la parole aux bonimenteurs.

Et vous ?

Mélanie L.

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *